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Environnement

L'Etoile du Vercors aura sa propre station d'épuration

Le maire de Saint-Just-de-Claix a accepté de signer le permis de construire pour que la fromagerie l'Etoile du Vercors, qui vient d'être condamnée, ait sa propre station d'épuration.
L'Etoile du Vercors aura sa propre station d'épuration

 La fromagerie iséroise « Étoile du Vercors », appartenant à Lactalis depuis 2011, a été condamnée le 8 avril par le tribunal correctionnel de Grenoble à verser une amende de 100 000 euros (dont 50 000 avec sursis) pour ses rejets d'effluents dans la rivière l'Isère. Un montant « loin de compenser les dommages sanitaires et environnementaux », selon l'association France Nature Environnement, une des quatre associations parties civiles à ce procès (avec la Frapna Isère, Les amis de la Terre et la Fédération de la pêche de l'Isère). L'entreprise a été en outre condamnée à leur verser 55 000 euros. Le directeur et l'ancien directeur de l'Étoile du Vercors, également poursuivis, ont quant à eux été relaxés.
Si Lactalis n'a pas encore souhaité réagir à cette condamnation, il faut tout de même rappeler que l'entreprise avait projeté il y a huit ans de construire, sur son site, sa propre station d'épuration. Pas moins de quatre demandes de permis de construire avaient été déposées, toutes rejetées par le maire de la commune, Joël O'Baton. Ce dernier souhaitait que l'entreprise se raccorde au réseau d'assainissement intercommunal. Il a finalement cédé, « à contrecœur », alors que l'Etoile du Vercors vient d'être condamnée.

Soulagement

Pour l'Etoile du Vercors, cette décision « est un soulagement qui mettra fin au fait que nos eaux usées n'étaient toujours pas traitées, confiait la semaine dernière Pascal Vaucher. Le maire avait toutes les pièces nécessaires pour nous accorder le permis de construire. » Dans l'idéal, la station d'épuration serait attendue pour cet hiver, le pic de production arrivant avant Noël. C'est à ce moment-là que la fromagerie transforme 100 000 litres de lait par jour (en moyenne 50 000 litres dans l'année) et où les rejets sont les plus importants. L'équipement, dont l'investissement est estimé à 2,3 millions d'euros, sera capable de traiter des quantités d'effluents supérieures aux besoins actuels car le directeur « espère développer du volume dans les années à venir ».
L'entreprise produit 2 500 tonnes de fromages par an, dont 600 de saint-marcellin et 1 200 de saint-félicien, un produit qui a le vent en poupe, de même que les fromages bio. L'Etoile du Vercors recherche d'ailleurs encore plusieurs millions de litres de lait bio pour répondre à la demande de consommation, qui bondit depuis deux ans. Elle travaille avec 80 producteurs de lait de vache et huit de lait de chèvre, emploie 143 salariés et réalise un chiffre d'affaires de 27 millions d'euros (en croissance).

Des effluents chargés

L'affaire de la station d'épuration était devenue un enjeu économique pour le territoire, autant du point de vue des producteurs que des salariés, ou des emplois indirects. C'est peut-être à cela que fait allusion le maire de Saint-Just-de-Claix lorsqu'il évoque des « pressions ». Toutes les hypothèses, y compris celle de la délocalisation, avaient été envisagées.
Pascal Vaucher rappelait la semaine dernière que Lactalis ne souhaitait pas se raccorder à la sation intercommunale pour des raisons techniques liées à des méthodes d'épuration incompatibles entre effluents urbains et effluents agroalimentaires. « Nos effluents sont chargés et risquaient de poser des problèmes à la station d'épuration », expliquait-il. Il avançait aussi des problèmes de capacité. Pour autant, il est encore prématuré de savoir si les boues de la station de l'Etoile du Vercors pourront être réutilisées en épandage agricole.
Du côté du monde agricole, un responsable confiait la semaine dernière que la délivrance d'un permis de construire la station d'épuration serait « une bonne chose pour les producteurs » car elle « garantirait la pérennité de l'entreprise ». Voilà qui est fait.

Isabelle Doucet et C.L.