Accès au contenu
Sinistre climatique

Grêle et vent s'acharnent sur la Drôme

Ce premier week-end de juillet, vent et grêle ont à nouveau causé des dégâts dans la Drôme. Pour certaines exploitations, c'est la deuxième fois en trois semaines.
Grêle et vent s'acharnent sur la Drôme

Dans la nuit du 6 au 7 juillet, un nouvel orage dévastateur arrivant de l'Ardèche a traversé la Drôme. Il a touché 19 communes, qui s'ajoutent la liste des 30 premières fortement impactées par le sinistre climatique du 15 juin. A Larnage, Jean-François Vassy a perdu 100 % de la récolte de quatre hectares d'abricotiers (sur 20) dont les fruits ont été martelés par de gros grêlons. Il s'estime cependant être relativement épargné car il n'a pas de perte de fonds, comparé à des voisins plus impactés dont les arbres abîmés donneront probablement peu de production en 2020. Il a des plantations protégées par des filets mais pas dans la zone grêlée. « Et je suis assuré de manière à couvrir les charges, indique-t-il. Mais certains n'ont plus rien à récolter et n'étaient pas assurés. Il va y avoir des situations dramatiques. »

Chez un arboriculteur à Larnage.

Touchées deux fois

  Chez un maraîcher à Bren.

L'exploitation de Gérard Héraud avait souffert des intempéries du 15 juin à Châteauneuf-sur-Isère. Elle est à nouveau atteinte, cette fois-ci à La Baume-d'Hostun : 60 % de dégâts, estime-il, sur ses tournesols semences (6,5 hectares), dont les pompons étaient en cours de formation. La grêle les avait déjà touchés le 15 juin mais en faisant peu de dégâts. « Toute mon exploitation est assurée au maximum de ce que l'assureur peut m'assurer », précise-t-il. Et il ajoute : « Il faut qu'on nous aide car ça va être très dur ».

Noyers déracinés.

A Châtillon-Saint-Jean, 80 % de l'exploitation de Jean-Baptiste Vye avait été touchée à presque 100 % le 15 juin. Cette fois-ci, c'est les 20 % restant. « L'orage est arrivé à la perpendiculaire de la dernière fois, explique-t-il : Saint-Barthélemy-de-Vals, Saint-Donat, Peyrins, Génissieux, Châtillon-Saint-Jean, Saint-Paul-les-Romans, Eymeux... J'ai au moins 150 noyers de plus par terre.

Le 15 juin, j'en avais déjà eu 500 et mes parents 237. Et toutes les cultures qui n'avaient pas été grêlées ce jour-là ont été pilées dans la nuit du 6 au 7 juillet. Les maïs sont coupés à hauteur des fusées. Sur le soja, il reste une tige. Des blés non moissonnés, il ne reste rien... » Jean-Baptiste Vye s'inquiète aussi pour les salariés du service de remplacement de Romans, service dont il est le président : « Ils n'ont plus de travail. Les adhérents ont décommandé car ils ne pourront pas payer les salariés ». Sur son exploitation, 4 000 heures de travail seront nécessaires, d'après lui, pour relever les noyers (quand c'est possible), couper, déblayer les plantations, réparer les systèmes d'irrigation... « L'activité partielle permet de mettre au "chômage" des salariés : les employeurs paient seulement les heures travaillées et bénéficient d'une aide publique (de 7,74 euros par heure chômée, exonérée de cotisations sociales patronales et salariales), ajoute Jean-Baptiste Vye. Or, nous avons besoin de main-d'œuvre pour remettre d'aplomb nos plantations, plutôt que de chômage. Il serait donc plus approprié que nos salariés continuent à travailler sur nos exploitations et que nous percevions cette aide. Elle nous aiderait à les rémunérer. Il faut que l'Etat change la règle et entende la demande de la profession. »

 

De gros dégâts dans le Royans

Champ de maïs saccagé.

A Sainte-Eulalie-en-Royans, Christophe Bellier signale de gros dégâts avec production perdue en noix, maïs, céréales à paille chez lui, comme chez des voisins. La tempête lui a couché une trentaine de noyers. Sur le secteur de Sainte-Eulalie, Saint-Laurent et Saint Jean-en-Royans, 450 à 500 noyers auraient été déracinés. A Saint-Laurent-en-Royans, où il y en aurait plus de 300, Jean Cottin a été très impacté par la grêle et la tornade. « J'étais en plein dans le rayon », signale-t-il. Il ne sait comment vont évoluer les noix qui restent sur ses arbres mais évalue à au moins 90 % la perte de production et entre 100 à 120 le nombre de noyers arrachés, sans compter ceux déstabilisés ou en partie cassés. « A Saint-Laurent, personne n'avait jamais vu un orage d'une telle violence, dit-il. C'est la désolation à l'état pur. Et je ne suis pas assuré. Il ne me reste plus que les yeux pour pleurer. »

A Saint-Laurent-en-Royans.
Dimanche 7 juillet, un autre orage de grêle avec de gros grêlons mais de faible intensité (venant lui aussi de l'Ardèche) est passé sur une partie des communes de Loriol, Saulce, Cliousclat, Livron. Il a causé des dégâts sur fruits (20 à 50 % de pêches seraient non récoltables suivant la situation des parcelles) mais sans perte de fonds, selon Marc Fauriel.
Le 9 juillet, pour constater les dégâts et apporter un soutien aux agriculteurs sinistrés, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de la Drôme sont allés sur le terrain avec le préfet Hugues Moutouh. Ils ont visité trois exploitations, à Saint-Laurent-en-Royans (noyers, maïs, élevage), Bren (maraîchage, arboriculture) et Larnage (viticulture, arboriculture).

 

Annie Laurie

Accompagnement d'urgence

Dès le 18 juin, la chambre d'agriculture a mis en place un numéro de téléphone « urgence grêle ». Elle propose un accompagnement dans différents domaines : expertise des dégâts, conduite des cultures, traitements, tailles, récolte, re-semis, trésorerie, déclaration assurance, emploi des salariés, réglementation, Pac, jeunes agriculteurs... Pour y accéder, les agriculteurs sinistrés peuvent contacter le 04 27 24 07 43 aux heures de bureau ou envoyer un mail à [email protected].