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EXPÉRIMENTATION

Abricots : les variétés de demain  en Auvergne-Rhône-Alpes

L’adaptation au changement climatique vient se rajouter aux nombreux défis auxquels la filière fruits à noyau est déjà confrontée. À ce titre, des expérimentations sont menées afin de déterminer les variétés du futur en région.

Abricots : les variétés de demain  en Auvergne-Rhône-Alpes
De nouvelles variétés d’abricotiers sont étudiées à la Sefra avec des dates de floraison tardives ou semi-tardives pour lutter contre les périodes de gel de plus en plus régulières au printemps. © DR

La production d’abricots se répartit pour moitié en région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) et en Occitanie. Cependant, depuis au moins cinq ans, la région Aura subit des aléas climatiques importants (périodes de gel à répétition) et une irrégularité de production sans précédent. Dans ce contexte, « nous sommes chargés de sélectionner les variétés les plus adaptées à notre région, en tenant compte de l’ensemble des critères », a signalé Christophe Chamet, responsable du programme abricot à la station expérimentale fruits de Rhône-Alpes (Sefra), à l’occasion des 10e Rendez-vous de l’Arbo organisés le 13 décembre dernier à Valence (Drôme). La Sefra étudie de nouvelles variétés capables non seulement de s’adapter aux conditions hivernales et phénologiques, mais aussi à différents paramètres comme le comportement face aux bio agresseurs, le bon potentiel de calibre, la production régulière, la qualité et la présentation des fruits, etc. Aujourd’hui, l’adaptation au changement climatique est donc un passage obligatoire pour la filière. « Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, les besoins en froid (température inférieure à 7,2 °C durant 500 à 700 heures pour les variétés récentes, NDLR) pour une bonne qualité de fleurs sont toujours satisfaisants contrairement à la région Sud. Cependant, nous avons un avancement de la floraison depuis plusieurs années avec des sorties d’hiver de plus en plus doux (janvier et février). 
À cette période, les risques de gel ne sont pas écartés et selon l’avis des climatologues, nous serons toujours exposés à ces descentes d’air froid dans les années à venir », a poursuivi Christophe Chamet.
Devant des vergers d’abricotiers de variété bergeron de plus en plus vieillissants dans notre région et moins adaptés aux fortes périodes de chaleurs, l’idée est d’encourager les producteurs à renouveler leurs parcelles en implantant de nouvelles variétés, comme noogat, kaola, aristo, winter cot, winnie cot, la cockli’cot, etc. « Ce sont toutes des variétés régulières en production, avec des dates de floraison tardives ou semi-tardives. La rusticité du fruit, sa qualité et sa présentation sont des critères de choix également », a indiqué l’ingénieur de la Sefra. Avant de conclure : « nous travaillons sur le maintien et le développement de notre potentiel de production et de commercialisation allant de fin juin à fin août, un créneau beaucoup moins concurrentiel que celui du mois de juin, pris d’assaut par les producteurs du sud de l’Europe, et notamment l’Espagne ». 

A. P.

AOP pêches  et abricots de France en chiffres

Un bilan de campagne globalement satisfaisant
Raphaël Martinez, directeur de l’AOP pêches et abricots de France, a dressé un bilan de la campagne 2022 des pêches, nectarines et abricots pour les adhérents de l’AOP. Avec un volume de production commercialisé de 151 000 tonnes (contre 108 000 t en 2021), les vergers de pêches et nectarines sont en plein potentiel. Si les conditions climatiques ont été favorables à la consommation et à la qualité pendant la majorité de la saison, la présence de certains ravageurs (cicadelle, punaise) semble inquiéter les professionnels. Quant à la production d’abricots, la météo a été favorable pendant la majeure partie de la saison. Le gel et les pluies ont toutefois entraîné une demi-récolte en zone Roussillon, tandis que les chaleurs excessives et le manque d’éclaircissage ont fait perdre du calibre aux fruits en Rhône-Alpes. « Nous avons atteint un niveau de production proche du plein potentiel, mais qui montre l’impact des arrachages et de la faiblesse des plantations ces cinq dernières années », a commenté Raphaël Martinez. 
A.P.

Repères de l’AOP
Pêches et nectarines
• Volume de production commercialisé en 2022 : 151 000 tonnes (contre 108 000 t en 2021),
• Prix de vente moyen au stade consommateur : 3,49 €/kg,
• Coût de revient : 1,71 € / kg .
Abricots
• Volume de production commercialisé en 2022 : 61 000 tonnes (contre 45 000 t en 2021), dont 10 000 t de bergeron,
• Prix de vente moyen au stade consommateur : 3,65 € / kg, 
• Coût de revient : 1,93 € / kg.  
L’AOP Pêches et Abricots de France représente en moyenne un potentiel de 150 000 tonnes de pêches et 80 000 tonnes d’abricots. Elle regroupe 52 metteurs en marché français, dont 22 organisations de producteurs. Soit plus de 900 producteurs issus des quatre grandes régions productrices : la Vallée du Rhône, la plaine de la Crau, les Costières, le Roussillon et la Corse. Ensemble, ils communiquent auprès du consommateur sous la signature “Pêches et Abricots de France” et le logo Vergers écoresponsables. 

Label rouge abricot : une réussite collective

Label rouge abricot : une réussite collective
En 2022, près de 66 000 barquettes d’abricots label rouge ont été commercialisées. ©A-L Chaussabel

Longtemps oublié, le label rouge abricot est revenu au goût du jour depuis sept ans. Les producteurs engagés dans cette démarche de qualité ont produit 49 tonnes d’abricots en 2022.  Créé en 2001, le label rouge abricot a connu une vaste période de mise en sommeil jusqu’en 2014, période à laquelle l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), faute de production, avait indiqué aux producteurs que l’homologation allait leur être retirée. « C’était dommage de perdre ce label rouge dans la mesure où il avait fallu mobiliser trois ans de travail pour l’obtenir. D’autre part, il donnait une chance de créer de la valeur ajoutée sur un produit haut de gamme. Aujourd’hui, on parle beaucoup de qualité gustative et ce sigle national est l’outil le plus adapté pour valoriser la qualité gustative des abricots et des fruits en général », a expliqué Anne-Lise Chaussabel, conseillère en arboriculture à la chambre d’agriculture de la Drôme et animatrice de l’ODG Qualité Fruits Plus.
 « À l’origine, le label rouge a été créé pour l’abricot bergeron. Depuis que l’on a relancé le dossier en 2014-2015, nous avons pu faire inscrire de nouvelles variétés afin d’étendre le panel et ainsi développer des volumes éligibles
pour créer de nouveaux marchés », a-t-elle précisé. Cet axe de travail a été rendu possible grâce au soutien du Plan fruits proposé à l’époque par la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Développer les volumes 

Après des aléas climatiques (grêle, gel) qui ont fortement perturbé les volumes de production ces dernières années, ce sont plus de quarante-neuf tonnes d’abricots label rouge qui ont été produits et commercialisés en 2022 par les dix-sept producteurs et conditionneurs adhérents. « Les producteurs viennent d’Isère, de la Drôme mais aussi du Gard et des Bouches-du-Rhône. En effet, l’abricot label rouge n’est pas relié à une zone géographique de production, comme cela peut être le cas pour le kiwi de l’Adour label rouge », a rappelé Anne-Lise Chaussabel. Depuis la relance du label rouge, une quinzaine de nouveaux producteurs ont rejoint le mouvement, avec « la volonté de développer ce produit de qualité supérieure (délai entre la récolte et la mise en rayon de 5 jours maximum, hormis pour les abricots bergeron avec une tolérance de 10 jours, NDLR), et de créer une émulation collective pour développer les volumes et les mises en marché », a indiqué l’animatrice de l’ODG Qualité Fruits Plus. À l’avenir, les producteurs ont pour objectif d’élargir la gamme de packaging (plateaux lités, paniers bois, etc.) pour aller au-delà de la barquette en carton de 750 g mise en place en 2022 et ainsi satisfaire de nouveaux clients. « En 2022, près de 66 000 barquettes de 750 g d’abricots ont été vendues », a toutefois noté Anne-Lise Chaussabel. En termes de valorisation, l’ODG envisage également de travailler sur l’augmentation du nombre de variétés d’abricots autorisées dans le cahier des charges du label rouge et sur le recrutement de nouveaux adhérents. 
A. P.