« Un réel engouement pour la Drôme et son agriculture »
En raison des précautions et restrictions liées à la crise sanitaire de la Covid-19, la chambre d’agriculture de la Drôme a organisé sa session d’automne en visioconférence, le 30 novembre. Plusieurs sujets y ont été abordés. Le point avec son président, Jean-Pierre Royannez.

Quels points ressortent du tour de l’actualité agricole fait avec les membres de la chambre d’agriculture ?
Jean-Pierre Royannez : «Lors de notre précédente session, fin septembre, nous avions évoqué les bilans de campagne. Cette fois, nous avons abordé des dossiers de fond comme le renouvellement des générations, le changement climatique, la gestion de l’eau sur le plan quantitatif, la séparation de la vente et du conseil pour les produits phytosanitaires. Sur ce dernier point, la chambre d’agriculture rencontre les outils économiques drômois (coopératives et privés) afin d’envisager le meilleur moyen de travailler ensemble. Nous avons aussi, bien entendu, évoqué les difficultés de certaines filières au regard de la crise de la Covid-19, entre autres la viticulture et les produits festifs, mais aussi la conjoncture céréalière qui affecte notamment la production de maïs semence, filière d’importance pour notre département. Je n’oublie pas également certaines filières d’élevage qui connaissent, elles aussi, des contextes complexes, particulièrement en lait de vache. »
Le Plan climat était à l’ordre de la cette session. Que contient-il ?
J-P. R. : « Le changement climatique impacte fortement plusieurs de nos filières agricoles, que ce soit au niveau agronomique, économique et social. Afin d’évaluer les conséquences de ces évolutions, nous allons établir en 2021 une cartographie climatique. Territoire par territoire, cela permettra de modéliser notre agriculture sur les horizons 2021-2050 et 2051-2100. Une foule d’indicateurs agroclimatiques sera agrégé pour analyser l’évolution future de la faisabilité des productions agricoles départementales. Cela permettra de conseiller les agriculteurs dans des choix d’itinéraires techniques pour les années à venir. Par exemple, sur des espèces plus adaptées en productions fourragères, sur des variétés spécifiques en arboriculture, des systèmes en céréales, sur les besoins en eau... »
Ce travail est-il complémentaire de celui entrepris par la chambre régionale d’agriculture ?
J-P. R. : « Débutée il y a dix-huit mois en Drôme, notre action s’intègre parfaitement dans le plan régional ClimAvenir. L’objectif est de créer des connaissances et des références pour adapter les systèmes. L’échelon régional nous apportera des moyens pour nos agriculteurs en termes de communication, de formation et d’investissement. Notre travail doit en effet permettre d’orienter certains financements - de l’État, de la Région, de l’Ademe(1)… - vers l’adaptation des exploitations agricoles et des territoires face au changement climatique. »
Lors de votre arrivée à la présidence de la chambre d’agriculture, vous aviez présenté un projet de mandature ambitieux. Quels en sont les premiers résultats ?
J-P. R. : « L’équipe en place depuis 2019, sous ma présidence, a validé notre projet de mandature baptisé “Ambitions 2025”. Les premiers résultats de nos actions sont déjà là avec, entre autres, une hausse spectaculaire de plus de 40 % du nombre des installations aidées en 2020 (80 dossiers contre 55 auparavant). De plus, dans le cadre de notre action “agir ensemble pour le renouvellement des générations”, tous les agriculteurs drômois âgés de plus de 57 ans, soit environ 500 personnes, ont été contactés cet été par les élus et conseillers de la chambre. Notre objectif est de connaître le devenir des exploitations afin d’anticiper les possibilités de reprises. J’ajoute qu’avec Valence Romans Agglo, nous avons lancé dernièrement le projet de ceinture verte afin d’installer des maraîchers. Ce 9 décembre, lors des Assises de l’alimentation (voir encadré) organisées avec le Département de la Drôme, et en partenariat avec les services de l’Etat, nous avons mis l’accent sur les projets alimentaires territoriaux (PAT). Nous travaillons également à la préservation du foncier agricole. Nos propositions seront présentées aux élus locaux lors des Assises du foncier, évènement prévu en novembre et reporté début 2021 pour cause de confinement. Sur l’adaptation au changement climatique, comme expliqué ci-avant, le travail est en cours. »
Votre projet de mandature est-il compatible avec le projet stratégique des chambres d’agriculture ?
J-P. R. : « A l’échelle nationale, le projet stratégique des chambres d’agriculture se décline en trois grands axes : transition agricole, création de valeur et dialogue avec la société. Il poursuit le double objectif d’améliorer l’accompagnement des agriculteurs tout en réformant le réseau des chambres. Au niveau d’Auvergne-Rhône-Alpes, il s’organise autour de cinq ambitions : le renouvellement des générations et l’accompagnement des entreprises dans leurs projets, le maintien du maximum d'agriculteurs dans tous les territoires, l’agronomie, l’économie et la prospective et, enfin, l’accompagnement des filières pour créer de la valeur dans les territoires. La compatibilité est totale avec notre projet de mandature et je m’en réjouis car cela nous apportera encore plus de moyens pour accompagner nos agriculteurs drômois. En effet, plus nous validons d’objectifs au regard du projet stratégique, plus nous obtenons en retour de moyens financiers dans le cadre de la cotisation à l’APCA(2). A ce jour, la chambre d’agriculture de la Drôme est dans les clous pour tous les indicateurs. »
Cette année 2020, si particulière, arrive à son terme. Quel message adressez-vous aux agricultrices et agriculteurs drômois ?
J-P. R. : « La crise sanitaire de la Covid-19 a secoué l’ensemble de la société. Au niveau de la chambre d’agriculture de la Drôme, nous avons œuvré afin d’aider autant que faire se peut les filières impactées, et nous continuerons à les soutenir. Dans le marasme actuel, et bien que certaines de nos filières agricoles connaissent des problèmes de rentabilité, l’augmentation du nombre des installations est une note positive. L’agriculture drômoise attire des jeunes mais aussi des entreprises qui souhaitent travailler aux côtés des agriculteurs. Il y a un réel engouement pour la Drôme et son agriculture. On ne peut que s’en réjouir. »
Propos recueillis par Christophe Ledoux
(1) Ademe : agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.
(2) APCA : association permanente des chambres d’agriculture.
Le budget primitif adopté
Les élus de la chambre d'agriculture ont adopté le budget primitif de la compagnie consulaire pour l’année 2021 à hauteur de 9,5 millions d’euros. Un budget en hausse en raison, principalement, de l’organisation du salon Tech&Bio, les 22 et 23 septembre sur les terres du lycée agricole Le Valentin à Bourg-lès-Valence.
Les Assises de l’alimentation

Comment travailler ensemble aux défis d’une alimentation de qualité et de proximité accessible à tous les Drômois ? Quelles solutions sont à imaginer ? Ces questions ont été débattues lors des Assises de l’alimentation organisée en distanciel le 9 décembre par le Département et la chambre d’agriculture de la Drôme, en partenariat avec les services de l’État. L’objectif est d’aboutir à un projet alimentaire pour le territoire drômois permettant, entre autres, de conforter la filière agricole et agroalimentaire locale en relocalisant l’approvisionnement, en particulier dans les filières longues.
« Après la crise sanitaire, le but est désormais de toucher plus de consommateurs en mobilisant plus d’agriculteurs, en structurant les filières locales et en ouvrant de nouvelles perspectives de développement », a annoncé, en amont de ces assises, Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture. « La Drôme est fière d’être précurseur des circuits courts avec son outil “Agrilocal”, fière de son engagement dans la restauration des collèges, a déclaré de son côté Marie-Pierre Mouton, présidente du conseil départemental. Il faut accélérer cette dynamique en s’engageant collectivement dans un projet alimentaire de territoire. »
Irrigation : Jean-Pierre Royannez, nouveau président du Sygred

Jean-Pierre Royannez a été élu dernièrement président du Sygred, le syndicat de gestion de la ressource en eau dans la Drôme. Il s’agit d’un organisme unique de gestion collective (OUGC) de l’eau qui regroupe, principalement, le syndicat d’irrigation drômois (SID) chargé d’organiser le transport de l’eau (réseaux), l’association des irrigants individuels (Adarii), plusieurs associations syndicales autorisées (ASA) d’irrigation, des élus locaux ainsi que la chambre d’agriculture. L’OUGC est chargé, dans le périmètre pour lequel il est désigné, de déposer la demande d’autorisation unique pluriannuelle (AUP) de tous les prélèvements d’eau pour l’irrigation, d’organiser la répartition des volumes d’eau prélevables, d’arrêter les règles pour adapter cette répartition en cas de crise, ainsi que de donner son avis au préfet sur tout projet de création d’un ouvrage de prélèvement.