Évènement
Fête de l’Agriculture : un retour réussi !

Après deux ans d’absence, la Fête de l’Agriculture organisée à Montvendre par les Jeunes Agriculteurs du Canton de Chabeuil (CCJA) a rencontré un franc succès avec plus de 5 000 visiteurs.

Fête de l’Agriculture : un retour réussi !
5 000 visiteurs sont venus découvrir l’agriculture drômoise et profiter des animations.

«Enfin ! Nous pouvons organiser cette belle Fête de l’Agriculture ! Tous les Jeunes Agriculteurs (JA) du canton de Chabeuil et de la Drôme sont très heureux de vous accueillir ». C’est par cette allocution que Sébastien Perrot, président des JA du canton de Chabeuil, a débuté son discours dimanche en début d’après-midi, devant les élus et le public venu en nombre à la découverte de l’agriculture drômoise. Plus de 5 000 personnes se sont déplacées à Montvendre, sur un site de 10 hectares, malgré les restrictions sanitaires en vigueur. Le maire, Bruno Servian, s’est réjoui de l’organisation de cet événement sur son territoire qui compte une quinzaine d’exploitations agricoles. Au-delà du contexte sanitaire, cette trente-sixième édition a permis de rendre un vibrant hommage à William Gauthier, ancien président des JA du canton de Chabeuil, décédé en début d’année dans une avalanche. « Nous avons souhaité lui rendre un grand hommage aujourd’hui, en faisant figurer sur nos T-shirts le dessin d’une batteuse et son prénom », a ajouté son successeur. Avant de rajouter : « C’était un grand ami, un grand JA, qui a beaucoup œuvré pour l’agriculture ». Léa Lauzier, co-présidente des JA de la Drôme, a également eu une pensée toute particulière, en rappelant combien la réussite de cette Fête de l’Agriculture aurait été importante pour le jeune homme. 

Soutien et reconnaissance envers le monde agricole

Plus de quarante bénévoles ont retroussé leurs manches, des mois durant, pour faire de cette fête une réussite. A en voir les différentes files d’attente devant les animations proposées (parcours en tracteur, tour de poney, mini ferme pédagogique, tir à l’arc, etc.), la buvette ou encore le coin repas (400 tickets vendus), nul doute que l’objectif des Jeunes Agriculteurs a été atteint. « Cette fête, ce n’est pas juste une fête des Jeunes Agriculteurs, mais celle de toute l’agriculture drômoise. Cette agriculture, il faut la conserver, la préserver. Je tiens à remercier tous les agriculteurs du département, mais aussi de France, de façonner nos paysages, a insisté Léa Lauzier. La crise sanitaire nous a montré que l’agriculture française était un maillon important pour assurer une souveraineté alimentaire », a-t-elle conclu. Face à la situation sanitaire et aux différents aléas climatiques subis par les exploitations agricoles ces dernières années, il s’avère plus que nécessaire d’apporter du soutien et de la reconnaissance à ces agriculteurs. Plusieurs d’entre eux étaient d’ailleurs présents pour proposer leurs produits : distillerie des 4 Vallées (huiles essentielles), Les arômes de Genas (plantes aromatiques et safran), Jaillance (vins), Dorel Bernard (fruits), La Ferme du Marais (pâtes fermières), la Ferme Rigaud (terrines)… Par ailleurs, les nombreux visiteurs ont pu assister, entres autres, à un spectacle de voltige équestre, à des démonstrations de chiens de troupeau, de labour à l’ancienne, de distillation de lavande. L’association locale, Les Vieux Pistons de La Raille, a exposé de vieux tracteurs, pour le plus grand bonheur des connaisseurs. Enfin, les professionnels - ou les passionnés et curieux - ont pu échanger avec les concessionnaires et les différentes organisations agricoles drômoises. 
Amandine Priolet

Partage du foncier : vers un consensus ?

Lors du déjeuner-débat, autour de Sébastien Perrot (président du CCJA de Chabeuil et Léa Lauzier (co-présidente des JA de la Drôme), on notait la présence, entres autres, d’Elodie Degiovanni (préfète de la Drôme), Célia De Lavergne (députée), Pierre Combat et Sandrine Roussin (vice-présidents de la chambre d’agriculture), Damien Colin (directeur), Marie-Pierre Mouton (présidente du Département), Henry Jouve (président de la MSA Ardèche-Drôme-Loire), Damien Bertrand (directeur de la Safer), Isabelle Nuty (directrice de la DDT), Bruno Servian (maire de Montvendre), Aurélien Ferlay (président des maires ruraux de la Drôme).

Développement urbain et agriculture : comment concilier ces deux usages du foncier ? C’est le thème du débat auquel participait toute une délégation d’élus à l’occasion de la Fête de l’agriculture.
La Fête de l’agriculture a permis aux élus et représentants d’organisations professionnelles agricoles de se réunir autour d’un déjeuner rural, durant lequel un débat sur la consommation du foncier a été proposé. « Un sujet clivant », selon Léa Lauzier, co-présidente des JA de la Drôme. Le foncier agricole diminue, en témoigne les chiffres annoncés par Damien Bertrand, directeur de la Safer. En 2019, près de 256 hectares d’espaces agricoles ont été consommés. « La Safer souhaite alerter les responsables locaux et les concitoyens sur la consommation foncière masquée », ajoute-t-il. Ceci concerne la perte de terrains agricoles destinés à devenir des terrains d’agréments et/ou de loisirs lors de leur vente. Comme l’a signalé Henry Jouve, président de la MSA Ardèche-Drôme-Loire, le foncier est avant tout un outil de travail pour le monde agricole. Un avis partagé par Léa Lauzier, qui a rappelé que durant la crise sanitaire, et notamment au cours des confinements, l’agriculture française a permis de nourrir les citoyens.
Pierre Combat, vice-président de la chambre d’agriculture de la Drôme, alerte à son tour : « La consommation du foncier agricole fait peur. Je comprends qu’il faut assurer un développement économique, avec des zones logistiques importantes, mais il va arriver le jour où les agriculteurs ne pourront plus travailler ». Le vieillissement du parc immobilier drômois interroge fortement. « Nous assistons à une vétusté importante à l’intérieur de nos villes. Il faut apprendre à rénover nos centres villes et nos vieilles usines avant d’aller construire ailleurs et consommer davantage d’espace agricole », insiste-t-il.

Un mitage en voie de disparition

De son côté, Jean-Michel Valla, en sa qualité de maire-agriculteur et de vice-président de Valence Romans Agglo, s’est montré inquiet au sujet des associations qui veulent acquérir des terrains et empêcher ainsi toute activité agricole et/ou forestière. Par ailleurs, il assure préserver le foncier agricole sur son territoire, malgré l’obligation parfois de prendre des réserves foncières pour agrandir les zones artisanales en place. Pour Aurélien Ferlay, président des maires ruraux de la Drôme, il est vital que des agriculteurs puissent s’installer. « Beaucoup de maires font des efforts : fini le mitage, fini l’étalement urbain », a-t-il réagi, indiquant que « choisir des implantations respectueuses des activités agricoles est le rôle des élus ». Il insiste sur l’importance de ne pas opposer agriculture, habitat et économie. « Il faut absolument trouver une vision commune autour de l’usage de ce foncier », a déclaré Célia de Lavergne, députée de la Drôme. Un message partagé par Elodie Degiovanni, préfète de la Drôme, qui appelle à trouver un consensus. « La consommation du foncier agricole concerne toutes les politiques publiques : l’agriculture certes, mais aussi l’aménagement du territoire, la politique de l’habitat et de la mobilité, la politique énergétique, etc. Cela nous amène à nous fédérer pour ne pas opposer villes et campagnes. Chacun a son rôle à jouer pour trouver des solutions innovantes, de manière à ne laisser personne de côté ».
Pour Marie-Pierre Mouton, présidente du Département de la Drôme, le constat est le même : « C’est un sujet évidemment sensible qui fait appel à l’équilibre collectif », faisant état d’une forte pression foncière, en termes d’habitat notamment, dans un territoire dynamique comme la Drôme. Avant de conclure : « Avec l’agriculture, le département détient un vrai savoir-faire et on se doit de le maintenir ». Dans ce contexte, le Département de la Drôme, les services de l’Etat et la chambre d’agriculture se réuniront le 4 octobre lors des Assises du foncier.
Amandine Priolet