Les variétés précoces de pommes ont le plus souffert
La mission d’enquête suite au gel de début avril poursuit ses travaux. Mardi 3 août, visite d’une exploitation productrice de fruits à pépins à Eurre, puis chez des viticulteurs et producteurs de Ppam.

Les membres de la mission d'enquête se sont réunis sur le parking du magasin les Vergers de la Tour, à Eurre le mardi 3 août. Dominique Chatillon, cheffe du service agriculture de la DDT, et son adjointe Manon Courias, rejointes plus tard par Sandrine Roussin représentant la chambre d’agriculture, ont retrouvé les agriculteurs sélectionnés pour l’occasion et non concernés par le sinistre - des éleveurs : Yvan Jarnias (FDSEA) et Vincent Paltera (Confédération paysanne).
Le groupe accueilli par Dominique Bouchet, arboriculteur et propriétaire du magasin, a pris la direction d’un verger de pommiers. Cet hectare planté de la variété précoce Tentation créée par les pépinières Delbard a été touché par le gel durant la nuit du mercredi 7 au jeudi 8 avril 2021. La parcelle irriguée via un arrosage enterré avait été arrosée toute la journée du 7 avril puisque les prévisions météo annonçaient un gel. L’arrosage a été poursuivi durant la nuit, mais rien n’y a fait. « Jamais les anciens de la région n’ont connu un gel de pommiers, fait remarquer Dominique Bouchet. J’estime que sur les variétés précoces, Tentation et Pink Lady, la récolte se situera entre 10 et 20 % des volumes habituels. Les pommes sont sorties mais elles restent petites. » L’an dernier sur cette parcelle 40 tonnes de pommes avaient été récoltés.
L’arboriculteur ajoute que sur les variétés plus tardives comme la Golden, les pertes pourraient avoisiner 40 %. L’EARL des Vergers de la Tour cultive 4 ha de pommes, 15 d’abricots et 8 de pêches. Les parcelles de fruits à noyaux ont été touchées à 98 % par ce gel mémorable qui a atteint moins 6 degrés à Eurre.
Des pépins jaunes
En pénétrant dans une allée de pommiers, l’arboriculteur cueille quelques fruits au hasard afin de les fendre et laisser les visiteurs observer. Les premiers pépins sont jaunes, un autre va montrer une teinte marron. « La qualité des pépins renseigne sur celle du fruit, rappelle-t-il. Ces fruits ne tiendront pas », regrette Dominique Bouchet. Dominique Chatillon observe, prend des photos. Manon Courias questionne sur les mesures de protection du verger prises durant cette nuit de gel. Les visiteurs observent les fruits et ils doivent faire la part des choses, puisque les pommiers ont été également récemment abîmés par la grêle. Après le départ des visiteurs, Dominique Bouchet confirme : « Ils vont vite cette année ; ils sont réactifs. Déjà en 2020, les dossiers gel ont été examinés rapidement ». Cette rapidité va être capitale pour son exploitation qui doit réunir 100 000 euros pour préparer une saison, alors qu’il n’a pu ramasser aucun fruit à noyau. Une première en trente ans !
La mission conduite par Dominique Chatillon s'est ensuite rendue à Montclar-sur-Gervanne (chez Rudy Sylvestre) puis à l'Union des jeunes vignerons récoltants à Vercheny pour y observer des dégâts sur vignes. Elle s'est conclue à Saint-Nazaire-le-Désert, au Gaec de Brette Vieille, afin de constater les impacts du gel sur les plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam).
L'ensemble des constats est examiné ce jeudi 12 août en comité départemental d'expertise (CDE), à la DDT de la Drôme. Un comité national doit statuer fin septembre pour les fruits à pépins, ce qui permettra ensuite aux arboriculteurs de constituer leurs dossiers de demande d'indemnisation au titre du fonds des calamités. « Nous allons calculer le taux de perte plus tôt que les autres années, et cela avant la récolte », précise Dominique Chatillon. L’objectif est de pouvoir indemniser les producteurs six mois après le gel.
Louisette Gouverne