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INSTALLATION

Ferme du plateau de Truinas : elle crée son élevage de porcs plein air

À l’occasion du forum cédant-repreneur organisé par la communauté de communes Dieulefit-Bourdeaux (lire ici), Angélique Jullian témoignera de son parcours pour reprendre l’exploitation familiale sur la commune de Truinas. Rencontre avec une jeune éleveuse passionnée.

Ferme du plateau de Truinas : elle crée son élevage de porcs plein air
Angélique Jullian a repris l’exploitation de son père début 2021. Francis Jullian a aidé sa fille pour créer sur environ 4 ha les parcs pour élever des porcs en plein air. ©S.S.-AD26

Du haut de ses 24 ans, Angélique Jullian a su mener avec ténacité son projet d’installation agricole, concrétisé depuis le 1er janvier 2021. Elle est à la tête d’un outil de production qui lui permet de transformer et commercialiser en direct soixante porcs nés et élevés sur l’exploitation, le tout en bio*. Elle a également conservé le troupeau d’une douzaine de vaches allaitantes de son père** et dispose d’une soixantaine d’hectares, essentiellement en prairies et landes. « L’envie de créer un atelier porc plein air est née durant mon parcours en bac pro CGEA à la MFR de Divajeu. Lors d’un stage, j’ai découvert la tradition de tuer le cochon à la ferme et la fabrication de charcuterie. Ça m’a vraiment plu », confie la jeune femme. Elle effectue ensuite des stages dans plusieurs exploitations avec élevage de porcs et transformation et, après son bac pro, se lance dans un certificat de spécialisation « transformation des produits carnés » à La Roche-sur-Foron (74). La formation se déroulant en alternance, elle réalise son apprentissage au sein de l’atelier de découpe et transformation de viandes Troupéou à Mornans.

Transition en douceur

En parallèle, Francis Jullian, le père d’Angélique, prépare l’arrivée de sa fille sur l’exploitation. « Je suis plutôt resté en retrait mais sans l’être complètement, raconte le cédant. Je l’ai laissée chercher ce qu’elle voulait faire de l’exploitation puis une fois que son projet s’est dessiné, je l’ai accompagnée pour le préparer. » Dès 2020, un an avant sa retraite, Francis Jullian achète des cochons et construit les premiers parcs sur l’exploitation afin que sa fille puisse démarrer la commercialisation de ses produits dès son installation. Angélique se met en quête d’une solution provisoire pour transformer dans l’attente de la construction de son propre atelier. L’opportunité viendra de sa rencontre avec Cécile Audras et Christian Bussat à Dieulefit, éleveurs de porcs. Après un stage chez eux, Angélique était venue en renfort auprès de Cécile lorsque Christian Bussat est devenu maire de Dieulefit en 2020. « Lorsque je me suis installée en 2021, ils ont accepté de me louer leur laboratoire de transformation le temps que je crée le mien », explique l’éleveuse. Le couple prenant sa retraite, ils font également d’Angélique leur successeur au sein du magasin de producteurs Champs libres à Le Poët-Laval. « La transition s’est faite en douceur. La vente au magasin représente aujourd’hui 80 % de mes volumes », poursuit-elle. Ainsi, elle a pu sécuriser son projet sans avoir à multiplier les circuits de commercialisation et dégager du temps pour construire son propre laboratoire. Cet investissement de 130 000 euros a été financé en partie dans le cadre du Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles (PCAE). 

Relocaliser l’abattage

Angélique Jullian commercialise en frais et sous vide à peu près tous les morceaux possibles en viande de porc. Elle propose aussi du boudin, des chipolatas, caillettes, jambon cuit, saucisson, saucisse sèche… et plus occasionnellement des pâtés en pots stérilisés au sein de l’atelier de la SARL Troupéou. L’éleveuse s’interroge aussi sur la façon dont elle pourrait valoriser en direct l’élevage bovin. Mais là, il lui reste à trouver les débouchés.

Elle est aussi moteur dans un projet de relocalisation des abattages sur le territoire. «  Pour l’instant mes porcs sont abattus à Aubenas (07) à 1 h 30 de route. J’y descends quasiment toutes les semaines, soit pour emmener les bêtes à l’abattage, soit pour récupérer les carcasses », précise la jeune femme. Pour éviter à l’avenir ces trajets, elle s’est engagée avec d’autres éleveurs dans une réflexion sur l’abattage mobile à la ferme. La démarche est accompagnée par l’association Agribiodrôme et soutenue par la communauté de communes Dieulefit-Bourdeaux et Montélimar Agglomération. « Le principe serait de disposer de caissons pour l’abattage sur les exploitations et d’une unité de traitement des carcasses qui serait implantée à proximité. C’est un projet de longue haleine mais nous y croyons », commente Angélique Jullian. 

Enfin, une nouvelle étape s’amorce sur l’exploitation avec l’arrivée de Gaël, son compagnon, comme salarié, et peut-être à terme un second projet d’installation.

Sophie Sabot

*Après avoir arrêté le bio en 2010, Francis Jullian a réenclenché une démarche de conversion deux ans avant l’installation de sa fille pour qu’elle puisse bénéficier d’un outil de production certifié bio dès son installation. 
** Installé en 1984 avec des chèvres laitières et des vaches allaitantes, Francis Jullian s’est lancé dans la transformation fromagère du lait de chèvres en 1987. En 2012, il a arrêté les chèvres pour ne garder que des vaches allaitantes.

De l’aliment produit à la ferme

Sur environ 5 ha, Angélique Jullian produit 12 tonnes d’orge et triticale qui sont aplatis à la ferme pour nourrir les porcs. « Avec ces céréales de la ferme, j’ai une autonomie d’environ huit mois sur douze. Le reste de l’aliment est acheté, dont du son de blé que je récupère auprès d’un paysan boulanger du territoire. »