Expérimentation
Sur la plateforme Tab, les chauves-souris sont suivies

Sur la plateforme des techniques alternatives et biologiques (Tab) à Etoile-sur-Rhône, on s'intéresse aux chauves-souris et à leur rôle dans la régulation de ravageurs des cultures.

Sur la plateforme Tab, les chauves-souris sont suivies

Par leur consommation d'insectes, certaines espèces de chauves-souris jouent un rôle dans la régulation des ravageurs des cultures. Si les pipistrelles sont les plus présentes dans les parcelles agricoles, s'y trouvent aussi quelques espèces moins courantes. C'est pourquoi les chauves-souris ont fait l'objet d'observations sur la plateforme Tab de la ferme expérimentale d'Etoile-sur-Rhône. Une quarantaine de gîtes y a été posée en 2016 pour suivre, de 2017 à 2019, leur occupation par ces mammifères. Cette action a été coordonnée par Florian Boulisset, chargé de projet plateforme Tab au sein de chambre d'agriculture de la Drôme. Il travaille en binôme avec Aline Buffat, conseillère biodiversité et agroforesterie à la chambre d'agriculture également. Et le suivi a été assuré par la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), qui est l'un des partenaires de la plateforme Tab.

Fixation d'une population

« Nous avons constaté que l'occupation des gîtes à chauves-souris sur la plateforme Tab a augmenté progressivement sur ces trois années. Mais assez rapidement puisque 90 % des nichoirs en avaient accueilli au moins une en 2018, explique Florian Boulisset. Le suivi a montré la fixation d'une population sur les parcelles. Nous avons validé l'efficacité de ces aménagements avec l'observation d'une installation des chauves-souris en bord de parcelles en 2017 puis dans les gîtes situés dans leur cœur, en particulier en 2019. » En parallèle, des inventaires ont été réalisés via un suivi acoustique sur l'ensemble de la plateforme Tab. La présence de vingt espèces de chauves-souris a pu être validée grâce à ces suivis ; « ce qui est important car cela représente les deux tiers des espèces d'Auvergne-Rhône-Alpes ».

Une quarantaine de gîtes à chauves-souris de ce type a été posée en 2016 sur la plateforme Tab pour suivre, de 2017 à 2019, leur occupation par ces mammifères.Les comportements de chasse étudiés

Prévue sur plusieurs années, une étude des comportements de chasse des chauves-souris dans les parcelles est en cours. « Elle consiste à savoir si elles vont chasser sur les parcelles et si cette activité varie en fonction du milieu environnant, précise Florian Boulisset. Mais aussi à savoir si elles consomment des ravageurs. Ce travail va être engagé avec des analyses, réalisées par un laboratoire spécialisé, d'ADN dans du guano (crottes) récupéré sous les nichoirs en 2018. L'idée, c'est de savoir si les chauves-souris mangent des ravageurs et comment, savoir si la consommation varie en fonction de l'année, si les pics de présence de ravageurs se retrouvent dans les crottes. Pour tenter de voir comment elles chassent dans les parcelles, des marqueurs lumineux sont utilisés. »

Tester d'autres types de gîtes

Jusque-là un seul type de gîte avait été installé sur la plateforme Tab. D'autres devraient être testés, dont un installé d'ici la fin de l'année et les autres en 2021, afin de voir si plus d'espèces de chauves-souris consommant des ravageurs différents peuvent être attirées. Les gîtes actuellement en place sont occupés « essentiellement par des pipistrelles, indique Florian Boulisset. On ne retrouve pas toute la diversité des chauves-souris observées acoustiquement. On va essayer de faire un suivi de l'occupation des gîtes et de leur durée de vie. Quelles sont les espèces présentes, y en a-t-il de nouvelles ? Est-ce que plus d'individus sont accueillis qu'avec les premiers gîtes installés ? »...

Annie Laurie

Une animation autour des chauves-souris

Le 3 septembre en soirée sur la plateforme Tab, Florian Boulisset et Aline Buffat (chambre d'agriculture de la Drôme) ont proposé une animation autour de ces travaux sur les chauves-souris en parcelles agricoles et des résultats obtenus, suivie par une vingtaine de participants. Une rencontre pour en apprendre davantage sur ces animaux et les aménagements favorables à leur installation sur les exploitations mais aussi pour présenter les suivis en cours.
Des informations ont été communiquées sur le mode de vie des chauves-souris dans les espaces agricoles : elles consomment une grande variété d'insectes, dont des ravageurs des cultures. Leurs habitudes alimentaires diffèrent selon les espèces, ainsi que les préférences de milieux de chasse. Les chauves-souris utilisent beaucoup les linéaires arborés, haies pour se déplacer entre leurs gîtes et leurs espaces de chasse (elles longent les structures verticales).
Des conseils et des formations
Lors de cette animation, ont aussi été donnés des conseils sur l'implantation, le positionnement des gîtes à chauves-souris dans les parcelles. Ce qui ressort, c'est qu'il est important de poser un réseau de gîtes (et pas seulement un), avec des orientations différentes pour qu'elles puissent choisir en fonction des conditions climatiques.
Deux formations animées par Aline Buffat, conseillère biodiversité et agroforesterie à la chambre d'agriculture de la Drôme, seront prochainement organisées. L'une aura lieu le 22 septembre sur le thème « comment aménager son exploitation pour la biodiversité ? ». L'autre, en décembre, portera sur la fabrication et la pose de nichoirs à oiseaux et gîtes à chauves-souris.
A. L.