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Débats

Des urgences agricoles présentées aux candidats à la députation

À l’occasion des prochaines élections législatives, FDSEA et JA de la Drôme ont rencontré plusieurs candidats afin de leur faire part de « constats d’urgence » en agriculture.

Des urgences agricoles présentées aux candidats à la députation
À La Roche-de-Glun, le 2 juin, quatre candidats ont participé à la rencontre FDSEA-JA. De g à d : Philippe Toselo-Pace (RN), Michel Brunet et Véronique Pugeat (rassemblement de la droite et du centre), Mireille Clapot (député sortante de la majorité présidentielle), Adèle Kopff et Guy Rat (LO). ©AD26-CL

À deux semaines des élections législatives, FDSEA et JA de la Drôme ont souhaité faire entendre la voix du monde agricole. Pour cela, ils ont organisé sur chacune des quatre circonscriptions du département une rencontre avec les candidats à la députation. Les deux syndicats ont choisi de mettre en avant huit « constats d’urgence » : la planification écologique, le développement des énergies renouvelables, l’agriculture biologique, l’irrigation, la main-d’œuvre, le foncier agricole, le loup et la chasse.

Aurons-nous encore des cerises dans cinq ans ?

Lors de la rencontre à La Roche-de-Glun, le 2 juin au domaine du Chêne vert, quatre candidats sur les douze en lice dans la première circonscription de la Drôme ont répondu présents : Mireille Clapot (député sortante de la majorité présidentielle), Véronique Pugeat (rassemblement de la droite et du centre) accompagné de Michel Brunet (suppléant), Philippe Toselo-Pace (Rassemblement national) et Adèle Kopff (Lutte ouvrière) accompagnée de Guy Rat (candidat LO sur la deuxième circonscription).

En matière de planification écologique, Régis Aubenas, président de la section fruits FDSEA, pointe des décisions politiques qui amènent les producteurs dans des impasses techniques. Prenant l’exemple du retrait de l’insecticide diméthoate, efficace pour combattre la mouche de la cerise (drosophila suzukii ), « aurons-nous encore des cerises en Drôme et en France dans cinq ans ? », questionne-t-il en pointant les importations de cerises turques produites sans contrainte environnementale. « Une véritable distorsion de concurrence, fait-il remarquer. La seule alternative, c’est la pose de filets mais cela coûte 100 000 euros par hectare. » Philippe Toselo-Pace s’interroge sur la répercussion de tels investissements sur les prix de vente. Pour Véronique Pugeat, « investir dans la recherche est essentiel. Il faut en outre interdire les importations de fruits et légumes produits avec des phytosanitaires interdits en France. » Mireille Clapot met également en avant la recherche et l’innovation à travers l’appel à projets du Plan France 2030 doté de 300 millions d’euros. « Ça ne fonctionne pas », lui a répondu Régis Aubenas. Enfin, Adèle Kopff, très critique envers le système capitaliste, constate que « la recherche publique sombre car les grosses entreprises pompent l’essentiel des subventions pour leurs propres profits ».

La Drôme, « petite France des énergies renouvelables » ?

La Drôme, « petite France agricole », deviendra-t-elle la « petite France des énergies renouvelables » ? À cette question posée par la FDSEA et JA, Mireille Clapot met en avant le « rôle important » des agriculteurs. Mais elle dénonce le danger de l’artificialisation des terres agricoles, le rejet de l’éolien par la population, les projets de méthanisation « mal pensés » ou encore les abus sur de « faux hangars » photovoltaïques. Pierre Combat, responsable FDSEA, fait remarquer que les « hangars alibis » sont peu nombreux car les services de l’État vérifient avec acuité chaque projet. Il rappelle aussi que la profession agricole refuse le photovoltaïque au sol. De son côté, la candidate Véronique Pugeat estime que si les agriculteurs ont envie d’être « promoteurs des énergies renouvelables, alors il faut les accompagner. » Michel Brunet pointe cependant les difficultés à faire naître des projets face à des collectifs d’opposition. « Tout le monde veut de l’écologie mais loin de chez soi », résume-t-il. Pour Adèle Kopff, « la transition écologique est un concept pour juste aider les grandes entreprises ».

Au domaine du chêne vert, les représentants FDSEA et JA ont interrogé les candidats à la députation sur huit « constats d’urgence » agricole en Drôme.

Des retenues d’eau pour éviter des « déserts agricoles »

Autre urgence, la pérennité des exploitations en agriculture biologique dans un contexte de chute des prix dans plusieurs filières. « On a poussé les agriculteurs à faire du bio sans se soucier des débouchés et aujourd’hui on assiste à des déconversions », déplorent les représentants FDSEA et JA. Véronique Pugeat estime qu’« il ne faut pas opposer bio et agriculture conventionnelle, les deux pouvant cohabiter. Il faut faire évoluer l’offre et la demande ». Philippe Toselo-Pace et Adèle Kopff mettent l’accent sur la baisse du pouvoir d’achat, cette dernière estimant nécessaire « un Smic à 2 000 euros ». Régis Aubenas demande une mise en œuvre rapide du chèque alimentaire « afin de soutenir la consommation de produits frais ».

Par ailleurs, « les restrictions d’eau pour l’irrigation engendrent un profond sentiment d’injustice » chez les agriculteurs, confie Vladimir Gauthier, trésorier de JA 26. D’autant plus que « les agriculteurs ont fait un pas de géant dans la gestion de l’irrigation, ajoute Pierre Combat. Il faut autoriser les retenues d’eau pour éviter des déserts agricoles dans la Drôme. » Michel Brunet estime que « la création de retenues collinaires est une solution ». Idem pour Philippe Toselo-Pace. À l’aune des conflits entre usagers de l’eau, « il faut voir s’il est nécessaire de refonder le cadre juridique de la loi sur l’eau eu égard au changement climatique », ajoute Mireille Clapot. La députée sortante estime également nécessaire une adaptation de l’agriculture (choix des espèces...). Véronique Pugeat, elle, défend une « vision à long terme face au changement climatique » et la « nécessité d’anticiper ». Edmond Tardieu (FDSEA) fait remarquer que la création de réserves d’eau est aujourd’hui un « véritable parcours du combattant ». Nul doute, les futurs députés auront du pain sur la planche.

Christophe Ledoux

Retrouvez ci-dessous la liste de tous les candidats en lice aux élections législatives sur les quatre circonscriptions de la Drôme.

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Loup : le désarroi des éleveurs

La présence de meutes de loups se renforce sur tous les territoires drômois et « depuis le début de l’année, le nombre d’attaques explose dans les troupeaux », constate Edmond Tardieu (FDSEA). Selon un rapport parlementaire, la prédation a coûté 66 millions d’euros en 2020. « Une somme qui ne fera qu’augmenter et il s’agit d’argent pris sur le budget agricole », dénonce-t-il. Pour connaître le nombre exact de loups présents sur le département, et donc affiner les possibilités de prélèvements, une grande opération de hurlements provoqués, mobilisant 1 500 personnes, devait avoir lieu à la fin août, période propice au comptage. « L’opération a finalement été stoppée, sans doute sur ordre du ministère de l’Environnement », regrette Edmond Tardieu. Par ailleurs, l’intervention des lieutenants de louveterie n’est possible qu’après trois attaques avérées. « Il faut que ça change », plaide-t-il. Du côté des candidats aux législatives, Michel Brunet (suppléant de Véronique Pugeat) évoque la « nécessité d’une régulation du loup plus précise ». Mireille Clapot se dit « non compétente sur ce dossier ». Autre point de vue, celui d’Adèle Kopff : « Ça me choque moins de mettre des euros pour limiter la prédation que sur des Rafales qui iront bombarder des pays ».

C. L.

Trois autres rencontres

FDSEA et JA de la Drôme ont organisé trois autres rencontres avec les candidats à la députation, sur chacune des autres circonscriptions du département :

- le 2 juin à Peyrins à l’EARL Pépinières Cotte, en présence de Thierry Sénéclauze (représentant de Véronique Stin) et Emmanuelle Anthoine ;

- le 3 juin matin à Vesc à La Ferme du Clos de l’orme (chez Edmond Tardieu), en présence de Marie Pochon et son suppléant Christian Bussat, Paul Bérard ainsi que Célia de Lavergne et son suppléant Philippe Cahn ;

- le 3 juin après-midi à Châteauneuf-du-Rhône chez Léa Lauzier en présence de Valérie Arnavon.