Adrien Blaise : l'agriculture l'a rattrapé
Le 2 décembre à Mercurol, le syndicat Jeunes Agriculteurs de la Drôme a inauguré l’installation d’Adrien Blaise, 32 ans.

Enfant, Adrien Blaise a baigné dans l’agriculture. Dès 1991, ses parents créent une EARL rassemblant des terres familiales et exploitent vergers (pêches, poires, abricots) et vignes. Sa mère Véronique est investie auprès des Jeunes Agriculteurs dont elle est, au début des années 1990, la vice-présidente départementale. Pourtant, au moment de choisir son orientation professionnelle, Adrien Blaise délaisse l’agriculture pour se lancer dans un DUT gestion des entreprises et poursuivre sur un master dans une école de commerce à Dijon. Son mémoire sur le tourisme rural achevé, il décroche fin 2014 un poste pour commercialiser des séjours dans une station de ski. L’expérience sera très courte, elle ne lui convient pas. Il rejoint dans la foulée ses parents pour les travaux d’hiver en vergers et vignes. « J’ai découvert un travail que je ne connaissais pas [il participait jusqu’alors uniquement aux récoltes, ndlr] et qui m’a vraiment plu », confie le jeune homme. Il décide d’apprendre le métier en devenant salarié de l’exploitation.
Il franchit le pas du bio
Son installation va se concrétiser en 2019, à la fois en entrant dans l’EARL et en reprenant quelques vignes en individuel. « Je souhaitais convertir les vignes en agriculture biologique. Mes parents n’y étaient pas favorables. J’ai donc mené ce projet de mon côté », précise Adrien Blaise. Aujourd’hui les deux entités réunissent une vingtaine d’hectares de vignes dont une quinzaine en production. Au fil des années, elles ont remplacé les pêchers et poiriers surfant sur le dynamisme de l’appellation Crozes-Hermitage. Depuis qu’Adrien a franchi le pas du bio, Véronique et Dominique Blaise ont décidé de le suivre. L’ensemble du vignoble est en conversion et sera certifié AB en 2023. La vendange est livrée à la Cave de Tain.
Les trois associés exploitent également une douzaine d’hectares d’abricotiers (l’exploitation en comptait trente en 2015) et un de cerisiers, qui bénéficient de la certification Global Gap et de la labellisation Vergers écoresponsables. La production est commercialisée auprès de l’expéditeur Les fruits du coteau à Mercurol.
Baisser les surfaces en arboriculture
Ces dernières années, la grêle, le gel et les difficultés pour trouver de la main-d’œuvre ont convaincu les Blaise de limiter les surfaces arboricoles. Quoi faire sur les terres libérées qui accueillent pour l’instant blé et sorgho ? C’est une question sur laquelle planchent le jeune installé et ses parents. Parmi les pistes énumérées par Adrien Blaise, des semences, des fruits à coques (amande, noisette, pistache...) ou des légumes d’hiver. Un seul enjeu dans ces choix à venir : trouver une production valorisante mais compatible avec le calendrier des autres cultures de l’exploitation. Celle-ci s’est d’ailleurs déjà diversifiée depuis plusieurs années en implantant des noyers (variétés Fernor et Lara) sur cinq hectares pour répondre à une demande de la coopérative Coopenoix. Une dynamique qui a pu se concrétiser à l’échelle locale, entre plusieurs exploitations, avec la création d’une cuma pour le tri et le lavage de la production.
250 mètres de haies
Aujourd’hui Adrien Blaise oriente progressivement l’exploitation vers de nouvelles pratiques. Il a notamment participé au parcours de formation « observer la biodiversité de la vigne » avec la chambre d’agriculture de la Drôme. Parmi ses projets, celui d’implanter des haies pour permettre à une faune utile de s’installer près de son vignoble. Dans ce cadre, il va bénéficier du programme « Plantons des haies » du plan France Relance, soit un soutien compris en 9 et 10 euros par mètre linéaire (250 mètres prévus). Depuis peu, il parque aussi quelques brebis dans ses vignes pour remplacer le broyeur l’hiver. « Nos terres se trouvent dans une zone fortement urbanisée. C’est aussi un bon vecteur de dialogue avec nos voisins, avec les gens de passage... », commente Adrien Blaise, persuadé que la communication sera nécessaire pour les futures générations agricoles. « On a du retard là-dessus », estime-t-il.
Son témoignage semble avoir séduit la trentaine de stagiaires de BTS productions horticoles de la MFR d’Anneyron qui participaient à cette inauguration. Les élus aussi. La députée Mireille Clapot et le sénateur Gilbert Bouchet ont apporté tout leur soutien à la profession agricole, se réjouissant de rencontrer des gens « qui aiment leur métier ». Mission accomplie donc pour les Jeunes Agriculteurs à Mercurol. En mettant en lumière le projet d’Adrien Blaise, qui a choisi de s’installer en Drôme tout comme 140 autres jeunes en 2020 (selon les chiffres MSA, dont 78 avec la DJA), Henry Vignon, vice-président des JA à l’échelle départementale, a confirmé la mission prioritaire de son syndicat : favoriser le renouvellement des générations.
Sophie Sabot

100 000 euros d’investissements
Pour accompagner son installation et amorcer la conversion du vignoble en agriculture biologique, Adrien Blaise et ses parents ont investi 60 000 euros dans un tracteur viticole, 20 000 dans un intercep Clemens, 10 000 dans un nouvel atomiseur. Il vient également de s’équiper pour 10 000 euros d’une tondeuse à bras articulé pour les vergers, avec le projet d’aller là aussi vers une conversion bio. A noter,l’ensemble de l’exploitation est déjà certifiée HVE.
Adrien Blaise compte désormais obtenir son brevet professionnel responsable d’exploitation agricole (BPREA) par validation des acquis et de l’expérience (VAE). Ce diplôme lui permettra de déposer, post-installation, une demande de dotation jeune agriculteur (DJA).