Portrait
Auberge de la Bâtie : une histoire de diversification en cinq générations 

Au Gaec de la Bâtie, l'agriculture est une affaire de famille. Alors que la transmission est un des enjeux forts du métier, les trois filles de la famille Mancip ont toutes des projets liés à la ferme où elles ont grandi. L'une d'elles s'est installée au sein de l'exploitation et l'aînée vient d'ouvrir une ferme auberge avec son compagnon. Une histoire de cuisine, de produits locaux transformés sur place et de générations qui font perdurer l'exploitation.

Auberge de la Bâtie : une histoire de diversification en cinq générations 
De gauche à droite : Benoît Cauvin, Gaëlle Mancip, Maëla Mancip et Énora Mancip après un service à l'auberge de la Bâtie. ©AD26-EP

C'est un petit chemin le long de la D93, avant le village de Montlaur-en-Diois qu'il faut emprunter pour se rendre à l'auberge de la Bâtie. Depuis plus d'un mois les clients viennent déguster les plats de Gaëlle Mancip et Benoît Cauvin. La restauratrice a grandi dans le Diois et le restaurateur est originaire du Calvados, en Normandie. Le couple a roulé sa bosse en cuisine pendant une dizaine d'années, dans de grandes maisons avec des chefs réputés, avant de s'installer dans le Diois. La qualité de vie, les paysages et leur amour de la nature les ont convaincu. Leur projet de restaurant est finalement né, au sein même de la ferme familiale où Gaëlle a grandi.

Pour rejoindre la ferme, il suffit de monter la petite route au-dessus du restaurant. Les parents, Jean-Louis et Marie-Armelle Mancip, sont en polyculture élevage, en bio. Maëla, une de leur fille, est installée dans le Gaec et la petite dernière, Énora, a fait des études agricoles. La cinquième génération de l'exploitation est donc assurée, avec en prime une belle histoire de diversification des activités.

De la cuisine en circuit direct 

Benoît Cauvin et Gaëlle Mancip dans la cuisine de leur restaurant. ©AD26-EP

Gaëlle a fait de sa passion pour la cuisine son métier et une plus-value pour le Gaec, dont le restaurant fait partie intégrante. « Nous avons baigné dans l'agriculture mais nos parents ont tenu compte de nos appétences », souligne-t-elle. Dans le bâtiment remis à neuf de l'auberge, on trouve une grande salle et une terrasse avec vue imprenable sur les montagnes pour un total de vingt-quatre couverts. La cuisine ouverte, moderne, donne à voir en direct la confection des plats. C'est dans cette salle, à la décoration particulièrement soignée, que le couple propose une vision de la cuisine en circuit direct « de la fourche à la fourchette ». Leur idée est de valoriser les produits de la ferme. Les menus sont élaborés selon la saison et les producteurs locaux, des voisins de l'exploitation, font aussi partie des fournisseurs du restaurant.

De gauche à droite : Benoît Cauvin, Énora Mancip, Marie-Armelle Mancip, Maëla Mancip, Jean Mancip, Gaëlle Mancip et Jean-Louis Mancip. Trois générations réunies ! ©AD26-EP

Au Gaec de la Bâtie, on est habitué à la diversification : au fil des années et des générations ont été ajoutées des activités à la ferme. Avec un cheptel de brebis mérinos, du foin, des céréales, des noix et un moulin à noix pour valoriser celles de plus petit calibre. L'exploitation s'est toujours adaptée pour évoluer. Récemment, Maëla Mancip s'est installée pour produire des légumes sur la ferme qu'elle livre directement au restaurant. « Je pense que c'est rassurant de savoir que nous avons installé une activité qui n'est pas dépendante de la météo et des changements climatiques », soulignent les deux restaurateurs de l'auberge de la Bâtie.« Mon père a surveillé la météo toute sa vie », ajoute Gaëlle Mancip. Dans la conjoncture actuelle, diversifier ses activités est un atout, ne « pas mettre tous les œufs dans le même panier » permet de pérenniser son activité, malgré les calamités agricoles.

Un premier mois encourageant 

Après une ouverture le 29 juin dernier, Gaëlle Mancip et Benoît Cauvin sont plutôt satisfaits du démarrage de leur restaurant. Leur cuisine, qu'ils revendiquent « classique » mais savoureuse et créative avec des produits sourcés, plaît aux locaux qui sont au rendez-vous. D'ailleurs ce travail de sourcing des produits est distillé durant le service. Car pour cette première saison, tout se fait en famille et ce sont Maëla et Énora Mancip qui sont en salle. Un choix qui permet aux restaurateurs d'être sereins : qui de mieux que celles qui ont grandi là pour parler des produits du Diois aux clients ?

L'hiver, le restaurant sera fermé et Benoît Cauvin participera aux travaux de la ferme. Très bien intégré dans le Gaec, il se dit « aussi heureux sur un tracteur qu'en cuisine ». Pour le moment, les deux restaurateurs constatent un certain enthousiasme pour leur établissement avec des réservations qui affluent. Il faut dire que dans le Diois, le bouche-à-oreille est la meilleure des publicités. « On fait la cuisine qu'on aime chez nous », résument-ils simplement.

Elodie Potente

L'auberge de la Bâtie, 605 chemin de la Bâtie, Montlaur-en-Diois. Du mardi au samedi de 12 h à 13 h 30 et de 19 h à 20 h 45. Réservation conseillée surtout pour le service du soir au 06 07 63 43 01.

Une histoire en cinq générations 

Maria et Joseph Chaffal acquièrent la ferme de la Bâtie en 1912, puis leur fille Marie épouse Sylvain Mancip. Leur fils Jean épousera Maryse en 1967 et ils continueront à développer la ferme en ajoutant un troupeau de brebis. Puis c'est leur fils, Jean-Louis, qui prendra le relais. En 1999, Marie-Armelle rejoint l'exploitation, ils créent l'EARL de la Bâtie puis le Gaec en 2018. Aujourd'hui, les arrières-arrières petites filles de Maria et Joseph Chaffal font naître de nouveaux projets pour la ferme.