Raphaël Correard : l’irrigation, la plus-value de son exploitation
Implanté sur la commune de Plaisians dans le Sud-Drôme, Raphaël Correard cultive vingt-deux hectares, dont une grande majorité d’abricots des Baronnies, qui devraient bientôt obtenir une indication géographique protégée (IGP). Le point alors à quelques jours du congrès de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF) organisé à Valence.

Présent sur l’exploitation familiale depuis 2009 avec ses parents, puis installé en 2012, Raphaël Correard cultive 17 hectares (ha) d’abricotiers, 3,5 d’oliviers AOP et 1,5 de pruniers au sein de la SARL Couleur Baronnies. « Auparavant, nous avions sur l’exploitation des vignes et des cerisiers mais la conjoncture nous a poussés à nous spécialiser dans certaines productions, notamment face aux aléas climatiques et à la gestion du froid, prévient le trentenaire. Nous misons beaucoup sur l’abricot, en passe d’avoir son indication géographique protégée », souligne-t-il. Pourtant, il n’oublie pas les cinq dernières années bien difficiles, avec une succession d’événements climatiques catastrophiques pour les vergers. « Nous sommes producteurs, nous emballons et expédions nos fruits. Nous ne pouvons pas nous permettre d’être absent sur le marché. Alors, nous essayons de protéger nos arbres, même s’il est vrai que, parfois, nous avons envie de baisser les bras. Nous mettons toutes les chances de notre côté, avec des filets anti-grêle, des tours, des bougies… Il est aujourd’hui indispensable de mettre davantage de capitaux pour arriver à des résultats mais le risque investi est colossal. C’est de l’artillerie lourde qu’il faut déployer pour protéger et sécuriser nos productions », indique Raphaël Correard.
L’eau, indispensable
Pour sécuriser ses productions et apporter une plus-value, l’arboriculteur peut également compter sur l’irrigation grâce aux retenues collinaires. « Nous avons des périodes de sécheresse de plus en plus longues, donc l’eau est aujourd’hui indispensable. D’ailleurs, c’est impossible pour moi de planter si je ne peux pas arroser par la suite. Nous avons besoin d’efficience. L’irrigation nous permet de tirer le meilleur profit de nos vergers, assure-t-il. Cependant, nous n’avons pas encore assez d’eau. Nous avons comme projet de créer un lac, mais ce projet - interne à mon exploitation - est long et fastidieux. Même si les projets collectifs sont beaucoup plus appréciés, les parcelles les plus proches de mes voisins sont situées à plus de quatre kilomètres. Ce n’est donc pas simple d’imaginer un regroupement géographique à ce niveau-là. ».
Quant à la commercialisation, l’arboriculteur ne fait que très peu de vente directe. Il passe par l’intermédiaire de détaillants, grossistes et de grandes surfaces. « Un fruit qui part de chez nous est mangé deux jours après », souligne Raphaël Correard.
Aujourd’hui, s’il est seul à la tête de son exploitation agricole, il est toujours bien entouré : « Mes parents sont retraités mais leur présence est primordiale. D’autre part, ma sœur est salariée à mi-temps sur l’exploitation et s’occupe de la confiserie des olives. »
Amandine Priolet
Sa préoccupation du moment : la main-d’œuvre
Raphaël Correard : « Chaque été, nous recrutons un peu plus de quarante saisonniers. Cependant, depuis quelques années, la SARL fait face à une difficulté majeure, celle de la disponibilité en main-d’œuvre. Face aux aléas climatiques, nous avons besoin d’intervenir davantage dans les vergers, sans compter les besoins au sein de l’atelier de conditionnement. Nous avons donc de plus en plus besoin de petites mains mais aussi de personnes qualifiées. Or, c’est difficile à trouver. Beaucoup de gens que l’on forme ne sont que de passage… Par ailleurs, faute de capacité d’hébergement sur place, nous ne pouvons pas recruter de main-d’œuvre étrangère. Ce manque de personnel est un énorme frein pour moi et me pousse à revoir la stratégie et le développement de mon exploitation. Sera-t-on en mesure de poursuivre dans ces conditions d’ici cinq à six ans ? C’est assez complexe à dire quand on ne voit personne dans les vergers. Clairement, la main-d’œuvre va conditionner notre avenir. »