Portrait
Dans le Diois : élevage  et transformation en famille 

A 27 ans, Olivia Mroz s’est installée en Gaec avec ses parents. Celle qui se destinait plutôt à une carrière avec les chevaux a finalement choisi d’intégrer l’exploitation familiale. Une histoire de transmission pas comme les autres.

Dans le Diois : élevage  et transformation en famille 
À La Motte-Chalancon, Olivia, Angelina et Benjamin Mroz ont raconté leur parcours d’agriculteurs, de 1994 à aujourd’hui. © EP

A quelques kilomètres de La Motte-Chalancon, la famille Mroz élève en bio des vaches limousines et des cochons en plein air intégral. L’exploitation se compose de 95 hectares répartis entre fourrages et prairies naturelles. En 2020, Olivia, l’aînée de la fratrie, s’est installée en Gaec avec ses parents après plusieurs années en tant qu’aide à domicile sur le territoire. à l’occasion de l’inauguration de son installation, organisée le 3 novembre par la chambre d’agriculture et en présence d’élèves du CFPPA du Valentin (Bourg-lès-Valence), la jeune installée a témoigné des réalités de son parcours. Notamment concernant le travail en famille, dans l’arrière-pays et dans une optique d’agrotourisme, car la ferme Mroz est adhérente au réseau Bienvenue à la ferme.

Un laboratoire de transformation sur la ferme

C’est en 1994 que tout juste diplômés, Angelina et Benjamin Mroz ont posé leurs valises à La Motte-Chalancon. Tout au long de leur vie professionnelle, ils ont cherché à développer leur exploitation, notamment en faisant de la vente directe sur commande. La transformation se faisait alors dans un laboratoire drômois. « On vendait tout par petites caissettes et on allait livrer entre Valence et Nyons », se souviennent les agriculteurs. Mais en 2020, l’arrivée d’Olivia sur la ferme est allée de pair avec la création d’un laboratoire de transformation. « Quand elle m’a dit qu’elle voulait s’installer avec nous, c’était magique », témoigne Angelina Mroz. Celle qui rêvait depuis toujours de transformer sa viande sur son exploitation peut désormais le faire dans les 120 m² aménagés à l’arrière de la maison familiale et en compagnie de sa fille. Au total, les travaux ont coûté 257 000 euros et ont été réalisés en dix-huit mois pour l’ouverture officielle du laboratoire en 2021.

Le circuit court comme modèle

Chaque mois, un bovin et un porc sont transformés en viande sous vide, en terrines, pâtés et plats cuisinés pour être vendus dans le petit magasin de 16 m² attenant à la ferme. Un succès qui a poussé la famille à revoir ses horaires d’ouverture : d’abord ouvert tous les samedis, le magasin n’est finalement actif que les deux premiers samedis du mois, faute de stock. Les produits restants sont vendus au marché de La Motte-Chalancon les lundis matin.
Ce choix de petites quantités fonctionne bien pour la famille Mroz : « Nous avions déjà une bonne clientèle », précise Angelina. Résultat de plus d’une décennie en vente à la commande, toujours en circuit court auprès de consommateurs locaux. Angelina Mroz est celle qui gère la confection des plats cuisinés. Avant l’arrivée d’Olivia dans le Gaec, le couple était même allé plus loin en ouvrant une table à la ferme pour diversifier leurs revenus. Plusieurs jours par mois, ils recevaient leurs hôtes, tous attablés à la même table, et leur servaient des plats concoctés à partir de leurs produits. Mais la ferme auberge a été fermée en 2021, faute de temps. Néanmoins, le Gaec poursuit des prestations de traiteur.

Une chaîne 100 % locale

« De la naissance à la vente de la viande, nous sommes les seuls à toucher nos bêtes », souligne Benjamin Mroz. Lui s’occupe de la partie élevage et fourrage avec une cinquantaine de bêtes à l’année. Mais il est également membre de l’abattoir de Die où il réalise l’abattage de ses bêtes et ramène les carcasses à la ferme. Sa femme et sa fille mettent environ deux jours à les désosser et une semaine à les transformer. C’est cette chaîne 100 % locale qui rend fiers les trois associés : « Je peux dire exactement à mes clients ce qu’ils mangent », explique Angelina Mroz. C’est d’abord elle qui s’est formée à la transformation, puis elle a appris à sa fille. Depuis, les deux fonctionnent en tandem et perfectionnent leurs connaissances.

Des projets

Malgré une famille soudée, qui l’a soutenue dans son projet d’installation, Olivia Mroz a souhaité témoigner des réalités de son travail. « Le travail en famille est un point fort et un point faible. L’avantage de notre exploitation c’est que nous sommes autonomes de A à Z et l’atelier de transformation est rentable », souligne-t-elle. Mais la charge de travail, surtout lorsque l’on a un enfant, fait partie selon elle des inconvénients possibles. Autre réalité : le côté administratif très lourd, géré pour le moment par Angelina Mroz : « Faites vos papiers ! a-t-elle martelé aux élèves du CFPPA présents. Il y a des situations administratives dramatiques, alors prenez une demi-journée par semaine pour faire du bureau. » D’autres conseils ont été distillés aux futurs agriculteurs : bien s’entourer, ne pas hésiter à demander de l’aide, se former…
Olivia Mroz envisage la création d’un poulailler bio plein air pour élever des poulets d’engraissement et les transformer dans son laboratoire. Une idée sur le long terme et qui se fera à petite échelle. Quant à l’utilisation du laboratoire pour d’autres éleveurs, Angelina Mroz signale que ce n’est pas à l’ordre du jour. « Pour faire de la prestation, il faut une certaine maturité, du temps, peut-être qu’Olivia le fera plus tard », indique sa mère.

Angelina Mroz s’est formée à la transformation puis elle a appris à sa fille, Olivia. Depuis, les deux fonctionnent en tandem et perfectionnent leurs connaissances.

Si la transmission de l’exploitation n’était pas forcément un objectif d’Angelina et Benjamin Mroz, le couple de cinquantenaires est heureux de partager le quotidien professionnel avec leur fille. Ils espèrent que dans quelques années, leur plus jeune fils, Léo, posera lui aussi ses valises dans le territoire qui l’a vu grandir pour rejoindre le Gaec familial.

Elodie Potente