Le préfet à la rencontre d’agriculteurs du Nord-Drôme

La FDSEA de la Drôme organise des séries de visites d'exploitations agricoles pour présenter au préfet la diversité de l'agriculture du département. A chaque fois, sont mis en avant les atouts et les contraintes des différentes productions dans leur territoire. Mardi 1er octobre dans le Nord-Drôme, guidé par le président de la FDSEA Grégroy Chardon, Hugues Moutouh est allé à la rencontre de trois filières. Il était accompagné du secrétaire général de la préfecture, Patrick Vieillescaze. Sur les sites visités, étaient présents différents acteurs du territoire et élus.
Vaches allaitantes
A Montchenu, sur l'exploitation de Sébastien Milhoud, c'est la filière bovine qui était à l'ordre du jour. Sur une surface agricole utile de 200 hectares, Sébastien Milhoud élève une centaine de mères allaitantes. L'insémination artificielle lui permet de sélectionner le sexe pour la mise bas et de faire un calendrier de naissance. De ce fait, ses vaches charolaises ont permis la naissance d'une centaine de têtes dont une cinquantaine de taurillons. Les génisses, quant à elles, sont gardées sur la ferme pour le renouvellement de son cheptel. La nourriture est essentiellement produite sur l'exploitation, avec 15 hectares de maïs, 16 de luzerne et trèfle, 10 de sorgho grain sucrier et 130 prairies. Après avoir terminé ses études à la Côte Saint-André et effectué un stage à Charolles (Saône-et-Loire), fief de la race bovine charolaise, Sébastien s'est installé sur la ferme de ses parents en 2001, et il a développé son activité.
Un temps d'échanges s'est instauré autour du classement des communes en zone agricole défavorisée ou de montagne. Pour l'élevage bovin, des inquiétudes ont été émises sur la distribution en circuit court des produits issus de la ferme. Quelles sont les garanties que l'Etat peut donner quant à l'aide apportée sur, notamment, la construction d'un atelier de transformation avec un tunnel de congélation qui demande une vision à long terme de l'activité ?
Elevage caprin
La journée s'est poursuivie à Châteauneuf-de-Galaure par la découverte de l'élevage caprin du Gaec des Baratons (Eric, Anaïs et Odile Robert), qui commercialise ses fromages dans un magasin à la ferme et, depuis peu, sur les marchés alentours. Depuis 1969, cette famille élève des chèvres et produit des fromages. En picodon, elle a d'ailleurs obtenu une médaille d'or en 2016 au concours général agricole au Salon de l'agriculture à Paris. Ce Gaec compte 95 hectares et 150 chèvres de race Saanen (ou blanche Gessenay, originaire de Suisse), produisant en moyenne individuelle 900 litres de lait par lactation. Le cheptel est nourri à 98 % avec la production de l'exploitation. La reproduction est faite en insémination artificielle et monte naturelle. Une salle de traite rotative de 22 places permet un rendement élevé avec peu de main-d'œuvre. L'élevage est pratiqué dans le respect des animaux et de leur bien-être. Odile assure la transformation du lait en fromages, Anaïs la commercialisation et Eric se charge des cultures ainsi que l'entretien du matériel. Pas moins de 700 fromages sont réalisés par jour : picodon AOP, bûches, fromages frais, fromages demi-secs, bouchons apéritifs... Mais aussi de la charcuterie de chèvre : pâtés, rillettes, saucissons, qui sont proposés à la vente au magasin du lundi au samedi, le dimanche et jours fériés (le matin seulement).
Lors de la visite du préfet, Eric Robert a fait part de ses réflexions, comme la difficulté d'acquérir ou même de conserver des terres du fait de l'expansion des zones commerciales et industrielles, la parcellisation de son exploitation. Et aussi les difficultés dues aux épisodes de sécheresse, même s'il a une parcelle de fourrage à l'irrigation depuis 2003. Il a, en outre, exprimé son inquiétude par rapport à l'agribashing.
Arboriculture
A Albon, c'est le domaine arboricole qui a été abordé à l'EARL Chaléat. Les visiteurs ont découvert l'exploitation d'Henriette et de Mathieu Chaléat : 30 hectares dédiés aux fruits et légumes (fraises, abricots, pêches, poires, pommes, tomates et pommes de terre) et 89 aux céréales.
Différentes problématiques ont été débattues, liées à la vente directe ou par l'intermédiaire de coopératives (notamment les difficultés de commercialisation de l'abricot, confronté à la concurrence de la production espagnole ou italienne), l'installation des jeunes agriculteurs, les aléas climatiques, les zones de non-traitement, l'emprise industrielle et commerciale (très gourmande en terrains, notamment agricoles). Il a été aussi question des obstacles rencontrés dans le recrutement de saisonniers.
Dans sa conclusion, le préfet a souligné l'importance du syndicalisme agricole : « C'est un corps intermédiaire qui est essentiel, vraiment indispensable... C'est aussi un acte de solidarité ». Et de poursuivre : « Les visites ne sont peut-être pas toujours représentatives du secteur agricole parce que je rencontre des éleveurs et arboriculteurs d'un niveau très élevés mais elles donnent un étalonnage assez intéressant du top de la profession dans les différents secteurs. Ça nourrit notre expérience ».