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ÉLEVAGE

Filière ovine : un avenir toujours menacé par le loup

L’assemblée générale de la fédération départementale ovine (FDO), le 1er février à Crest, a été l’occasion d’aborder les problématiques liées à la filière à savoir la présence du loup et les futures aides Pac.

Filière ovine : un avenir toujours menacé par le loup
étaient notamment présents à la tribune de l’assemblée générale de la FDO, Célia de Lavergne (députée de la Drôme), Agnès Jaubert et Franck Soulignac (respectivement conseillère déléguée à l’agriculture et premier vice-président du conseil départemental) et Brigitte Singla (secrétaire générale de la FNO). ©AD26 AP

La filière ovine est-elle en danger ? Les doutes sont légitimes tant les problématiques ne cessent d’accroître, laissant parfois les éleveurs démunis. Lors de l’assemblée générale de la Fédération départementale ovine (FDO) de la Drôme le 1er février à Crest, Frédéric Gontard, président, a évoqué les pressions de plus en plus fortes subies par les éleveurs : démarches administratives considérables, prédation du loup, statut des chiens de protection… Le dossier de la prédation a d’ailleurs été largement évoqué. « La Drôme est le département qui voit la deuxième plus forte augmentation du nombre de meutes de loups de la région, après la Haute-Savoie, avec au total 19 meutes », indique Alain Baudouin, vice-président de la FDO 26. L’an dernier, 156 attaques (contre 213 en 2020) et 352 animaux (607 en 2020) ont été indemnisés. Des dommages moins importants qui cachent cependant une certaine lassitude de la part des éleveurs : 32 attaques n’ont pas été indemnisées (contre 22 l’année précédente). Face à la lourdeur administrative, les éleveurs ne déclarent plus systématiquement les attaques dès lors que les pertes sont « modestes ». Dans ce contexte, Célia de Lavergne, députée de la Drôme, encourage toutefois les professionnels à réaliser les déclarations de pertes, indispensables pour le zonage administratif défini par les services de l’état et le déblocage des aides financières.

La pression de la prédation toujours forte

« Même si le nombre d’attaques constatées et de victimes indemnisées a baissé, on ne peut s’en réjouir. Le niveau de prédation de 2021 est de même ampleur que celui de 2015 à 2017. A cette époque, ce n’était déjà pas supportable. Certes, les chiens de protection réduisent le nombre de victimes dans les attaques. Toutefois, le nombre de chiens a augmenté, alors que le nombre d’attaques n’a pas pour autant diminuée en conséquence », prévient Frédéric Gontard.
L’an dernier, 324 éleveurs (ovins et caprins) ont déposé un dossier de protection des troupeaux pour une enveloppe totale estimée à 3 260 000 €. Pour la FDO 26, « il faut absolument que les chiens de protection changent de statut. Il ne faut plus qu’ils soient considérés comme des chiens de compagnie. Pour répondre aux stratégies d’attaques des loups, qui n’ont plus peur de venir au contact, il nous faut des nouvelles races de chiens plus agressifs avec les loups », alerte le président de la FDO 26. A ce sujet, Célia de Lavergne a évoqué « la mise en place d’un groupe de travail pour réfléchir au statut des chiens de protection, voire à en faire une proposition de loi ». Cela permettrait notamment d’éviter à certains d’éleveurs de risquer le pénal en cas de difficultés sur le terrain.
Globalement, c’est « une évolution importante de la gestion de la population du loup qui doit être enclenchée pour espérer offrir aux éleveurs des conditions de travail et de vie dignes et viables dans les prochaines années », conclut Alain Baudouin. La députée de la Drôme a toutefois rajouté que le plan loup - conçu pour faciliter la croissance de l’espèce jusqu’à 500 loups - était obsolète depuis plus de deux ans. « Il faut, dans le prochain plan loup, changer de paradigme : l’enjeu sera désormais celui d’un plan de régulation de cette espèce », a-t-elle prévenu.

Amandine Priolet

Parmi les autres sujets : la Pac et ses interrogations

Parmi les autres sujets : la Pac et ses interrogations
Brigitte Singla, secrétaire générale de la FNO, a présenté les enjeux et arbitrages connus de la future Pac. ©AD26 AP

Brigitte Singla, en sa qualité de secrétaire générale de la FNO, est intervenue pour faire un point sur l’aide ovine inscrite à la future Pac 2023-2027. Parmi les principales mesures, l’enveloppe de départ est de 105,9 millions d’euros (M€) pour finir à 98 M€ en 2027, soit environ 23 € par brebis en 2023 et 19 € par brebis en 2027. La majoration des 2 € pour les 500 premières brebis sera maintenue, au même titre que la majoration à 6 € par brebis pour les nouveaux producteurs ovins. Le taux de productivité est stable, à 0,5 agneau par brebis par an. « La dérogation aux critères de l’aide ovine pour cause de prédation est toujours possible pour les éleveurs via le mécanisme de la force majeure », a expliqué Brigitte Singla.
La future Pac prévoit également une nouvelle définition de l’agriculteur actif. « Il ne sera pas possible de toucher à la fois une retraite et les aides Pac. L’âge de 67 ans n’a pas été retenu dans les dernières annonces du ministre », poursuit Brigitte Singla. Les aides au revenu (DBP) sont également maintenues (montant unitaire planifié du DPB moyen en 2024 = 128 €/ha), de même que l’indemnité compensatrice de handicaps naturels (enveloppe de 1,1 milliard d’euros. Par ailleurs, « le paiement vert » est remplacé par l’introduction des écorégimes et de leurs critères pour l’accès à 25 % des aides directes (premier pilier), soit 1,68 milliard d’euros. Trois voies d’accès sont possibles : les pratiques agro-culturales, les infrastructures agroécologiques ou la certification (dont HVE). Deux niveaux de paiement ont été retenus : 60 €/ha pour le niveau de base, 82 €/ha pour le niveau supérieur.
Enfin, plusieurs mesures agroenvironnementales (MAEC) pourront intéresser la filière ovine : système eau-polyculture élevage, biodiversité - surfaces herbagères et pastorales, biodiversité - création de prairies, biodiversité - DFCI - maintien de l’ouverture des milieux, système climat bien-être animal et autonomie alimentaire pour les élevages herbivores. 

A. P.

Le marché de la laine historiquement bas

Depuis deux ans, les prix du marché mondial de la laine restent historiquement bas. « Deux collectes ont toutefois été organisées en 2021 mais il s’agissait le plus souvent pour les éleveurs de libérer leur bergerie plus que de rémunérer leur travail », a indiqué Bernard Magnon, vice-président de la FDO 26. En parallèle, la fédération suit l’avancée du projet Tricolor dont l’ambition est d’accroître, d’ici 2024, de 4 à 24 % la part de laine transformée en France. La valorisation de la laine est un enjeu pour la filière. à ce titre, la FDO 26, la chambre d’agriculture de la Drôme et le parc naturel régional des Baronnies provençales ont mené une réflexion autour des questions de valorisation de la laine locale - lire les résultats de l’étude en cliquant ici . Territoire de tradition lainière, la Drôme pourrait à terme redéployer un outil local. Cependant, au vu des coûts de transformation importants, dus notamment à la complexité des étapes de transformation et à l’éloignement des fermes, la faisabilité économique d’un tel projet reste à étudier.
A. P.

Une cinquantaine de personnes, éleveurs et partenaires techniques, ont participé à l’assemblée générale de la FDO à Crest, le 1er février dernier. © AD26 AP

9e édition de la foire aux béliers de Crest

9e édition de la foire aux béliers de Crest
Une soixantaine de béliers reproducteurs étaient proposés à la vente lors de la neuvième édition de la foire aux béliers de Crest. © AD26 AP

Après l’assemblée générale de la FDO, les éleveurs ovins se sont retrouvés pour la neuvième édition de la foire aux béliers. De nombreuses races ont été présentées : Mourérous, Mérinos d’Arles et Préalpes du sud pour les races rustiques, Ile de France, Berrichon du Cher, Suffolk et Hampshire pour les races à viande. Au total, vingt-quatre béliers ont été vendus, soit 40 % du cheptel présent.