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CHASSE

La préservation des espèces passe par la gestion des effectifs

Méconnue du grand public, la gestion des effectifs de gibier est pourtant au coeur de l'activité des chasseurs. Du comptage des populations à la préservation de leurs habitats, de nombreuses actions sont menées pour mieux connaître l'état général des populations et adapter la pratique de la chasse.

La préservation des espèces passe par la gestion des effectifs
"Dès l’instant où les populations diminuent, les attributions pour l’année suivante sont revues à la baisse", explique Gérard Aubret, président de la fédération régionale de chasse d'Auvergne-Rhône-Alpes. ©rodimovpavel

Interview

Interview
Gérard Aubret, président de la Fédération régionale des chasseurs d'Auvergne-Rhône-Alpes. ©Pierre Garcia

A quel niveau est réalisé le suivi des populations de gibier ?

Gérard Aubret : « Le principe est que chaque fédération départementale dispose d’une autonomie complète pour le comptage des populations, la fédération régionale n’a aucune autorité administrative sur elles. Des commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage, sous tutelle du préfet et réunissant les chasseurs, les forestiers, l’Office français de la biodiversité (OFB) et les agriculteurs, permettent aux acteurs locaux de définir le plan de chasse. Cela n’empêche pas d’avoir des actions régionales. Pour le grand gibier et les cervidés, nous avons l’Observatoire de la grande faune et de ses habitats (OGFH) qui regroupe chasseurs et forestiers pour faire le bilan des observations de l’année et trouver un équilibre entre les intérêts de chacun. Le deuxième organisme régional important est l’Observatoire des galliformes de montagne au sein duquel siègent les chasseurs, l’OFB, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) et des associations de protection de la nature. Cet organisme est chargé d’étudier les demandes d’attribution des fédérations départementales en préfecture. »

Quelles sont les principales méthodes de comptage du gibier ?

G.A. : « Pour effectuer les comptages, les fédérations départementales se basent sur des circuits préalablement définis par l’OFB. Au niveau du petit gibier, le comptage du lièvre se fait par exemple aux phares nocturnes. Trois comptages sont effectués trois jours de suite à la même heure, à condition d’avoir une météo constante afin que les résultats ne soient pas faussés. L’objectif est de comptabiliser le nombre global mais aussi le pourcentage de jeunes adultes dans la population. Mis à part pour le sanglier pour lequel il est seulement possible d’avoir des tendances, le comptage des ongulés comme le chevreuil ou le chamois est assez simple. La méthode est celle de l’indice kilométrique, un comptage qui ressemble un peu à celui utilisé pour le lièvre mais cette fois-ci pendant la journée. L’idée est de compter le nombre d’animaux sur un secteur prédéfini, une fois le matin et une fois le soir, trois jours de suite. »

Quelles sont les grandes tendances en matière de populations de gibier dans notre région ?

G.A. : « D’après les observations en départements, on peut dire que le gros gibier se porte plutôt bien dans notre région avec des prélèvements stables ou en hausse notamment dans l’Ain, en Ardèche ou dans le Cantal pour les principales espèces. Malgré tout, certaines populations peuvent souffrir de la présence du loup et nous avons d’ailleurs commandé une étude d’impact sur le gibier de montagne car dans certaines zones, le chamois ou le mouflon ont complètement disparu. Le petit gibier se porte assez bien sur l’ensemble des départements même si cela dépend du travail effectué localement par les chasseurs pour préserver les milieux. Le lièvre reste l’une de nos principales sources d’inquiétudes : il se porte bien dans certains secteurs mais parfois très mal dans d’autres. »

Quelle est l’influence des comptages réalisés sur les plans de chasse futurs ?

G.A. : « Une règle d’or s’applique partout : dès l’instant où les populations diminuent, les attributions pour l’année suivante sont revues à la baisse. Suivant la situation, des mesures complémentaires peuvent être envisagées, jusqu’à la fermeture complète de la chasse pour les espèces les plus en difficulté. Sur certains secteurs de la Loire, la chasse du lièvre a par exemple été fermée plusieurs années de suite. Lorsqu’il n’est pas nécessaire d’aller jusqu’à cette extrémité, on opte pour une diminution du nombre de jours ouverts dans la semaine ou pour un décalage des ouvertures de chasse notamment pour s’adapter à la période d’allaitement ou de naissance de l’espèce. L’objectif par cette mesure est d’éviter de tuer par mégarde une femelle gestante. Des milieux mal préservés ou des problèmes de reproduction liés notamment à la météorologie peuvent affecter rapidement les populations, il faut donc les surveiller avec beaucoup d’attention. »

Propos recueillis par Pierre Garcia

En Bourgogne-Franche-Comté, une attention particulière pour le chamois et le lièvre

Les observations relevées en Auvergne-Rhône-Alpes sur les populations de gibier se révèlent similaires en Bourgogne-Franche-Comté. Dans le Jura, « le grand gibier se porte globalement bien avec notamment une augmentation du nombre de cerfs », explique Christian Lagalice, président de la fédération départementale de chasse. « Après avoir connu une régression, le chamois se porte beaucoup mieux et pour le chevreuil, c’est contrasté suivant les secteurs. Au niveau du petit gibier, le lièvre remonte doucement la pente et le faisan se porte bien grâce au travail des chasseurs ». En Saône-et-Loire, Anthony Morlet, technicien cynégétique à la fédération départementale de chasse, relève que « les populations de cerfs se stabilisent et celles de chevreuil se portent relativement bien ». Si le faisan et la perdrix ne sont plus présents dans le département, le plus gros du travail concerne ici le lièvre et le lapin de garenne qui voit ses populations diminuer.

Pierre Garcia