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Grandes cultures

Votre colza est-il robuste ?

Avec l’entrée dans le cycle hivernal viennent les premières questions autour de l’évaluation des parcelles de colza : état sanitaire, vigueur des plantes, évaluation du potentiel de la parcelle… Terres Inovia propose un accompagnement pour réaliser ce diagnostic, qui servira à adapter l’itinéraire technique en sortie d’hiver.  

Votre colza est-il robuste ?
La douceur automnale a permis de rattraper bon nombre de situations où l’implantation s’était mal déroulée et ce, même si la qualité d’implantation ne peut être dissociée de la bonne croissance automnale pour obtenir un colza robuste. © TerresInovia

Les premières visites de diagnostic biomasse / peuplement en entrée hiver (EH) ont livré leur verdict dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, et, dans l’ensemble, la situation est correcte (source : réseau de parcelles BSV Auvergne-Rhône-Alpes). Les peuplements sont majoritairement dans la fenêtre optimale entre 20 et 35 plantes / m². Pour les biomasses, la situation est plus hétérogène avec près de 43 % de parcelles en dessous de 1,2 kg / m². Ce qui peut être limitant en cas d’attaques larvaires importantes notamment. Néanmoins, la douceur automnale a permis de rattraper bon nombre de situations où l’implantation s’était mal déroulée et ce, même si la qualité d’implantation ne peut être dissociée de la bonne croissance automnale pour obtenir un colza robuste. 

Evaluer la dynamique de croissance des colzas

Afin de statuer sur l’état physiologique d’une parcelle de colza, nous disposons de plusieurs indicateurs. Le but de cette méthode d’analyse est avant tout d’évaluer la robustesse du colza et sa capacité à résister à d’éventuelles attaques larvaires durant l’hiver mais également à être suffisamment développé pour ne pas souffrir de dégâts de gels hivernaux. Quatre indicateurs sont à observer et à mesurer pour déterminer la robustesse ou la vigueur du colza : le pivot, le peuplement, la carence éventuelle et la dynamique de croissance des plantes.

• Un pivot bien développé > 15 cm. La profondeur d’enracinement est primordiale dans la bonne alimentation de la plante. On considère qu’un développement d’au moins 15 cm est souhaitable pour assurer une bonne nutrition et un développement, alors qu’en dessous de 10 cm, la bonne croissance de la plante peut être impactée. Au-delà de la longueur du pivot, il sera indispensable d’être vigilant sur son diamètre mais surtout sur le profil d’enracinement : idéalement, un pivot « droit » pourra explorer au mieux les premiers horizons du sol et assurer une bonne nutrition. 

• Un peuplement maîtrisé entre 20 et 35 plantes / m². La densité de plantes au sein d’une parcelle reste l’un des facteurs déterminants dans l’élaboration du rendement. Idéalement, on visera une densité comprise entre 20 et 35 plantes / m². Attention aux phénomènes de sur-densité ou de sous-densité qui pourront pénaliser sévèrement la parcelle

• Une nutrition N-P optimale (pas de carence observée). Pour évaluer la bonne nutrition des plantes, il suffit d’observer son faciès et notamment d’éventuels rougissements : symptôme caractéristique d’un défaut d’alimentation ! L’absence de ce symptôme est bien sûr rassurante.  La présence de symptômes, si elle est observée avant le 10 octobre, peut être, a contrario, très problématique car elle est synonyme d’un arrêt de croissance de la plante qui sera de ce fait bien plus exposée aux attaques larvaires.

• Une croissance dynamique et des pieds vigoureux : une biomasse > 1,5 kg/m². Pour évaluer le bon développement d’une plante, il est capital de mesurer sa biomasse. On considérera comme robuste toute parcelle ayant une biomasse EH supérieure à 1,5 kg/m². Le rapport biomasse / peuplement fournit une indication de vigueur des plantes : plus cette valeur est élevée, plus le colza est développé et robuste vis-à-vis des attaques larvaires.

Diagnostiquer l’état sanitaire des plantes

A ce stade de la campagne, le diagnostic sanitaire porte sur la présence de larves de grosse altise. Si à l’échelle de la région la pression est relativement faible à ce jour (observation de début décembre), avec une moyenne de capture située autour de 0,9 larve / plante, il est toutefois recommandé de faire un suivi des parcelles pour évaluer la présence de larves en utilisant la méthode Berlèse (lire encadré ci-dessous). 
La nuisibilité des larves de grosse altise s’exprime plus fortement si le cœur des colzas est touché, ce qui est rare pour des colzas bien développés à l’automne même avec les seuils atteints. Cependant, si la reprise au printemps tarde (montaison bloquée avec un mois de mars froid), même des colzas bien développés en entrée d’hiver peuvent souffrir d’une attaque larvaire. Il est donc indispensable de faire un suivi régulier pour diagnostiquer la présence de larves et d’évaluer le risque de sa situation. 
La pression en larves mais également la dynamique de croissance du colza sont à prendre en compte. Afin d’évaluer le risque de sa parcelle et intervenir à bon escient et au bon moment pour limiter les dégâts sur la culture, Terres Inovia propose une règle de décision qui s’appuie donc sur ces deux volets.  

Alexis Verniau, Terres Inovia  ([email protected]
Pour en savoir plus téléchargez la fiche « Grille-Risques-agronomiques-altises-CBT.pdf » sur www.terresinovia.fr

Méthodes d’analyse des plantes

Méthodes d’analyse des plantes
La méthode Berlèse consiste à laisser les plantes sécher sur un grillage placé au-dessus d’une cuvette d’eau avec quelques gouttes de produit vaisselle : les larves de grosse altise sortent progressivement des colzas et tombent dans le liquide. © TerresInovia

Evaluer la biomasse par pesée.
Cette méthode consiste à couper des pieds de colza au ras du sol, sur 2 à 4 placettes de 1 m2 chacune, représentatives de la parcelle en évitant les bordures de la parcelle. La biomasse prélevée est pesée en frais et le poids exprimé en kg / m2. Lorsque la parcelle est hétérogène, il est recommandé de réaliser quatre prélèvements, en s’efforçant de positionner les placettes sur des zones représentatives. Cette mesure servira à évaluer la dose d’azote à apporter à la reprise de végétation (méthode réglette Azote colza ®).
Evaluer la présence de larves de grosses altises (méthode Berlèse).
La méthode Berlèse permet d’extraire passivement les larves d’altises et évite d’avoir à disséquer les pétioles des colzas. Elle consiste à laisser les plantes sécher sur un grillage placé au-dessus d’une cuvette d’eau avec quelques gouttes de produit vaisselle. Les larves de grosse altise sortent progressivement des colzas et tombent dans le liquide. Faire les comptages régulièrement car les larves se décomposent.
• Prélever une trentaine de plantes : 6 x 5 plantes consécutives.
• Placer les Berlèses dans une pièce bien chauffée (>18°C) et à faible humidité relative.
• Faire attention que les plantes ne dépassent pas du grillage.
• Attendre au moins 15 jours que toutes les larves sortent (le temps d’attente dépend de la taille des plantes, du niveau d’humidité et de la température dans la pièce).
Ne pas confondre les larves de grosses altises avec celles de charançon du bourgeon terminal ou avec des asticots. La larve d’altise mesure de 1,2 à 8 mm selon les stades. Elle présente une tête bien développée de couleur brune à noire, une plaque pigmentée à l’extrémité postérieure et des plaques pigmentées tout le long du corps. Mais ce qui la différencie facilement des larves de charançons et des asticots est la présence de trois paires de pattes.