Olives de Nyons : vers une récolte normale
Après une forte récolte 2023-2024, la production d’olives de Nyons et des Baronnies retrouve des chiffres corrects cette année. Explications.

Dans le sud du département, les oléiculteurs s’activent depuis le mois de novembre. Pour certains, la récolte s’étendra jusqu’à la fin du mois de janvier. À Beauvoisin, l’EARL Les Chênes Verts, dirigée par Claude Dumas et ses fils Fabien et Lionel, cultive 24 ha d’olives (sur une SAU de 50 ha de vergers). La récolte tout juste terminée, il est temps de faire un premier bilan : « Les arbres se sont reposés cette année, après une grosse récolte la saison passée. La récolte est donc moyenne en quantité (environ 40 t, contre 80 t l’an passé, ndlr), mais très satisfaisante au niveau qualitatif, assure Claude Dumas. Nous avons connu une pression de la mouche plus importante que l’an dernier, certainement due au printemps et à l’automne humides. Faute de traitement, nous avons dû multiplier les solutions alternatives (pièges, barrières à l’argile...) pour gérer la situation », poursuit-il.
À l’automne, Maxime Laurent, oléiculteur à Venterol, a succédé à Patrick Floret à la présidence du syndicat interprofessionnel de défense et de gestion de l’olive de Nyons et des Baronnies. Il revient sur ces dernières semaines de récolte : « Après l’année record que nous avons connue lors de la campagne précédente, nous avions des craintes quant à une faible récolte. Finalement, au vu de ce qui est déjà rentré et des estimations restantes, nous serons plutôt dans une année normale de l’appellation, avec près de 350 t d’huile et 350 t d’olives (contre 457 t d’huile et 741 t d’olives en 2023-2024, ndlr). Ce sont des chiffres plutôt corrects, même si nous avons eu peur du fait de l’alternance des arbres. Mais nous nous en sortons vraiment bien ! »
Une qualité à la hauteur des espérances
D’autant plus que « la qualité est au rendez-vous : nous avons eu de belles journées, plutôt chaudes le jour et froides la nuit, ce qui a permis une belle maturité des olives ». L’état sanitaire des arbres laisse même planer une sérénité pour les mois à venir : « Autant pour la vigne, ce printemps pluvieux a été pénible pour le mildiou, autant les oliviers ont fait de belles pousses, ce qui nous permet d’espérer une belle récolte 2025-2026 », ajoute-t-il. Au niveau des ventes, les producteurs semblent relativement sereins. « La commercialisation n’est pas un souci pour l’instant. Peut-être que dans dix ans avec toutes les nouvelles plantations, la situation sera différente… Mais si les plantations sont plutôt linéaires, nous absorberons l’évolution de la production. Il faut bien comprendre que l’oléiculture ne pourra pas remplacer la viticulture… », prévient Maxime Laurent.
La variété Tanche, très soumise à l’alternance
De son côté, la cave coopérative du Nyonsais - Vignolis a bien ressenti l’alternance. Serge Roux, président, évoque un prévisionnel de 800 t d’olives (contre 1 260 t l’an passé). Toutefois, il estime que les olives sont « parfaites », du fait d’une météo correcte pour les arbres : « Nous n’avons pas eu trop de pluies à l’automne, ni trop de vent, ni trop de froid », se satisfait-il. La seule inquiétude provient des stocks, en particulier pour l’an prochain : « Nous aurons besoin d’une bonne récolte 2025-2026 pour pouvoir fournir nos clients, sans quoi les stocks seront sous tension », indique-t-il.
À Nyons, la ferme Brès a terminé la récolte de ses 10 ha d’oliviers : « C’était une demi-récolte puisque nous avons été confrontés à l’alternance, la variété Tanche étant très soumise à ce genre de phénomène, note Régine Brès, sixième génération de cette famille d’oléiculteurs. Malgré tout, nous sommes très contents de la qualité des olives, mûres à souhait. L’automne assez arrosé et le coup de froid en novembre ont beaucoup aidé. Nous avons ensuite eu beau temps pour la cueillette, ce qui était assez agréable ! », conclut-elle.
Amandine Priolet
Huile d’olive : fort rebond de l’offre mondiale
Après deux années consécutives de baisse, la production mondiale d’huile d’olive devrait retrouver des couleurs en 2024-2025, indique le ministère américain de l’Agriculture (USDA) dans un rapport publié dernièrement. Elle est attendue à 3,1 millions de tonnes (Mt), soit une hausse de 27 % par rapport à 2023 et une prévision légèrement inférieure à celle formulée par le Conseil oléicole international (3,35 Mt). Selon l’USDA, l’Union européenne (UE) devrait produire 2 Mt de tonnes en 2024-2025 contre 1,5 Mt un an plus tôt. Rien qu’en Espagne, qui contribue à hauteur des deux tiers à l’offre européenne, la production pourrait revenir à des niveaux moyens, atteignant près de 1,3 Mt contre environ 765 000 tonnes en 2023-2024. En revanche, la production italienne d’huile d’olive devrait se maintenir à 200 000 tonnes, en baisse par rapport à la campagne précédente. Une diminution due aux effets du cycle naturel d’alternance de production des oliviers, de la sécheresse et des vagues de chaleur dans le sud de l’Italie, selon le rapport. Toujours au niveau du pourtour méditerranéen, la Tunisie anticipe une offre de 340 000 tonnes en 2024-2025, soit une hausse de 70 %. Malgré cette amélioration de l’offre, l’USDA ne prévoit pas de décrue des prix, en raison de stocks de début de campagne faibles.