Démographie
En 2070, la région compterait 8,65 millions d’habitants mais commencerait son déclin

L’Insee a publié une projection concernant la population française à l’horizon 2070. En Auvergne-Rhône-Alpes, les cartes risquent d’être redistribuées.

En 2070, la région compterait 8,65 millions d’habitants mais commencerait son déclin
©Pixabay

Dernièrement, l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) s’est livré à un exercice désormais habituel mais porteur d’enseignements. Tous les cinq ans, l’institut publie en effet des projections sur le temps long de l’évolution de la population que ce soit dans l’hexagone ou à l’échelle des différentes régions.

Une population vieillissante

Durant la période étudiée, 2018-2070, la France connaît une croissance démographique quasi nulle (0,01 % en moyenne chaque année). Alors qu’un tiers des régions perdrait même des habitants, Auvergne-Rhône-Alpes continue de grossir. Avec une moyenne annuelle de croissance de sa population de 0,15 %, elle atteindrait même 8,65 millions d’habitants en 2070, selon le scénario central étudié. Deux autres scénarios retiennent des hypothèses basses de fécondité, espérance de vie et migrations, avec une population de 7,33 millions en 2070 et des hypothèses hautes, projetant alors 10 millions d’habitants.
Dans le scénario central, celui privilégié, la population continuerait de croître jusqu’en 2056 puis diminuerait à partir de là. Au niveau national, ce retournement démographique se produirait bien plus tôt, en 2044. En cause ? Un solde naturel régional (le décompte des naissances comparé aux décès) qui ne cesserait de diminuer jusqu’en 2070, notamment à cause du vieillissement de la population : la part des personnes de 75 ans ou plus passant de 9 % en 2018 à 18 % en 2070, tandis que la part des moins de 60 ans passerait de 76 % à 67 %. À partir de 2056, ce solde naturel ne serait plus compensé par le solde migratoire, qui enregistre les arrivées et départs dans la région.

Des départements porteurs

Si Auvergne-Rhône-Alpes ne s’en sort pas si mal, la région cache de grandes disparités territoriales. En effet, certains départements portent la croissance de la région tandis que d’autres risquent de perdre une part importante de leur population d’ici 2070. Chez les grands gagnants : l’Ain, le Rhône et la Haute-Savoie. Si les tendances démographiques observées se prolongeaient, ces trois départements du nord-est de la région réunis compteraient 463 000 habitants supplémentaires en 2070, soit plus de la moitié du gain régional. L’Ain, département à forte dominante périurbaine, en particulier, profiterait de la progression de l’étalement urbain des métropoles de Lyon et Genève. Le Rhône, département le plus peuplé de la région, est le seul de la région dont la dynamique est portée par un excédent des naissances sur les décès, grâce à sa population jeune. D’un point de vue migratoire, au contraire, les départs y seraient supérieurs aux arrivées.

Un exode rural ?

À l’opposé, le Cantal, l’Allier et dans une moindre mesure la Haute-Loire risquent de connaître un déclin démographique, avec un fort déficit naturel que ne suffiront pas à combler de trop faibles excédents migratoires. Plus modérés, l’Isère, la Drôme et le Puy-de-Dôme auraient une progression de leur population plus importante que la moyenne régionale, tandis que l’Ardèche, la Loire et la Savoie devraient connaître une quasi-stagnation de leur nombre d’habitants. « Il ne faut toutefois pas confondre les phénomènes de déprise démographique que connaissent l’Allier, le Cantal et la Haute-Loire avec un exode rural, prévient Jean-Philippe Grouthier, le directeur régional de l’Insee Aura. Certes, il y a des départs mais la population est également vieillissante, ce qui grève le solde migratoire. » Pour mieux comprendre les dynamiques qui risquent de toucher les populations rurales et urbaines de la région dans les cinquante ans à venir, d’autres études viendront prochainement compléter celle-ci.


L. P.