Accès au contenu
RECONVERSION

Les arômes de Genas : plantes et agritourisme à deux pas de la ville

Bastien Marion est passé de l’industrie à la production de safran et de plantes aromatiques et médicinales en agriculture biologique. Il a créé les arômes de Genas à Bourg-lès-Valence et souhaite désormais développer l’agritourisme.

Les arômes de Genas : plantes et agritourisme à deux pas de la ville
Bastien Marion s’est lancé il y a huit ans dans la production de safran. Ses produits rencontrent un grand succès sur les marchés de Noël.

Le cadre est exceptionnel : celui du manoir de Genas, construit au XVe siècle et propriété des beaux-parents de Bastien Marion. C’est là que le jeune homme s’est lancé il y a huit ans dans la production de safran et de plantes. Préparateur de commandes dans l’industrie, Bastien Marion a amorcé son virage vers l’agriculture après avoir assisté avec sa belle-mère à une conférence de Véronique Lazérat, auteur notamment de l’ouvrage Secrets de safranière. « J’étais en pleine reconversion professionnelle, mes beaux-parents avaient une exploitation agricole. Ils m’ont permis d’attaquer la production de safran en devenant salarié de la SCEA », explique le producteur. Il commence par en planter 250 m². Puis, en démultipliant les bulbes, il atteint en quelques années 3 000 m². En parallèle il suit des formations avec la chambre d’agriculture de la Drôme sur les questions de transformation et de réglementation autour des Ppam et se lance dans la production d’une quarantaine d’espèces* sur 3 000 m². « 80 % de ces plantes sont transformées en sirops, tisanes, aromates, confits… », précise Bastien Marion. Le reste est vendu en plantes fraîches auprès des restaurateurs notamment. 

Les marchés de Noël, principal débouché

En huit ans, il a développé ses débouchés essentiellement sur trois circuits. Tout d’abord, les marchés de Noël où sa gamme à base de safran (brins en trois grammages, confit, sirop) est particulièrement recherchée. Ce débouché représente 60 à 70 % de son chiffre d’affaires. Second circuit : le marché de producteurs locaux, qui se tient place Saint-Jean à Valence chaque mardi après-midi et représente 20 % de son chiffre d’affaires (CA). Enfin, la vente au magasin, au manoir de Genas, chaque mercredi après-midi pour environ 10 % du CA. « J’ai également un site internet mais je privilégie plutôt les circuits courts car la vente en ligne est plus compliquée à gérer notamment quand on se retrouve en rupture de stocks sur certains produits », précise-t-il. 

Depuis deux ans, Bastien Marion a basculé du statut de salarié à celui de chef d’exploitation. Il dispose désormais d’un hectare de terres autour du manoir de ses beaux-parents pour développer son activité. Il a notamment planté sur 4 000 m² de la marjolaine, de la camomille romaine et du lavandin pour produire des huiles essentielles. « J’attends d’obtenir les autorisations pour m’équiper d’un alambic. Je récolte tout à la serpette, en petite quantité. C’est pourquoi je ne peux pas envisager de recourir à la prestation. Les alambics sont trop loin de mon exploitation et je veux être sûr de récupérer l’huile de mes propres plantes », résume-t-il. 

Produits à base de CBD

Il vient également de réduire ses surfaces en safran suite à une attaque de rongeurs sur les bulbes l’année dernière. « Je n’en ai gardé que 1 000 m². A la place, j’ai planté 1 000 m² de plantes spécifiques comme le calendula, le millepertuis, l’arnica, l’achillée, la camomille romaine, la menthe poivrée pour mon épouse qui se lance dans une activité de fabrication de cosmétiques. Sur les 1 000 m² restant, je vais tester la production de chanvre pour le cannabidiol (CBD) », décrit le producteur. Sur cette plante, il sait que la réglementation française est encore floue [lire L’Agriculture Drômoise du 27 mai]. Mais le cadre législatif pourrait bientôt se préciser et offrir aux producteurs français de vraies opportunités dans ce domaine. Sauf sur la commercialisation de fleurs et feuilles séchées de chanvre CBD qui resteront interdites. Bastien Marion imagine donc fabriquer des macérats huileux, des sels aromatisés, des sirops…

S.Sabot

* Plusieurs variétés de thym, mélisse, sauge… mais aussi de l’agastache anisée, romarin, origan, marjolaine, menthe, sarriette, verveine...
Bastien Marion exploite près d’un hectare en safran et Ppam autour du manoir de Genas à Bourg-lès-Valence, le tout conduit en agriculture biologique.

Des investissements limités

« L’essentiel de mes investissements est représenté par les plants, dont 80 % sont des espèces pérennes. J’ai acheté au démarrage un motoculteur et des outils à main. Je récolte tout à la serpette », explique Bastien Marion. Il a également autoconstruit son séchoir, soit environ 1 000 euros d’investissement entre le bois, le ventilateur, le déshumidificateur… Son laboratoire de transformation est pour l’instant installé dans une ancienne cuisine qu’il a remise aux normes. 

Il espère d’ici la fin de l’année pouvoir acquérir son propre alambic. 

Agritourisme / Bientôt une salle de séminaire de 70 m²

Agritourisme / Bientôt une salle de séminaire de 70 m²
La salle de réception en cours de rénovation.

Accueillir sur la ferme et faire découvrir son activité font partie des projets de Bastien Marion. «Nous [avec son épouse, NDLR] venons de tester pour la fête des mères un atelier rempotage avec les enfants. Ils ont pu décorer des pots de récupération puis choisir avec moi au champ des plants de thym, ciboulette ou menthe à rempoter pour offrir à leur maman. Nous sommes aussi sollicités pour organiser des anniversaires à la ferme », explique-t-il. Une salle de séminaire de 70 m² est par ailleurs en cours d’aménagement au sein du manoir. Elle pourrait permettre de développer les animations avec les enfants mais aussi des ateliers cuisines avec des chefs qui mettraient en avant les plantes des arômes de Genas. 

Entre production, transformation, commercialisation et accueil, Bastien Marion a bien conscience qu’il lui faudra un coup de main supplémentaire. Il envisage dès septembre d’accueillir en alternance une étudiante en BTS et de poursuivre ainsi le développement des arômes de Genas. 

S.Sabot