Au Valentin, l’heure de la retraite pour Maurice Chalayer
Fin août, le directeur de l’EPLEFPA1 de Valence et proviseur du Valentin fera valoir ses droits à la retraite après une carrière bien remplie. A 63 ans, il aura été tour à tour formateur, agriculteur, maître de conférences, avant d’accéder à des postes de responsabilité dans la formation et l’enseignement agricole.

Il est arrivé à la tête du Valentin à Bourg-lès-Valence en septembre 2013. Un établissement qu’il a choisi pour « sa notoriété ». D’abord au sein de son territoire, la Drôme, mais aussi dans le réseau de l’enseignement agricole et plus largement à l’échelle nationale grâce au Salon Tech&bio que les chambres d’agriculture y organisent tous les deux ans.
Maurice Chalayer se définit comme « un pur produit de l’enseignement agricole », titulaire d’un brevet de technicien agricole (BTA) en 1976, puis d’un BTS « techniques agricoles et gestion de l’entreprise » en 1978. D’abord enseignant au lycée agricole privé de Lamastre (07), il sera aussi animateur du CDJA2 de la Loire de 1981 à 1983, avant de reprendre des études d’ingénieur des techniques agricoles à Dijon. En 1985, il rejoint le CFPPA des Sardières à Bourg-en-Bresse comme formateur.
Eleveur laitier durant dix ans
En 1988, sa carrière prend un nouveau tournant. Il s’installe en Gaec, en production laitière à Bourg-Argental dans la Loire. Des problèmes de dos mettront fin à ce projet dix ans plus tard. « Nous avons pris le temps avec mon associé de réfléchir à ma reconversion et surtout de préparer mon départ de l’exploitation », se souvient Maurice Chalayer. Encore agriculteur, il obtient, via des « cours du soir », un DESS « conseil en développement » en 1996, puis occupe un poste de maître de conférences à l’université Jean Monnet de Saint-Etienne. Durant deux ans, il conciliera son métier d’éleveur avec celui de responsable pédagogique de la formation « création d’entreprises en milieu rural » et d’animateur du carrefour rural européen.
En 1998, la solution à son remplacement dans le Gaec est trouvée. Maurice Chalayer retrouve son métier de formateur au CFPPA de Saint-Genest-Malifaux (42). En 1999, il accède à sa première fonction de directeur au CFPPA de Montravel Villars (42). Puis en 2006, démarre son parcours à la tête des établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricole (EPLEFPA), d’abord celui de Vienne-Seyssuel (38), puis celui du Velay à Yssingeaux (43) et enfin celui du Valentin.
Une carrière au service de l’agriculture
« Ce poste est en quelque sorte un aboutissement réunissant toutes les composantes de ma carrière. La formation professionnelle, puisque l’EPLEFPA du Valentin regroupe trois CFPPA, Bourg-lès-Valence, Die et Nyons ; le développement local puisque le Valentin porte la structure Cap Rural, dont les missions sont de soutenir les acteurs du développement local en milieu rural avec le soutien financier du Feader, de la Région et de l’État ; et enfin l’enseignement et l’éducation », résume Maurice Chalayer. Avant de confier : « j’ai consacré ma carrière au service de l’agriculture mais aussi de ma conviction profonde du rôle de l’école : instruire et éduquer ».
Sa plus grande satisfaction au cours des huit années passées à la tête du Valentin : avoir pu mener à bien le projet de restructuration des bâtiments de l’exploitation agricole, abouti en janvier 2020 [financement : Région Aura]. Aujourd’hui l’exploitation, liée à l’établissement, compte 65 ha (dont 4,5 ha de vergers et 0,6 ha de vignes) et 45 vaches laitières. « C’est un véritable poumon vert pour la ville et un formidable outil pédagogique », résume le directeur. « Le Valentin n’est pas un lycée professionnel mais un lycée général et technologique, c’est pourquoi l’exploitation n’est pas utilisée pour apprendre des gestes techniques en lien avec les vaches laitières. Elle constitue par contre un support pédagogique extraordinaire pour former nos jeunes à la prise de décision dans un système vivant complexe, explique Maurice Chalayer. J’ai toujours défendu une pédagogie de l’action et du projet. C’est ce que nous portons ici et que le ministère de l’Agriculture nous confie comme mission dans le cadre du projet agroécologique pour la France ».
En septembre prochain, Frédéric Lalanne, directeur du lycée agricole de Château-Gontier-sur-Mayenne (53), prendra les commandes de l’EPLEFPA du Valentin. Maurice Chalayer rejoindra la Loire. Il a déjà été sollicité par le réseau des délégués départementaux de l’Education nationale pour siéger au sein des conseils d’écoles primaires et porter les valeurs de l’école de la République. A la veille de quitter ses fonctions, il affirme : « J’ai exercé un métier fantastique, préparer les jeunes à relever les défis de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et des enjeux sociétaux et environnementaux. » Bon vent Monsieur le directeur.
Sophie Sabot
1. EPLEFPA : établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole.
2. CDJA : centre départemental des Jeunes Agriculteurs.
« Je mettais les poulets en cage »
En 2015, les élèves du Valentin ont plébiscité la création d’un poulailler pour valoriser les déchets du restaurant scolaire. Tout le monde, élèves, équipes pédagogiques et techniques, a apporté sa contribution pour construire et faire fonctionner cet atelier. Deux à trois bandes de cinquante poulets y sont élevés chaque année. Un projet dans lequel Maurice Chalayer jouait un rôle bien particulier. « La nuit avant l’abattage, je mettais les poulets en cage et je les emmenais à l’abattoir de Quintenas avant de les récupérer le soir pour qu’ils soient cuisinés et servis au restaurant scolaire, décrit le directeur. Il était important que le proviseur sorte de son bureau et s’investisse dans ce projet qui faisait sens. L’attitude des adultes dans un établissement scolaire a toujours valeur d’exemple.»