Raniculture
A Pierrelatte, un élevage de grenouilles unique en son genre

Produit noble par excellence, la grenouille a fait sa renommée sur les tables des restaurateurs français. À Pierrelatte, Patrice François est à la tête de l’élevage « Grenouille de France », le premier à s’être installé sur le territoire national.

A Pierrelatte, un élevage de grenouilles unique en son genre
Au sein de son élevage semi-extensif, le raniculteur compte près de 150 000 grenouilles, élevées dans des bassins à température comprise entre 20 et 25°C. ©ArchivesAD

Poissonnier de profession, Patrice François s’est installé depuis 2010 en tant que raniculteur à Pierrelatte dans la Drôme. Une deuxième activité pour laquelle il s’est pris de passion il y a plus de vingt ans. « Je travaillais dans un atelier de transformation de grenouilles, mais au vu des difficultés d’importation de ce carnassier, je me suis penché sur l’élevage », explique-t-il. En France, le marché est inexistant bien que la consommation soit au rendez-vous. La Chine, en revanche, élève près de 10 000 tonnes de grenouilles par an. Après avoir passé plus de dix ans à recevoir toutes les autorisations nécessaires – la grenouille étant une espèce protégée - Patrice François a fait l’acquisition de 2 500 reproducteurs souches auprès de l’Inra pour démarrer son élevage. Au sein de son élevage semi-extensif, le raniculteur compte près de 150 000 grenouilles, élevées dans des bassins à température comprise entre 20 et 25 °C. « Nous travaillons en circuit fermé : l’eau est purifiée avant de retourner dans le système », explique-t-il. Les bassins sont chauffés grâce à une centrale de cogénération biomasse située à proximité. « L’une des spécificités de l’élevage de grenouilles se concentre sur l’alimentation. Elles se nourrissent uniquement d’aliments inertes, à base de protéines végétales et animales », détaille Patrice François. Chaque semaine, il fait le trajet de Roanne – où il tient sa poissonnerie – jusqu’à Pierrelatte pour l’abattage, dans une salle dédiée, et l’expédition vers ses clients, en majorité des restaurateurs, dont Bocuse, Blanc ou encore Pic. Les pontes s’effectuant de décembre à août, il convient de gérer l’approvisionnement, d’autant plus que le taux de survie est estimé à seulement 10 %. « Quoi qu’il en soit, les débouchés sont nombreux et l’offre actuelle ne suffit pas à répondre à la demande. J’ai donc comme objectif de doubler la surface », indique Patrice François, qui travaille à ce jour au sein d’une serre de 2 000 m². Il embauche trois salariés à temps plein pour assurer une veille de sept jours sur sept et les multiples missions qu’un tel élevage demande. Patrice François avoue s’appuyer sur son activité de poissonnier pour maintenir à flot son élevage de grenouilles, en attendant de pouvoir augmenter sa production. 

Amandine Priolet

Patrice François a fait l’acquisition de 2 500 reproducteurs souches auprès de l’Inra pour démarrer son élevage. © AP