Volailles
“ Le Poulet de mon enfance ” : l’élevage autrement

Fruit d’un partenariat avec la coopérative Valsoleil, Bernard Royal Dauphiné commercialise depuis septembre 2020 une nouvelle gamme appelée « Le Poulet de mon Enfance » pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs.

“ Le Poulet de mon enfance ” : l’élevage autrement
La gamme lancée en 2020 vise à mettre en avant les éleveurs locaux sur les étiquettes des différents produits commercialisés. ©Bernard Royal Dauphiné

Créée depuis deux ans, la gamme de volailles commercialisées sous l’intitulé « Le Poulet de mon Enfance » se définit comme une montée en qualité supérieure du poulet conventionnel. « C’est une nouvelle gamme qui répond à beaucoup d’attentes sociétales des consommateurs. Elle s’appuie sur le bien-être animal, celui de l’éleveur qui est souvent oublié et la régionalisation de l’offre avec des volailles locales », explique Amandine Steiner, responsable recherche et développement de la SAS Bernard Royal Dauphiné (BRD). Cette démarche s’inscrit également dans un développement durable, avec une volonté de réduire l’empreinte carbone. Tous les élevages sont situés à moins de soixante kilomètres de l’abattoir pour limiter le transport mais aussi réduire le stress des animaux.

Une filière 100 % locale

« Les poulets sont évidemment français et bien plus encore puisqu’ils sont nés et élevés en Drôme et en Ardèche, puis abattus, découpés et conditionnés en Drôme, et distribués dans le grand quart sud-est de la France », poursuit-elle. De plus, les volailles sont alimentées avec des céréales drômoises produites sans OGM (< 0,9 %) et collectées par la Drômoise de Céréales. Le projet a débuté en 2019 avec Damien Bénézet, éleveur « témoin » sur la commune de Châtillon-Saint-Jean dans la Drôme. « Cette phase test, d’une durée d’un an, nous a permis d’affiner les différents critères du cahier des charges d’élevage pour définir la feuille de route. Pour cette nouvelle filière, nous étions vraiment partis d’une feuille blanche. Le bâtiment de Damien Bénézet a servi d’espace d’essai pour tester divers aliments, plusieurs souches de poulets et différentes densités. Avec l’observation des performances zootechniques à l’abattoir, nous avons ainsi pu mesurer la meilleure combinaison de paramètres pour définir le cahier des charges qui réponde également aux attentes des consommateurs, tout en garantissant une juste rémunération à l’éleveur », ajoute Amandine Steiner. Ainsi, cette gamme promeut un nouveau mode d’élevage, gage de meilleure valorisation pour les éleveurs régionaux. « Les poulets sont issus d’une souche à croissance lente, la taille des bâtiments (maximum 1 200 m²) et la densité (réduite de 20 %, soit environ 18 poulets au m²) sont limitées », indique la responsable recherche et développement. Par ailleurs, pour privilégier le bien-être animal mais aussi le bien-être de l’éleveur, tous les bâtiments doivent être équipés de lumière naturelle et d’un jardin d’hiver qui offre une ventilation naturelle. « Ainsi, les éleveurs travaillent à la lumière du jour grâce aux fenêtres et n’ont plus la sensation d’être claustrés. Les poulets ont aussi démontré un comportement plus naturel ». De plus, d’ici 2023, BRD s’est fixé comme objectif de supprimer les traitements antibiotiques dans ses élevages. Depuis la commercialisation de la gamme en septembre 2020, elle « n’a cessé d’évoluer et d’attirer de nouveaux éleveurs et consommateurs. Nous avons plus que doublé notre capacité de production avec douze bâtiments aujourd’hui », indique Amandine Steiner.

Les volailles commercialisées sous le nom « Le Poulet de mon Enfance » sont jaunes, de souche JA.

Une demande croissante

Bernard Royal Dauphiné prévoit d’ailleurs une croissance de dix-mille poulets supplémentaires par semaine d’ici juin 2024 et encore vingt-mille de plus entre juin 2025 et janvier 2026. Face à une demande croissante de produits régionaux et pour une meilleure valorisation des éleveurs du territoire, BRD a misé sur le local : la gamme « Le Poulet de mon Enfance » est uniquement disponible dans les enseignes du quart sud-est de la France. Pour développer cette gamme et les valeurs qu’elle véhicule, Bernard Royal Dauphiné peut s’appuyer depuis le 31 août dernier sur Jean-Luc Alnet, directeur général, qui a quitté ses fonctions au sein du groupe Galliance dans l’ouest de la France pour se consacrer à 100 % aux bassins régionaux BRD.

Amandine Priolet

Une plus-value pour les animaux et les éleveurs !
L’élevage de Damien Bénézet sert de terrain d’essai pour produire « Le poulet de mon enfance ». © DR
Témoignages

Une plus-value pour les animaux et les éleveurs !

Damien Bénézet ainsi que Yaëlle et Jean-David Sautel, éleveurs dans la Drôme, se sont lancés dans la production de la gamme « Le poulet de mon enfance ». Ils témoignent.

Depuis 2020, une dizaine d’éleveurs de Drôme et d’Ardèche répondent au cahier des charges de la gamme « Le Poulet de mon Enfance ». Parmi eux, Damien Bénézet, éleveur témoin situé à Châtillon-Saint-Jean (Drôme) et partenaire dès le début de l’aventure aux côtés de Bernard Royal Dauphiné et de Valsoleil. « Je n’ai jamais été un adepte du poulet standard pur et dur. Mais quand j’ai su que Valsoleil et l’abattoir BRD cherchaient un éleveur pour essayer une nouvelle gamme, je me suis lancé dans l’aventure », explique-t-il. Pour rénover ses deux bâtiments de 
1 000 m² (dont 200 m² de jardin d’hiver) et lancer les premiers essais de la gamme « Le Poulet de mon Enfance », Damien Bénézet a bénéficié de l’aide financière de la coopérative, de l’abattoir, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de l’Union européenne à hauteur de 90 000 euros par bâtiment (sur un total d’investissement de 240 000 euros par bâtiment). Depuis trois ans, son exploitation avicole, qui compte 31 000 volailles, sert donc de bâtiment d’essai. « nous testons diverses choses : la lumière naturelle, le perchage, les formules alimentaires ou encore une nouvelle souche de volailles », détaille-t-il.

Le bien-être animal et de l’éleveur

Au-delà des tests réalisés par la coopérative, Damien Bénézet souligne les bienfaits de ce mode de production.  « C’est un confort de travail au quotidien, tant pour les animaux que pour moi. Nous entrons dans un bâtiment clair et lumineux, avec des volailles qui bougent, qui peuvent sortir et qui sont expressives. Grâce à ces bâtiments, nous réduisons la pénibilité au quotidien », dit-il, indiquant ne rien regretter de cette aventure. Yaëlle et Jean-David Sautel, éleveurs de volailles à Loriol-sur-Drôme (Drôme), se sont quant à eux lancés dans l’aventure en début d’année. Installés sur la ferme familiale depuis 2004, ils élèvent 65 000 volailles réparties dans six bâtiments. Depuis début 2022, 38 000 volailles blanches de souche JA sont élevées selon le cahier des charges de Bernard Royal Dauphiné pour répondre aux attentes de la nouvelle gamme « Le Poulet de mon Enfance ». « Jusque-là, deux bâtiments servaient à l’élevage de poulets standards. L’idée lancée par Bernard Royal Dauphiné de proposer une nouvelle gamme était attirante, avec des volailles de souche à croissance lente, élevées en cinquante jours, dans un jardin d’hiver et avec une lumière naturelle », explique Yaëlle Sautel. Avant de poursuivre : « nous avions vraiment la volonté de changer notre mode de production et de ne plus être dans l’industriel. Depuis sept ans, nous essayons également de soigner nos animaux en phytothérapie, en réduisant au maximum l’utilisation des antibiotiques. En tant qu’éleveurs, nous cherchons toujours à privilégier le bien-être animal ».

Réduire les antibiotiques

Le bien-être animal est d’ailleurs l’un des critères majeurs de la gamme « Le Poulet de mon Enfance ». Et pour ce nouveau type de production, Yaëlle et Jean-David Sautel (photo ci-contre) ont dû investir près de 200 000 euros. « Les coûts les plus importants ont concerné l’agrandissement des bâtiments (+ 300 m² chacun pour l’installation d’un jardin d’hiver) et les équipements liés à l’évolution du type de production », indique l’éleveur. « Nous avons également changé de système de ventilation. Nous sommes passés d’une ventilation dynamique à une ventilation dite statique, avec des fenêtres et une lumière naturelle. C’est aussi agréable pour les animaux que pour nous lorsque nous entrons dans les bâtiments », ajoute son épouse. Quelques mois seulement après le début de cette production, les gérants de la SCEA du Signol ne regrettent pas : « La seule chose qui nous retenait, c’était l’investissement financier que cela représentait. Mais aujourd’hui, nous ne reviendrons pas en arrière. Les poulets produits ici sont valorisés dans la grande région du Sud-Est et les prix sont fixés en fonction des charges de production et d’abattage, ce qui permet une meilleure valorisation de notre travail », conclut Jean-David Sautel.

A. P.

Des emballages  éco-conçus

Aujourd’hui, la gamme « Le Poulet de mon Enfance » comporte sept références de poulet jaune : poulet entier prêt à cuire, ailes, hauts de cuisses, pilons, cuisses et filets de poulet sous atmosphère protectrice ou sous skin et sauté de poulet (haut de cuisse de poulet sans os et sans peau). Pour répondre totalement aux attentes des consommateurs, et notamment être en accord avec leurs préoccupations environnementales, BRD s’est attaché à travailler l’écoconception de ses emballages. « Notre poulet entier et nos filets de poulet sous skin sont conditionnés en barquettes hybrides composées à plus de 87 % de carton et à 100 % de fibres vierges, issus de la filière bois certifiée PEFC. Une fine couche de liner plastique permet de garantir la conservation des produits. Ces barquettes sont recyclables en l’état dans la filière papier carton », prévient Amandine Steiner, responsable recherche et développement. « Nos autres découpes de poulet sont conditionnées en barquettes plastiques transparentes en rPET1 mono matériau, incluant plus de 60 % de plastique recyclé et prochainement recyclable une fois la filière développée en France », ajoute-t-elle. Enfin, comme gage de transparence, BRD a apposé sur chacun de ses produits une étiquette minimaliste sur laquelle figure une photo des éleveurs partenaires, laissant ainsi une large vision sur le produit.

A. P.
1. Polytéréphtalate d’éthylène recyclé.