Hackathon, de l’intelligence collective au service de l’agriculture
Afin de proposer des outils d’anticipation et de protection de l’agriculture face aux aléas climatiques, la Drôme a accueilli le hackhathon HackTaFerme.

La Drôme a accueilli le week-end dernier le Hackathon du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique. Agriculteurs, développeurs informatiques, data scientist, météorologues, agronomes venus de vingt-quatre départements se sont retrouvés le 3 décembre au matin à Bourg-lès-Valence, au siège de la chambre d’agriculture de la Drôme. Pendant près de deux heures, ils ont fait connaissance, évalué la dizaine de projets présentés sous forme de pitch à la suite d’un appel à idées (lire notre édition précédente) puis constitué plusieurs équipes, chacune s’appropriant un projet. Cette première étape achevée, tous ont rejoint la ferme expérimentale d’Etoile-sur-Rhône pour y passer quarante-huit heures à fabriquer des prototypes informatiques d’outils d’aide à la décision.
Trois équipes primées
Pendant quarante-huit heures à la ferme expérimentale d’Etoile, les équipes ont planché jour et nuit pour concevoir des prototypes d’outils d’aide à la décision.
Dimanche après-midi, un jury s’est réuni pour proclamer les résultats de ce Hackathon. L’équipe « Climatips » a été désignée lauréate avec son outil d’évaluation de l'exposition des cultures aux risques climatiques et de mesure des impacts sur les rendements et le chiffre d'affaires de l'exploitation agricole. Arrivée seconde, l’équipe Ifecho (ex-Datanum) a imaginé un outil prédictif pour éviter ou limiter les stress thermiques subis par les animaux d’élevage, via le calcul et le suivi d'un indicateur de « charge thermique ». Enfin, l'équipe Asterix Strateviz a remporté la troisième place avec son outil de sélection de systèmes de culture du blé adaptés au changement climatique. Outre un prix de 5 000 euros pour l’équipe arrivée en tête (2 500 € pour la deuxième place et 1 000 € pour la troisième), les gagnants auront la possibilité d’être accompagnés pour continuer le développement de leur prototype.
« Un cycle de solutions »
Placé sous l’égide de deux ministères (Agriculture, Transition écologique) et co-organisé par l’Acta (Instituts techniques), l’APCA (chambres d’agriculture), l’Inrae, la société ITK, Météo France et la chambre d’agriculture de la Drôme, ce Hackathon a réuni une cinquantaine de participants venus de vingt-quatre départements.
« C’est une chance de pouvoir avancer pour rendre l’agriculture plus résiliente au changement climatique », a dit Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme, à l’ouverture du Hackathon. « Par l’utilisation intelligente des données, les applications numériques peuvent aider au pilotage des exploitations », a pour sa part déclaré Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta et de l’un des trois groupes de travail du Varenne agricole. En visioconférence depuis Paris, le ministre de l’Agriculture a rappelé « l’urgence à trouver des solutions opérationnelles pour mieux protéger les agriculteurs, les cultures, avoir un meilleur accès à la ressource en eau. Le Varenne est un cycle de solutions et non de discussions, une voie pour concilier science, raison, numérique, compétences agroécologiques et expériences de terrain », a-t-il souligné.
Un point de vue que ne partage pas la Confédération paysanne de la Drôme. Rejetant une agriculture « robotique, numérique et génétique pour 2030, sans paysans ni paysannes », ses membres ont organisé, dimanche après-midi, un « cacathon » en guise de concours de la meilleure fumure. Une manifestation qualifiée de « minable » par Jean-Pierre Royannez, qui estime que « la technologie, quels que soient les modes de production, aide les agriculteurs dans leurs prises de décisions. Devrait-on supprimer les prévisions météo qui sont des outils d’aide à la décision ? »
Christophe Ledoux