EARL Martin Seiglières : la fraise et la pomme avant tout
Depuis 2005 à Epinouze dans le Nord-Drôme, Rachel et Emmanuel Martin ont fait évoluer leur exploitation autour de trois productions : fraises, abricots et pommes. Le point alors à quelques jours du congrès de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF) organisé à Valence.

Lorsqu’il s’est installé en Gaec en 1994, Emmanuel Martin et ses parents produisaient essentiellement des pêches, un peu de fraises de plein champ et des pommes. La liquidation de la coopérative Rambert Fruits et la présence d’un gros foyer de sharka dans leur secteur ont modifié considérablement la physionomie de l’entreprise. « Cela a constitué un gros tournant, raconte Emmanuel Martin. En trois ans, au début des années 2000, tous les pêchers ont été arrachés. » En 2005, la retraite de ses parents nécessite aussi une réorganisation. Le Gaec est transformé en EARL unipersonnelle gérée par Emmanuel Martin. Son épouse Rachel, jusqu’alors conjointe d’exploitant, prend le statut de salariée. Tous deux décident de développer la fraisiculture. « Nous avons démarré avec 4 000 mètres carrés sous abri pour atteindre progressivement sept hectares en 2021 », expliquent-ils. Depuis 2017, ils s’orientent vers davantage de hors-sol (1,9 ha aujourd’hui) pour palier au problème de la pénibilité des différents travaux au sol. A noter, les cultures sous abris ont permis, l’an dernier, de sauvegarder des volumes après les gelées exceptionnelles d’avril.
Un triptyque parfaitement raisonné
A côté des fraises, l’EARL Martin Seiglières maintient son verger de pommiers, qui représente aujourd’hui 24 hectares à dominante variétale gala, trois quarts sous filets paragrêle. Entre 2010 et 2012, dix hectares d’abricotiers sont plantés avec des variétés autofertiles rustiques, majoritairement du bergeval. Ce triptyque est parfaitement raisonné. « Nous avons fait le choix d’investir beaucoup sur la fraise et la pomme - qui représentent 80 % du chiffre d’affaires - car la sharka sévit encore sur notre secteur, sans compter l’ECA et la bactériose, indique le couple. D’une année sur l’autre, les tonnages d’abricots ne sont pas stables. De plus, nous sommes dans la zone de production drômoise la plus septentrionale, donc plus gélive. »
La commercialisation des fraises et abricots se fait à 70 % auprès d’une centrale d’achat de primeurs. Pour la pomme et la poire (trois hectares), l’EARL travaille principalement avec des expéditeurs. Le reste est vendu en circuits courts et vente directe.
Contrats Ofii : un « noyau dur stable »
L’EARL Martin Seiglières compte quatre permanents. De début avril à octobre, elle a recours à de la main-d’œuvre occasionnelle. Sept contrats Ofii* en provenance du Maroc viennent ainsi en renfort pendant plusieurs mois. Ces salariés constituent un « noyau dur stable », extrêmement important dans le fonctionnement opérationnelle de l’entreprise. Du 15 avril à début juin, pendant la cueillette des fraises, jusqu’à trente personnes travaillent sur l’exploitation, la plupart étant des bi-nationaux (espagnols originaires d’Amérique latine). Le verger d’abricotiers permet d’optimiser la main-d’œuvre au cours de l’été. Car avant et après la récolte des abricots, les besoins en personnel restent élevés sur les plantations de fraisiers (débâchage des tunnels, travail du sol…).
Christophe Ledoux
* Ofii : Office français de l’immigration et de l’intégration.
Leur préoccupation du moment : la main-d’œuvre
Emmanuel et Rachel Martin : « C’est très compliqué de trouver de la main-d’œuvre locale sur notre secteur car nous sommes trop éloignés des villes comme Saint-Rambert-d’Albon, Chanas, Romans ou Valence, pourvoyeuses de candidats. Aussi, nous comptons sur les contrats Ofii et nous aimerions que l’administration en saisisse l’importance pour nous. La fraise est un produit hautement périssable et le défaut de main-d’œuvre lors de la cueillette peut très vite devenir catastrophique. Nous aimerions d’ailleurs encore développer la production car la fraise est très rémunératrice mais nous sommes freinés par le manque de bras. Sans solution locale pérenne - certains salariés nous quittent du jour au lendemain sans prévenir -, nous avons besoin d’un noyau dur stable sur lequel compter toute la saison, ce que permettent les salariés en contrat Ofii. »