Mieux gérer pour améliorer la qualité de l’herbe
Alors que la prairie, naturelle ou semée, représente 50 % de la surface agricole utile en France, il est nécessaire, pour les éleveurs, de maintenir des surfaces productives et de bonne valeur alimentaire.

Les prairies, qui font partie intégrante du paysage français, fournissent en partie les végétaux nécessaires à l’alimentation des troupeaux herbivores, bovins, caprins, ovins ou équins. Grâce à leur entretien, les éleveurs peuvent proposer à leurs animaux une alimentation de haute qualité, et, au bout de la chaîne, fournir une alimentation qualitative aux consommateurs, viande et produits laitiers compris. Pour atteindre cet objectif, la qualité de l’herbe est essentielle, peu importe le système d’élevage (conventionnel ou bio, intensif ou extensif). « Le rendement annuel va également de pair avec la qualité. Une prairie exploitée avec un rythme fréquent aura un meilleur bilan, quantitatif et qualitatif, qu’une prairie exploitée à un rythme lent, et ce avec le même niveau de fertilité », souligne le groupement national interprofessionnel des semences et plants (Gnis) dans un communiqué. La gestion de la qualité de l’herbe tient compte de multiples facteurs : la ou les espèces végétales dominante(s) joue(nt) un rôle primordial, tout comme le mode d’exploitation et la précocité des espèces et variétés.
Attention à l’impact négatif sur l’environnement
La valeur de l’herbe est également liée au rapport feuilles/tiges. Les feuilles jeunes présentent une meilleure valeur alimentaire grâce à leur richesse en sucre. « Au bout d’un certain nombre de jours, si les feuilles ne sont pas broutées ou récoltées, elles meurent et sont remplacées par de nouvelles. Plus la proportion de feuilles mortes est importante, plus la valeur alimentaire diminue. En outre, ces feuilles mortes sont souvent porteuses de maladies et réduisent encore l’appétence et la valeur globale du fourrage », rapporte le Gnis.
Par ailleurs, les plantes dites « vieillissantes » peuvent aussi avoir un impact négatif sur l’environnement puisqu’elles n’ont plus la capacité d’absorber l’azote libéré par la minéralisation de la matière organique stockée dans le sol, ni celle de stocker du carbone de l’air. C’est pourquoi l’observation du stade de l’herbe est essentielle, en prairie naturelle ou en prairie semée, pour améliorer ses performances. « Pour une bonne valorisation des prairies, il est essentiel de faire coïncider le stade des plantes et, de ce fait, la valeur alimentaire, ainsi que la portance du sol et les besoins des animaux, ce qui n’est pas toujours facile à gérer avec des prairies naturelles à la flore souvent complexe », prévient le Gnis.
Des pratiques simples et peu coûteuses
Tout au long de l’année, les pratiques doivent donc être réévaluées en fonction du contexte. Les éleveurs peuvent s’appuyer sur une feuille de route leur permettant de maintenir des prairies de bonnes qualités, tant alimentaires qu’environnementales. Dès le printemps par exemple, quelques interventions peuvent être bénéfiques : un passage de herse à pâture, voire de rouleau, en présence de taupinières, dégâts de gel ou de gibier, à définir selon l’état du sol (lire aussi ci-contre). Le Gnis conseille également de réaliser ponctuellement un sursemis en cas d’espaces vides, permettant d’éviter à terme l’apparition d’adventices dans ces zones. Un apport azoté, dès la base des 200°C cumulés atteinte, peut être nécessaire. Il est recommandé également de faire déprimer l’ensemble des prairies avant la mi-avril pour favoriser le tallage et consommer les espèces précoces à un bon stade.
Les vers de terre, pour aérer le sol
Deux passages de pâturage sont préconisés pour réduire la présence d’épis, dans le cas où l’éleveur souhaite constituer des stocks d’herbe sur pied. L’observation des stades y est donc pertinente dans ce cas-là. Enfin, en situation de pâturage, il est conseillé d’éviter le surpâturage (< 5 cm) et le sous-pâturage (> 20 cm). De plus, dans une prairie, le trèfle blanc et les vers de terre se révèlent être des alliés incontournables de l’éleveur. « Le trèfle blanc est un véritable booster pour la prairie avec ses 1,08 UF et sa teneur de 25 % de protéines », souligne le Gnis. Quant aux vers de terre, qui brassent les différents horizons de sol, ceux-ci favorisent un enracinement profond des plantes, drainent et aèrent le sol. « Pour favoriser leur présence, un apport de matière organique sous forme de compost peut être nécessaire. Un passage de herse en travaillant les premiers centimètres du sol est bénéfique, favorise une zone plus aérée et limite l’accumulation d’un mulch de surface », rappelle le Gnis.
Amandine Priolet
En savoir plus : www.herbe-book.org