Le désherbage mécanique pour préserver la qualité de l’eau
Devant une présence trop élevée de matières actives phytosanitaires enregistrée sur le captage d’eau potable prioritaire de La Bâtie-Rolland, la chambre d’agriculture de la Drôme et la ville de Montélimar ont uni leurs compétences pour proposer aux agriculteurs de la plaine une nouvelle démonstration de matériels de désherbage mécanique.

Le captage d’eau potable de la Tour, situé à La Bâtie-Rolland, figure parmi les 18 captages classés prioritaires dans la Drôme (selon le Sdage 2016-2021). Et pour cause, des matières actives de produits phytosanitaires, bentazone et S-métolachlore, pour ne pas les citer, ont été relevées de façon importante lors des contrôles de qualité de l’eau. « Aujourd’hui, l’eau n’est pas potable. Or, dans la plaine, nous n’avons pas beaucoup de ressources », prévient Claire Martin, animatrice captages prioritaires à la ville de Montélimar. Les eaux brutes du captage présentent des dépassements des normes de qualité, en termes de nitrates et d’intrants.
Une pollution qui remet forcément en question les pratiques agricoles sur l’aire d’alimentation du captage qui regroupe 1 950 ha de surface agricole utile. Dans ce contexte, l’utilisation de modes de désherbage alternatifs peut être un levier intéressant pour réduire les intrants et préserver la qualité de l’eau. C’est donc sur une parcelle de maïs de Thierry Mirabel, agriculteur et gérant d’une entreprise de travaux agricoles (ETA) à La Laupie, que se sont réunis les conseillers de la chambre d’agriculture de la Drôme et la représentante de la ville de Montélimar autour d’agriculteurs des environs pour un après-midi de démonstration de désherbage mécanique*.
Des leviers pour réduire les intrants
La bineuse Einböck Chopstar Hackgërat row est commercialisée chez les Ets Sicoit, à Roynac. La marque propose une multitude d’outils de binage : disques de coupe verticaux, socs ultraplats, pattes d’oie, doigts Kress, herse peigne arrière, lames Lelièvre, disques buteurs/déchausseurs, éléments de roto-étrilles, protèges plants… Ceux-ci sont adaptables pour un large choix de cultures : céréales, maïs, pommes de terre, betteraves, plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam)... Mais l’une des particularités de cette bineuse est la possibilité d’adapter un translateur avec guidage caméra, pour une meilleure précision. Le pilotage automatique par caméra se règle grâce à un boitier de commande depuis le tracteur, en fonction de l’inter-rang, du nombre de rangs, de la hauteur de la plante, etc. Il est d’ailleurs possible de conserver l’interface caméra avec une autre bineuse réglée différemment. Prix : entre 15 000 et 25 000 € selon les options choisies.
Un groupe pour aller plus loin
Le deuxième matériel en démonstration était une roto-étrille APV RH600M1. Présentée par le concessionnaire Faure & Fils, à Crest, cette herse étrille rotative de 6 mètres est polyvalente. Les quarante anneaux, munis de tiges ressorts en acier de 6 mm, sont individuels et réglables de 0 à 30 ° en fonction des besoins. Une technicité qui permet de s’adapter à tout type de culture (grandes cultures, Ppam, etc.), au stade de développement des plantes et au type de sol. D’autre part, le levage rapide permet de lever individuellement les bras pour ne pas endommager les cultures. En cas d’enherbement excessif, l’outil a l’avantage d’éviter tout bourrage (tarif : 15 765 € HT).
A l’issue de cette journée, il était question d’identifier les agriculteurs intéressés par ces techniques de désherbage mécanique pour créer un groupe de réflexion - et de travail - et aller plus loin dans la démarche. « Ce groupe permettrait de faire connaître les outils à disposition, mais aussi faire remonter les difficultés de ces pratiques alternatives. Notre but est d’accompagner au plus près les agriculteurs dans cette transition », souligne Laura Affriat, conseillère en grandes cultures à la chambre d’agriculture de la Drôme.
Amandine Priolet
* A noter que les deux matériels présentés peuvent bénéficier de 40 à 70 % d’aides PCAE (mesure 4.13), jusqu’au 30 juin 2021.