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Congrès FNPF à Valence

Philippe Buit : « J’ai toujours cru à l’abricot et j’y crois encore »

Sur la commune de Larnage, Philippe Buit et ses deux associés produisent essentiellement de l’abricot. Leur exploitation compte aussi de la vigne et un peu de cerisiers.  Le point alors à quelques jours du congrès de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF) organisé à Valence.

Philippe Buit : « J’ai toujours cru à l’abricot et j’y crois encore »
« A chaque nouvelle plantation, on prévoit l’installation de filets paragrêle », indique Philippe Buit, associé de l’EARL Coteau sud.

Installé en 1989 en Gaec avec son père, lorsque ce dernier a pris sa retraite, Philippe Buit s’est alors associé avec Thibaut Lamotte, en 1995. Dans les années 2000, avec l’arrivée de Cathy Buit, épouse de Philippe, le Gaec est alors transformé en EARL Coteau sud. Les statuts de la société ont changé mais pas la physionomie arboricole de cette exploitation qui compte 25 hectares d’abricotiers, 2,5 de cerisiers (sur des parcelles mal exposées ou trop petites) et 13 de vignes AOP Crozes-Hermitage. « J’ai toujours cru à l’abricot et j’y crois encore », souligne Philippe Buit. Une phrase qui rappelle un contexte difficile quand, à l’aube des années 2000, la sharka et les difficultés économiques ont vu les surfaces de pêchers et d’abricotiers fondre en Drôme sous la pression des arrachages. Depuis quelques années, les replantations ont pris le dessus mais « la sharka a marqué toute une génération d’arboriculteurs, confie Philippe Buit. Grâce aux efforts de prospection menés pendant dix ans sur notre zone de production, nous avons pu contenir la maladie en limitant sa pression. Et la sharka a fini par être éradiquée. »

Un objectif de 700 tonnes d’abricots

L’EARL Coteau sud compte 22 variétés d’abricotiers. Celles à vocation pollinisatrice occupent de petites surfaces. La gamme variétale s’étend de colorado (précoce) à bergecot (tardive), bergeron occupant la majorité des surfaces avec deux tiers de vergers âgés de plus vingt ans et un tiers de moins de dix ans. L’objectif de volume est fixé à 700 tonnes, soit de 25 à 28 tonnes hectare. Mais les aléas climatiques exceptionnels de ces dernières années (notamment la grêle en 2019 et le gel en 2021) ont douché les espoirs. « Quoi qu’il en soit, de la taille à la fertilisation, on raisonne avec cet objectif de tonnage », indique Philippe Buit. La production d’abricots est vendue à trois négociants drômois : principalement à HDC Lamotte (Bren) puis à Comptoir Rhodanien (Tain-l’Hermitage) et Huot Fruits (Gervans).
Grâce aux aides publiques de l’État et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes notamment, six hectares d’abricotiers ont été couverts de filets paragrêle. « A chaque nouvelle plantation, on prévoit cet investissement », précise-t-il. Par ailleurs, depuis 2003 le verger est certifié Global gap et depuis 2019 HVE (haute valeur environnementale). A noter, les vignes sont dans leur troisième année de conversion bio.

Main-d’œuvre : des productions complémentaires

Les trois productions de l’EARL Coteau Sud s’avèrent complémentaires pour les besoins de main-d’œuvre saisonnière. Outre ses deux permanents, l’EARL emploie deux salariés occasionnels polonais, qui débutent par la taille d’hiver, puis cinq à six salariés roumains pour l’ébourgeonnage de la vigne, la cueillette des cerises, l’éclaircissage et la récolte des abricotiers. « Embaucher de bonne heure permet de créer une ossature dans l’équipe, assure Philippe Buit. Mais nous répondons à tous les types de besoins, du contrat de fidélisation sur plusieurs mois au job étudiant sur quinze jours. » Au plus fort des récoltes, jusqu’à 70 salariés sont présents.

Christophe Ledoux
 

Sa préoccupation du moment : les distorsions de concurrence

Philippe Buit : « Rester compétitifs est essentiel. Je trouve anormal qu’en étant assuré grêle depuis toujours, je sois moins bien indemnisé que ceux qui ne font pas cet effort. C’est une distorsion. Autre exemple, en cerise, la suppression de matières actives en France aboutit à ne plus pouvoir maintenir le verger. L’Espagne, elle, n’est pas confrontée à cette suppression, c’est une distorsion de concurrence. Quant à la main-d’œuvre, le dumping social européen crée des différences de coûts entre pays au détriment de la France et de nos exploitations fortement employeuses. Chaque fois qu’il y a une distorsion, on ne peut pas être compétitifs. A long terme, c’est notre gros problème. »