Portraits
Métiers agricoles : nouveaux visages

Métiers agricoles : nouveaux visages

Alors que le modèle d’agriculture évolue, les salariés occupent une place de plus en plus importante sur les exploitations. Au point pour certains de devenir à leur tour agriculteur. L’Association départementale emploi formation (Adefa 26), Service de Remplacement Drôme et Agri Emploi 26 proposent de découvrir les parcours de six d’entre eux. De leur première rencontre avec le monde agricole, en passant par la formation et leurs diverses expériences, voici cette semaine les témoignages d’Alexis, Ludvine et David.

S’installer quand on n’est pas issu du monde agricole ? C’est possible !

Alexis Doyon, 26 ans Agent agricole spécialisé  Saint Bonnet-de-Chavagne

Quel est votre parcours ?
Alexis Doyon : « Depuis tout petit, j’ai toujours été attiré par les métiers de l’agriculture. Pourtant, mes parents ne sont pas issus de ce domaine.
Après le collège, je me suis orienté vers un Bac pro CGEA (comptabilité gestion des exploitations agricoles) spécialisation élevage. Je ne connaissais rien à l’élevage. Quoi qu’il en soit, c’est un métier qui m’a toujours attiré. Par la suite, j’ai poursuivi par un BTS CGA (comptabilité gestion agricole).
Habitant à la campagne, entouré d’agriculteurs, j’ai tout d’abord travaillé en tant que saisonnier dans des poulaillers. J’ai également conduit des tracteurs et effectué des travaux d’irrigation. Puis sur cette même exploitation, j’ai réalisé mon premier stage. Grâce à d’autres, j’ai expérimenté plusieurs autres types de productions dans différentes exploitations, à Crépol et Montmiral. »

D’un point de vue, professionnel et personnel, qu’est-ce que ce parcours vous a apporté ?
A. D. : « Mon parcours en alternance m’a permis d’acquérir de l’expérience et du professionnalisme, ce qui est positif lorsqu’on souhaite entrer dans le monde professionnel. Commencer avec de bonnes bases est très important quand on débute un nouveau métier. J’ai commencé à travailler en tant que salarié en 2017. Grâce à l’alternance, j’étais déjà opérationnel sur la plupart des tâches qui m’étaient confiées. Le reste s’apprend avec le temps mais en agriculture, on n’arrête jamais vraiment d’apprendre ! Je me suis  finalement installé en février 2022, c’est une réelle fierté à 26 ans. M’impliquer à 100 % dans mon travail m’épanouit et me procure un réel sentiment d’aboutissement personnel. »

Quelles sont pour vous les qualités primordiales pour exercer en agriculture ?
A. D. : « Être polyvalent est indispensable. Il faut également aimer travailler en extérieur et aimer la nature en général. Il faut apprécier le contact avec les animaux, surtout dans des domaines comme l’élevage. C’est avant tout un métier-passion. Il faut être motivé pour faire face aux contraintes que l’on peut rencontrer. Heureusement, on vit beaucoup de moments merveilleux qui compensent les instants plus difficiles. »

Comment vous projetez-vous professionnellement et/ou personnellement ? Comment envisagez-vous votre évolution ?
A. D. : « D’ici environ cinq ans, je reprendrai entièrement la ferme lors du départ en retraite de l’exploitant actuel. Je continuerai mon parcours d’éleveur bovin et je pense également développer une entreprise de travaux agricoles. Et pourquoi pas embaucher à mon tour des saisonniers. » 

La pluriactivité, c’est réalisable en agriculture

Ludvine HISSETTE 39 ans Pluriactive Chamaloc

Quel est votre parcours ?
Ludvine Hissette : « En premier lieu, je ne me destinais pas vraiment à travailler dans l’agriculture. J’ai suivi des études aux Beaux-Arts ainsi qu’en littérature. Par la suite, je me suis spécialisée dans le développement de projets en milieu rural avec comme sujet de maîtrise “le lien entre la culture et l’agriculture en mettant en perspective la politique agricole commune”. J’ai effectué de nombreux stages ainsi que des voyages à l’étranger au sein des Compagnons bâtisseurs. J’ai réalisé avec eux des projets toujours en lien avec l’environnement et l’agriculture (plantation d’arbres, découverte de techniques agricoles alternatives …).
En rentrant en France, j’ai effectué quelques jobs dans le milieu culturel puis j’ai été jardinière dans des espaces verts. Par la suite, je suis entrée en formation au CFPPA de Die avec un congé individuel de formation (CIF). En parallèle, j’ai suivi un BPREA à Nyons. J’ai travaillé en tant que saisonnière avant de m’installer il y a deux ans. »

D’un point de vue, professionnel et personnel, qu’est-ce que ce parcours vous a apporté ?
L. H. : « Cela m’a apporté de l’expérience ainsi que de l’épanouissement personnel et de nombreuses connaissances. En ayant voyagé dans de nombreux pays, j’ai appris des techniques du monde entier. Le fait d’avoir réalisé des études en dehors du monde agricole m’a aidé pour tout l’aspect administratif et financier de mon installation. »

Quelles sont pour vous les qualités primordiales pour exercer en agriculture ?
L. H. : « C’est un métier-passion, il est important d’être fortement lié au vivant et au végétal. Il faut bien sûr être polyvalent et autonome dans son travail. Avoir un esprit d’initiative est une bonne qualité pour avancer et faire face aux difficultés rencontrées. Evidemment, il faut aimer le contact avec le public. »

Comment vous projetez-vous professionnellement et/ou personnellement ? Comment envisagez-vous votre évolution ?
L. H.  : « Je vais continuer à avancer dans mon installation afin qu’elle devienne pérenne. J’aimerais y développer des ateliers pédagogiques. Simultanément, j’aimerais continuer à travailler à la Distillerie des quatre vallées à Chamaloc en organisant des visites. » 

De la banane en Martinique à la vigne

David GRIFFIT 54 ans En formation continue Mercurol-Veaunes

Quel est votre parcours ?
David Griffit : « J’ai 54 ans, je suis Martiniquais. Titulaire d’un BTS agronomie tropicale depuis 1992, j’ai été technicien-encadrant en Martinique de 1993 à 2016 dans une exploitation bananière. J’avais envie de changer. De 2016 à 2021, mes expériences professionnelles étaient sans intérêt particulier : production de laitue, canne à sucre. En 2021, j’ai souhaité me rapprocher de ma famille en Métropole. Je suis entré en formation Certificat de qualification professionnelle (CQP) “ouvrier qualifié de l’exploitation viticole” à la MFR d’Anneyron. La viticulture est une production originale. J’ai eu un entretien un mois avant le démarrage de la session. Même si je ne connaissais pas la viticulture, j’avais déjà travaillé en agriculture et managé du personnel. J’ai trouvé l’entreprise, Domaine des Combat à Mercurol-Veaunes, par l’intermédiaire de la MFR. »

Pourquoi avoir choisi la MFR d’Anneyron ?
D. G. : « J’ai choisi la MFR d’Anneyron car l’accompagnement (administratif, financier et humain) en amont de l’entrée en formation est complet. Quand on ne connaît pas, ce soutien est important. Le risque de décrochage est réel. Je n’ai eu aucune appréhension concernant l’adaptation car mon choix était réfléchi. La formation comprend un tiers du temps en centre et deux tiers en entreprise. Ma qualification se développe au fur et à mesure. Dans l’entreprise, le chef de culture et les dirigeants me transmettent les savoir-faire à la vigne et en cave. Dès le début, l’employeur m’a accueilli et intégré notamment en m’aidant à trouver un appartement dans le village. »

D’un point de vue, professionnel et personnel, qu’est-ce que ce parcours vous a apporté ?
D. G. : « J’étais une personne introvertie, mon caractère a évolué. Je me suis affirmé. J’ai également appris qu’il faut laisser le travail au travail. L’éloignement Métropole/Martinique n’est pas toujours facile mais c’est un choix. Je découvre de nouvelles choses chaque jour. Par exemple, contrairement à la Martinique, ici quand il pleut, on s’arrête de travailler. »

Quelles sont pour vous les qualités primordiales pour exercer en agriculture ?
D.G. : « J’ai travaillé 23 ans dans la banane. Les conditions de travail en agriculture se sont améliorées avec la mécanisation. L’utilisation des produits phytosanitaires a été réduite, ce qui est positif pour l’environnement, l’employé et le consommateur. Cela reste un travail physique. Il faut une bonne condition. De plus, nous travaillons avec du vivant. Il faut se donner personnellement (aléas climatiques), savoir faire face et pallier aux imprévus. Tout n’est pas linéaire, il faut prendre sur soi et accepter les choses. »

Comment vous projetez-vous professionnellement et/ou personnellement ? Comment envisagez-vous votre évolution ?
D.G. :  « Ma volonté est de mettre à profit ce que j’ai appris lors de ma formation. Je serai embauché en CDI. Je cherche aussi à enrichir mes connaissances en vinification. Dans la mesure où le Domaine des Combat a ce volet, je veux me former via des formations courtes. La taille de l’entreprise me convient et ce que l’on me demande également. » 

Pour en savoir plus : Adefa Drôme - [email protected]  - 06 32 99 34 05  - www.anefa.org