Viticulture
Olivier Serres : « Nous nous retrouvons en plein marasme »
Le 27 avril dernier, le syndicat des vignerons de Saint-Pantaléon-les Vignes et Rousset-les-Vignes s’est réuni en assemblée générale. L’occasion pour le président, Olivier Serres, de faire le point sur le millésime 2022 et d’évoquer les futures récoltes.
Quel bilan dressez-vous du millésime 2022 ?
Olivier Serres : « Le millésime a été assez volumique dans l’ensemble dans notre secteur mais nous nous trouvons dans une période morose pour le vin, principalement le rouge. Nous connaissons depuis quatre ou cinq ans une décroissance de la consommation de vin rouge. De ce fait, nous nous retrouvons en plein marasme, à l’image de la crise du vin d’il y a vingt ans. Je dirai même que la crise est plus importante car nous n’arrivons plus à vendre nos stocks. Ces derniers augmentent, et en face les prix baissent… Cette situation rehausse les critères de qualité, à tel point qu’elle oblige les viticulteurs à se labelliser (haute valeur environnementale, Terra Vitis, agriculture biologique, etc.) pour répondre aux demandes des acheteurs. Aujourd’hui, si nous faisons un vin sans label, personne n’en veut… C’est un passage obligatoire désormais. »
Dans ce contexte, comment envisagez-vous l’avenir ?
O. S. : « Avec inquiétude, à minima pour les deux à trois ans à venir. Face à ce constat d’augmentation des stocks et de baisse des prix, le conseil d’administration du Syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône a voté, le 23 mars dernier, pour une baisse des rendements significative de 20 % pour 2023, passant de 51 à 41 hectolitres pour les rouges et les rosés. Les rendements restent cependant identiques, à 51 hl, pour les vins blancs qui se vendent toujours bien. Par ailleurs, pour pallier au déséquilibre, la distillation a été demandée et acceptée à hauteur de 300 000 hl pour les Côtes-du-Rhône rouge et rosé. Aussi, il a été décidé, en novembre dernier, une réserve interprofessionnelle qui bloque 20 % de la production. Depuis le 1er janvier 2023, 20 % des volumes de la récolte 2022 sont bloqués à la cave, sans possibilité de mise en vente, jusqu’au 1er janvier de l’année suivante. Cette décision vise à créer une tension sur le marché et essayer ainsi de faire remonter les cours. »
Quelles sont les prévisions pour le millésime 2023 ?
O. S. : « Avec la sécheresse actuelle, nous arriverons certainement à atteindre les 41 hl de rendement. Nous nous attendons à un été très sec, peut-être semblable à 2022. Nous n’avons pas eu de précipitations en début d’année, ce qui fait que les sols sont déjà très secs. Seuls quelques viticulteurs ont la possibilité d’irriguer, mais ce n’est pas significatif. La pluie est donc espérée. En termes de volumes de raisins, il est encore trop tôt pour faire des prévisions. Il faut attendre un mois, un mois et demi, pour y voir plus clair. »
Propos recueillis par Amandine Priolet