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BIODIVERSITÉ

« Plantons des haies en Drôme »

« Plantons des haies !», la mesure du plan France Relance, va permettre à quatre-vingt-dix agriculteurs drômois de planter une cinquantaine de kilomètres de haies. Douze d’entre eux sont accompagnés dans ce projet par la Fédération des chasseurs de la Drôme.

 « Plantons des haies en Drôme »
Matinée pratique à la fédération des chasseurs de la Drôme. Une douzaine d’agriculteurs accompagnés par Christophe Mathez de FDC26, Sylvie Monier de Mission Haies Auvergne-Rhône-Alpes et Aline Buffat de la chambre d’agriculture ont passé en revue les clés pour réussir sa plantation de haies. ©AD26-S.S.

Froid glacial mais grand soleil. Sur le site de la Fédération des chasseurs de la Drôme (FDC26) à Crest, ce 3 décembre, les conditions sont réunies pour une matinée dédiée à la plantation de haies. Douze agriculteurs sont venus récupérer leurs plants et recevoir de précieux conseils avant de les mettre en terre. Cette rencontre se déroule dans le cadre du plan France Relance et de son programme « Plantons des haies ».

Après avoir checké et chargé sur des remorques leurs plants (dix-sept espèces différentes par exemple pour Maxime Laurent et Blandine Schnepf, vignerons à Montbrison-sur-Lez), les participants vont passer à la phase pratique : le chantier de plantation. Christophe Mathez, technicien à la FDC26, Sylvie Monier, directrice de Mission Haies Auvergne-Rhône-Alpes et Aline Buffat, chargée de projet biodiversité à la chambre d’agriculture de la Drôme vont réaliser une démonstration grandeur nature.

« Ramener de la biodiversité »

Les agriculteurs présents ont pour la plupart suivi deux jours de formation avec ces trois intervenants pour définir leur projet de plantation et surtout les effets attendus de cette haie. Pour Maxime Laurent, qui exploite 20 hectares de vignes d’un seul tenant, conduites en bio par ses parents depuis 40 ans, l’objectif premier est de ramener de la biodiversité. « Face au réchauffement climatique, à de nouvelles maladies, on sait que le retour de cette biodiversité est une réponse. Nous allons planter 650 mètres linéaires sur trois ans, dont 250 cette année. Il s’agit d’une haie basse ponctuée d’arbres hauts avec beaucoup d’espèces naturelles de nos collines, type prunus, amandier sauvage, romarin, pistachier sauvage... », décrit le vigneron. La haie (deux rangées espacées de 90 cm) sera implantée à environ six mètres de la parcelle.

Une haie brise-vent

De son côté, Arnaud Mandaroux a choisi de planter des haies pour leur effet brise-vent. Un kilomètre devrait être implanté sur trois ans grâce au plan France Relance, dont 500 mètres dès cet hiver. L’exploitation familiale, située à Vaunaveys-la-Rochette, compte une centaine d’hectares en grandes cultures et un troupeau de 600 brebis, le tout conduit en agriculture biologique. L’essentiel des productions, animales comme végétales, est valorisé en vente directe. « Nous cultivons pas mal de lentilles. Le vent a tendance à les coucher ce qui complique les récoltes », explique-t-il. L’objectif premier pour cet exploitant est donc d’abriter ses cultures des vents dominants. « Nous verrons si nous tirons aussi un bénéfice en matière de biodiversité mais nous avons déjà pas mal de bosquets et de bois à proximité », souligne-t-il.

Pour mener au bout leur projet, les douze agriculteurs présents le 3 décembre seront accompagnés par Christophe Mathez de la FDC26. Pour les uns, c’est une relation de longue date car ils participent déjà à l’action menée autour des cultures intermédiaires pièges à nitrates (Cipan) pour la biodiversité [en échange du respect d’un cahier des charges sur l’implantation et la destruction des Cipan, la FDC26 fournit gratuitement le mélange de semences, ndlr]. Pour d’autres, c’est au détour d’un questionnaire ou d’une recherche sur internet qu’ils ont eu connaissance du programme « Plantons des haies » et de la possibilité d’être accompagné dans ce projet par la FDC26, qui dispose déjà d’une solide expérience dans ce domaine.

La Drôme est loin de partir de zéro

La chambre d’agriculture, la Mission haies et la FDC26 insistent : si le plan France relance est une véritable aubaine pour augmenter significativement les dynamiques de plantations de haies en Auvergne-Rhône-Alpes, la Drôme est loin de partir de zéro. « Depuis 2014, la Mission haies et la chambre d’agriculture organisent des formations sur cette thématique », signalent Sylvie Monier et Aline Buffat. Quant à la fédération des chasseurs, « cela fait trente ans que nous accompagnons les agriculteurs pour planter des haies, refuges pour les espèces », assurent Christophe Mathez et Philippe Cassignol, secrétaire général de la FDC26. A l’époque, l’opération avait été baptisée « A la Sainte Catherine tout arbre prend racine », puis a rapidement fait l’objet de subventions de la Région. D’autres actions sont également financées dans le cadre de l’éco-contribution : lors de la validation du permis de chasse, chaque chasseur contribue à hauteur de cinq euros avec un complément de l’État de dix  euros pour financer des actions concrètes en faveur de la biodiversité (plantation de haies, restauration de milieux forestiers, de milieux humides, entretien des habitats pour la faune sauvage, etc.)

Avec le programme « Plantons des haies », la dynamique va se poursuivre en intégrant davantage les enjeux agronomiques et climatiques dans les projets des agriculteurs. Une aide d’environ dix euros par mètre linéaire de haie implantée est prévue.

Sophie Sabot

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Le 3 décembre, 4 800 plants ont été réceptionnés par douze agriculteurs à la fédération des chasseurs. 30 % de ces plants sont labellisés « Végétal local ». ©AD26-S.S.

46 kilomètres de haies en Drôme

Au niveau national, 50 millions d’euros sont dédiés sur deux ans à la plantation de 7 000 km de haies et alignements d’arbres intraparcellaires. En Drôme, 90 projets d’agriculteurs ont été identifiés par un consortium réunissant la chambre d’agriculture, la fédération des chasseurs, le parc naturel régional du Vercors, l’association drômoise d’agroforesterie, Valence Romans Agglo et la ligue pour la protection des oiseaux. Cela représente 46 kilomètres de haies et 870 arbres intraparcellaires qui seront plantés sur trois saisons, soit un peu plus de 500 000 euros d’investissement. 

Pour réussir ses plantations

Sylvie Monier, de Mission Haies Auvergne-Rhône-Alpes,  a prodigué quelques conseils essentiels :

- préparer le terrain avec un décompactage en profondeur si possible à plus de 40 cm. « Sous-soler à tout prix pour éviter qu’une semelle de labour ne vienne provoquer une mortalité tardive des plants, parfois à dix ans », a-t-elle expliqué.

- Pailler correctement les jeunes plantations avec des copeaux de bois, des pailles de lavande… Dans ce cas prévoir une couche d’au moins 20 cm de paillage. La bâche biodégradable, type géochanvre, peut aussi convenir.