Accès au contenu
Expérimentation

Installation agrivoltaïque à la Sefra : « un projet qui fait sens »

À Etoile-sur-Rhône, l’installation agrivoltaïque de la Sefra, qui couvre près de trois hectares de vergers, vient d’être inaugurée. Ce dispositif expérimental constitue une vitrine de la technologie agrivoltaïque en production de fruits à noyau.

Installation agrivoltaïque à la Sefra : « un projet qui fait sens »
L’installation agrivoltaïque de la Sefra a été inaugurée le 10 mars en présence des porteurs du projet, de la préfète de la Drôme et d’élus locaux. ©AD26_CL

À la différence du photovoltaïsme, l’agrivoltaïsme implique nécessairement que la production d’énergie soit secondaire, l’essentiel restant la production agricole. C’est dans cet objectif que la chambre d’agriculture de la Drôme et la Station expérimentale fruits Rhône-Alpes (Sefra), en lien avec l’entreprise Sun’Agri, ont conçu une installation agrivoltaïque sur vergers à noyau. Six ans se sont écoulés pour qu’aboutisse ce projet, inauguré le 10 mars à Etoile-sur-Rhône. « C’est un système sans perte de foncier agricole et au bénéfice de la production agricole », a souligné Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme. « Nous sommes dans un département très marqué par les aléas climatiques et par le changement climatique, a rappelé Bruno Darnaud, président de la Sefra. L’agrivoltaïsme nous semble une voie d’avenir pour protéger nos vergers et ce projet a pour but de démontrer l’intérêt agronomique et économique d’un tel système. »

Etablir des références technico-économiques

Près de deux cents personnes ont assisté à l’inauguration et visité le verger agrivoltaïque en compagnie de responsables techniques de la Sefra.©AD26_CL

Avec cette installation pilote et expérimentale, un des objectifs principaux sera en effet d’établir des références technico-économiques. Le suivi expérimental démarre dès cette année sur 3 700 m² de pêchers en sixième feuille, déjà en place sur la parcelle. La moitié de cette surface a été recouverte de persiennes équipées de cellules photovoltaïques, l’autre moitié servira de témoin. « L’intérêt de travailler sur ces pêchers, que nous suivons déjà depuis plusieurs années, est que nous disposerons rapidement de résultats », a expliqué Sophie Stévenin, directrice de la Sefra. Le projet comporte par ailleurs 3,6 autres hectares plantés cet hiver en abricotiers, cerisiers et pêchers, une partie sous persiennes, l’autre non. « Le but est d’avoir un large panel de variétés qui présentent des comportements différents par rapport aux besoins en froid, à la chaleur, à l’ensoleillement, précise-t-elle. Nous testerons également différentes formes : en volume (gobelet, double y en pêchers) mais aussi plates (axe ou palmette) qui permettront de densifier le verger. » Les poteaux métalliques, supports des persiennes, seront utilisés pour le palissage des arbres et pour l’accrochage des filets anti-grêle.

« Un concentré de technologie »

« C’est un concentré de technologie pour piloter l’ombrage et réguler le micro-climat pour une meilleure production agricole, a souligné le président de Sun’Agri, Antoine Nogier. Protéger les cultures et produire à titre secondaire de l’énergie, c’est possible. » Encore faut-il le prouver et c’est bien là tout l’objet de cette vitrine de la technologie agrivoltaïque conçue par Sun’Agri. À noter, la Sefra n’est pas impliquée dans la vente d’électricité liée à ce projet, ce qui fait d’elle un partenaire complètement objectif dans ses observations.

« L’électricité produite ici coûte six fois moins cher que celle du marché actuel », a complété Antoine Nogier. « C’est un projet qui fait sens », a ajouté Nicolas Rochon, président de RGreen Invest, la société qui a apporté les capitaux. D’autant plus qu’à l’aune de la guerre en Ukraine, l’indépendance alimentaire et l’autonomie énergétique redeviennent essentielles. Qualifiant ce projet d’« audacieux, culotté et exigeant », la préfète de la Drôme, Elodie Degiovanni, a estimé qu’il est « une réponse efficace à la pression foncière et une réponse efficiente au changement climatique ».

Christophe Ledoux - Sophie Sabot

Plus de détail sur cette installation agrivoltaïque dans notre article paru le 9 décembre 2021.

Le projet en chiffres

- Durée : 30 ans.

- Surface totale : 4 ha.

- Surface de vergers plantésl’hiver 2021-2022 (abricotiers, cerisiers, pêchers) : 3,6 ha dont 2,6 sous persiennes agrivoltaïques et 1 de zone témoin.

- Surface du verger planté en 2016 (pêcher variété Kinoléa) : 1 850 m² sous persiennes agrivoltaïques et autant en zone témoin.

- Taux de couverture du verger : 35 à 43 %.

- Longueur des rangées : 102 mètres (52 m sur le verger de pêcher Kinoléa).

- Nombre de zones indépendantes de pilotage : 12.

- Hauteur sous panneaux : 4,8 à 5,5 mètres.

- Hauteur des filets : 4,5 à 5,2 mètres.

- Puissance électrique installée : 1,9 MWc (consommation annuelle de 650 foyers).

- Coût de l’investissement agrivoltaïque : 800 000 €/ha.

L’installation comporte 2,6 ha sous persiennes agrivoltaïques associés à 1,2 ha de zone témoin. ©AD26_CL

Suivi agronomique des vergers

- Taux de fructification, rendement.

- Croissance des arbres.

- Stades phénologiques des différentes variétés (débourrement, floraison, occurrence des gels de printemps).

- Développement des maladies, ravageurs et auxiliaires.

- Consommation en eau et en fertilisants.