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CAPRINS

Focus sur les bonnes habitudes d’alimentation et de tarissement

En novembre, l’Anicap Auvergne-Rhône-Alpes PACA (interprofession), Auvergne-Rhône-Alpes Élevage et leurs partenaires ont organisé deux journées techniques, dans le Rhône et l’Ardèche, dédiées à la conduite du troupeau caprin.

Focus sur les bonnes habitudes d’alimentation et de tarissement
Une chèvre passe entre 5 et 7 heures de son temps journalier à ingérer son alimentation et à s’abreuver. ©LR/Apasec

Une chèvre passe entre 11 et 13 heures de sa journée en position couchée. Cette spécificité, les éleveurs la connaisse bien. Mais pour assurer leur bien-être, plusieurs autres critères doivent être minutieusement respectés. Les deux journées techniques « Comment vont vos chèvres ? » organisées par plusieurs organisations professionnelles caprines* en novembre dernier dans le Rhône et en Ardèche, ont permis de revenir sur ces points techniques. « Au cornadis, il est nécessaire de trouver une place minimum par chèvre, tandis qu’à l’auge, chaque bête doit disposer de 33 à 40 cm, selon le gabarit », a rappelé Séverine Fontagnères, conseillère en élevage dans le Rhône. La professionnelle conseille de respecter une dimension de 1,7 m² par chèvre.

« La chèvre ne pense pas, c’est à vous de penser à sa panse »

Côté alimentation, la plus grande précaution à prendre est d’éviter les ruptures : les chèvres doivent pouvoir accéder aux fourrages en permanence. « La chèvre ne pense pas, c’est donc à vous de penser à sa panse », sourit la 
conseillère. Une fois le fourrage distribué, les recommandations sont de donner 400 grammes de concentrés au maximum par repas. Le plus gros repas est celui du matin, tandis que celui du midi doit être plus léger. Les périodes de rumination et de repos sont essentielles à la bonne digestion de l’animal. « N’oubliez pas qu’une heure de repos en plus, c’est égal à 300 grammes de lait supplémentaires », conclut la conseillère. 

Anticipation et transition douce pour le tarissement

L’autre moment clé du cycle de la chèvre est le tarissement, effectué au minimum deux mois avant la mise-bas. La première étape est d’apporter du fourrage moins riche en protéines, puis de diminuer progressivement la quantité des concentrés. L’arrêt des compléments azotés doit être effectué en même temps qu’un maintien d’apport énergétique, comme les céréales. Dans les faits, chacun a sa méthode. Au sein du public rhodanien, une éleveuse explique qu’elle préfère passer sur du foin grossier en réduisant les proportions de moitié. Un autre laisse les animaux se gérer : « Nous continuons à traire, c’est la chèvre qui décide si elle souhaite être tarie ou non ». Dernière astuce abordée : passer en monotraite un mois avant le tarissement, afin d’avoir de quoi faire des fromages jusqu’à Noël. 

Ce qu’il faut retenir

Si chacun y va de sa propre technique, Emma Rival, conseillère pour Loire Conseil Élevage, a tenu à rappeler quelques règles essentielles. « Plus la chèvre produit du lait, plus la période de tarissement doit être anticipée, affirme-t-elle. Le type de fourrages doit être moins riche en protéines, tout en gardant une base de céréales afin d’apporter de l’énergie et de préparer la prochaine lactation. Et surtout, il ne faut pas couper l’eau ! Le tarissement, c’est une question d’anticipation et de transition douce. » Une pierre à lécher enrichie en iode ou en sel iodé peut également faciliter la prise de minéraux, importants pour la mise-bas et le chevreau. « Il faut rendre les minéraux naturellement présents dans les fourrages facilement assimilables », témoigne un éleveur, qui confie utiliser une méthode dite alternative. Afin de favoriser la digestion des fourrages grossiers et de rendre tous les minéraux disponibles, ce dernier donne un mélange de treize plantes sous forme de tisane. « Pour certains, nous bousculons des portes infranchissables… Pourtant, nous y trouvons notre équilibre. En revanche, il faut être rigoureux et travailler par étapes. » La tisane enrichie en sélénium organique est distribuée deux fois par semaine. « Nous rajoutons également des levures dans les repas de l’après-midi. Même si c’était déstabilisant au début, nous nous y retrouvons spectaculairement cette année, puisque nous avons maintenu le lait et les taux. » Une technique approuvée par Emma Rival, mais qui doit être utilisée avec modération sur des troupeaux à haute production laitière. 

Léa Rochon

*Anicap Auvergne-Rhône-Alpes-PACA, 
Auvergne-Rhône-Alpes Élevage, GDS 
Auvergne-Rhône-Alpes, Union des chevriers, Fidocl Conseil Elevage, Fromagerie de la Drôme, Agrial, Coopel, Criel Alpes Massif central. 

FCO : « Nous ne pouvons plus dire  que l’épizootie ne touche pas  les caprins »

Lors de cette journée technique, la fièvre catarrhale ovine (FCO) a dénoué bien des langues. Selon Philippe Allaix, conseiller ovin caprin au sein de la chambre d’agriculture de la Loire, l’épizootie a touché une dizaine d’éleveurs ligériens. Si quelques cas ont dégénéré en mortalité, la principale conséquence de la FCO de sérotype 8 a été la baisse de production. Ces paroles ont vivement fait réagir Nathalie Morardet, chargée de mission pour l’association de filière caprine Auvergne-Rhône-Alpes. « Le nombre de cas est significatif… Nous ne pouvons plus dire que la FCO ne touche pas les caprins ! Bien qu’en intensité, cette maladie soit sans commune mesure par rapport à ce que connaissent les ovins, elle n’est tout de même pas à négliger. Il existe des pertes indirectes que nous n’arrivons pas encore à mesurer, mais nous observerons peut-être une importante baisse de production l’année prochaine, qui pourrait être liée à la FCO. » Au cœur du public, une éleveuse n’a pas hésité à prendre la parole pour relater sa tragique expérience. « Cette année, j’ai perdu six chèvres à cause de la FCO, a-t-elle lâché. J’ai encore d’autres chèvres qui ont été touchées et qui ont des problèmes au nez et des mamelles pleines de boutons. » À cette liste de symptômes, le GDS a ajouté l’apparition de fortes fièvres et le raidissement des membres.

L.R. 

 Le poids de la filière caprine en Auvergne-Rhône-Alpes

1 130
élevages d’au moins 20 chèvres, soit la première région pour le nombre d’élevages caprins.
123 000
chèvres dans les élevages d’au moins 20 chèvres, soit 14 % du cheptel national. 
330
producteurs livreurs, soit 39 millions de litres de lait collectés et 7,5 % de la collecte nationale.
1 000
producteurs fermiers, soit 35 % de la transformation fermière française de lait de chèvre et la première région fromagère fermière.
65 
chèvres en moyenne chez les fromagers.

180 
chèvres en moyenne et une livraison moyenne de 120 000 litres, contre 206 000 litres au niveau national chez les livreurs. 
336 
exploitations caprines en agriculture biologique, soit 25 % des élevages caprins et la première région pour le nombre d’élevages caprins bio.