Les cuma actrices du renouvellement des générations
La fédération des coopératives d’utilisation de matériel agricole (FDcuma) de la Drôme a tenu son assemblée générale le 3 mars à Mirabel-et-Blacons. Au programme : le renouvellement des générations et le livre blanc des Cuma remis aux candidats à la présidentielle.

L’assemblée générale du 3 mars aurait pu être une grande fête pour la fédération des cuma de la Drôme : celle de ses 60 ans. Mais le contexte sanitaire incertain il y a encore quelques semaines a incité ses responsables à la prudence. « On reportera cela à 2023 », confie son président Jean-Pierre Feschet. Il se réjouit tout de même d’avoir pu réunir ses troupes, après une édition 2021 qui avait eu lieu en visioconférence.
Malgré la crise de la Covid-19, la FDcuma a souhaité être « sur le terrain ». En 2021, les démonstrations de matériels ont rencontré un grand succès, notamment celles consacrées aux matériels de destruction des couverts végétaux, coorganisées avec la chambre d’agriculture, en mars à Montvendre et septembre sur le salon Tech&Bio. Deux rencontres sur la valorisation des bois de haies (bois de chauffage, paillage des animaux...) et une démonstration de binage sur thym et maïs ont également été proposées. « Ces démonstrations vous sont utiles. Nous poursuivrons leur organisation, en collaboration avec nos partenaires et à votre demande », affirme Jean-Pierre Feschet.
Un million d’euros d’investissement
Autre élément clé de l’année 2021 : la dynamique d’investissement au sein des cuma drômoises. 34 matériels, pour un montant d’un million d’euros, ont été aidés en moyenne à 50 %. Cependant, l’actuel programme de développement rural Feader prend fin en 2022. « Vous avez jusqu’au 31 mars pour déposer vos demandes, ensuite les modalités vont changer », avertit le président. La fédération régionale des Cuma, en collaboration avec les fédérations départementales, négocie en ce moment avec les services de la Région pour obtenir les conditions les plus favorables. « Mais dans un contexte budgétaire restreint, ces discussions ne sont pas toujours faciles », prévient Jean-Pierre Feschet. Les Cuma ont également été éligibles au plan France Relance. « Cette éligibilité n’était pas acquise et il a fallu toute la force de notre réseau pour obtenir qu’un nombre important de cuma ait accès à ce plan », souligne-t-il. L’occasion de rebondir sur l’importance du réseau, dont la pérennité et l’efficacité passe par le renouvellement des générations parmi ses responsables. C’était le thème central de cette assemblée générale.
Recruter les jeunes
Trois témoignages ont illustré comment ce renouvellement peut se concrétiser. Didier Veyron, trésorier de la FDcuma de l’Isère, a partagé les actions menées depuis quatre ans pour attirer de nouveaux administrateurs au sein de la structure départementale. « Après un séminaire réunissant élus et salariés de la FDcuma en 2018, nous avons tracé une feuille de route pour aller chercher les jeunes arrivés dans les cuma », explique-t-il. De nouveaux adhérents, qui semblaient capables de s’impliquer, ont été identifiés. « En novembre dernier, nous les avons invités à un conseil d’administration. Nous avions demandé à nos animateurs d’être créatifs et de rendre vivant ce conseil. Nous avons recommencé en janvier et neuf d’entre eux devraient nous rejoindre. Cela a pris du temps de repérage, de relance par les animateurs, les administrateurs mais après quatre années d’efforts, nous devrions pouvoir préparer en douceur la transition entre ceux qui quitteront le conseil prochainement et ceux qui arrivent », conclut le trésorier de l’Isère.
« Une image positive des cuma »
Autre expérience : celle de Clément Delage, trésorier de la Cuma de Cresta à Espenel, créée en 2020. « Nous étions plusieurs jeunes coopérateurs de la cave Jaillance à nous installer à la même période. Nous connaissions le modèle cuma via nos études agricoles. Nous en avions une image positive. Nous avons donc démarré à six jeunes installés et nous avons depuis raccroché trois autres exploitations, raconte Clément Delage. Les responsabilités se sont réparties naturellement en fonction de nos affinités et domaines de compétences. Pour l’instant nous avons choisi un modèle léger en investissant dans du matériel sur lequel il y a peu de concurrence en matière d’utilisation sur nos exploitations et nous préférons rester peu nombreux, c’est plus facile d’échanger, de se réunir vite. »
Léo Bérard, agriculteur à Bourdeaux et tout jeune président de la cuma Les Cénobites tranquilles, créée en 2007, a ensuite expliqué comment depuis un an il prend progressivement ses marques. « L’ancien président était en place depuis 2007, j’ai accepté la présidence pour le soulager mais nous n’avons pas changé le bureau. Nous sommes neuf dans la cuma et tout le monde participe aux réunions, explique-t-il. Nous avons essayé de redynamiser le fonctionnement notamment en réorganisant les plannings grâce à WhatsApp, beaucoup moins galère que les mails. » Pour réussir cette transition, Léo Bérard souligne qu’il est important d’être soutenu par l’ensemble des adhérents. Et pour booster leur cuma, ils viennent de s’engager dans le dispositif national d’accompagnement des projets et initiatives (Dina). Quatorze cuma drômoises en ont bénéficié en 2021.
Sophie Sabot
Trophées des cuma : transmission, esprit et ambition

Trois cuma drômoises ont été récompensées, chacune dans une catégorie bien spécifique. Le prix de la transmission a été remis à la cuma Les Cénobites tranquilles, qui a su assurer son renouvellement de présidence. Léo Bérard, nouveau président, a reçu ce prix.
Le prix de l’esprit a été remis à la cuma des Crozes, représentée par son président Pierre-Henri Defrance. Enfin, le prix de l’ambition a été remis à la cuma des Gousses, dont le siège est à Ourches et qui a vu le jour en 2019. Celle-ci réunit quatre exploitations qui ont fait le choix de mettre 100 % de leur matériel en commun et d’embaucher deux salariés : un responsable matériel et un chauffeur. En l’absence du président Léo Girard, le prix a été remis à Adrien Martel.
S.S.
Livre blanc : les cuma veulent participer à la « révolution agricole »
Fruit d'une grande consultation auprès de 11 700 agriculteurs, le livre blanc du réseau cuma (à consulter ci-dessous) vient d’être publié dans le cadre des élections présidentielles 2022. Celui-ci contient quinze propositions pour révolutionner l'agriculture par le « faire ensemble ». « Alors que la notion de “révolution agricole” irrigue le débat public autour de la génétique, de la robotique ou encore du numérique, il n’a jamais été autant essentiel de redonner une vraie place à l’humain, au collectif dans l’agriculture et de rompre l’isolement avec la société civile », justifie la fédération nationale des cuma. Elle souhaite « faire gagner en compétitivité et en résilience les exploitations agricoles, créer des leviers de terrains pour passer en mode agroécologique, impulser de nouveaux modèles de coopération, dynamiser le lien social et sociétal avec l’agriculture. Autant de facteurs favorables à la multiplication des installations en agriculture. » Les quinze propositions du livre blanc (à consulter sur www.agriculture-dromoise.fr) ont été transmises aux candidats à l’élection présidentielle. Lors de l’assemblée générale du 3 mars, Jean-Pierre Feschet, président de la FDcuma de la Drôme en a remis un exemplaire à la députée Célia de Lavergne.