FERME DIGITALE
Construire ensemble les innovations  agricoles de demain

Fondée en 2016, l’association La Ferme Digitale regroupe des startups de l’agrotechnologie. 
Robotique, météorologie, logistique… autant de domaines différents dans lesquels la tech agricole s’invente 
quotidiennement.

Construire ensemble les innovations  agricoles de demain
Le stand de La Ferme Digitale lors du dernier Salon international de l'agriculture en 2020. © SD


En France, le développement des startups de l’agrotechnologie ou agrotech a été exponentiel ces dernières années. C’est pour mieux rassembler leur savoir-faire et leur offrir plus de visibilité que l’association La Ferme Digitale a vu le jour en 2016. À l’origine de sa création, cinq startups du monde agricole qui souhaitaient se créer une identité commune : Miimosa, Ekilibre, Weenat, Agriconomie et Monpotager.com. Ces entreprises aux compétences variées – financement participatif pour Miimosa, place de marché pour Agriconomie – ont décidé de se rassembler en consortium pour gagner en influence et fédérer par la suite d’autres startups. « À l’époque, les startups de l’agrotechnologie manquaient de visibilité, notamment auprès des institutions du monde agricole, d’où l’intérêt de se rassembler », explique Karine Breton-Cailleaux, responsable communication et projets pour La Ferme Digitale.

56 entreprises membres

Aujourd’hui, l’association rassemble 56 entreprises membres. « La base du projet est de réunir des startups de la tech agricole, nous ne sommes ni un accélérateur ni un incubateur : La Ferme Digitale s’adresse à des entreprises déjà bien installées, viables financièrement parlant ». Outre les startups adhérentes, la structure possède quatre sponsors – Groupama, le Crédit Agricole, Onepoint et Salesforce – qui lui permettent de rémunérer ses deux salariées, l’association étant à but non lucratif. La Ferme Digitale compte aussi une dizaine d’adhérents « amis », qui peuvent être des TPE-PME comme des écoles, à l’instar de l’École Supérieure d’Agricultures d’Angers (ESA). « Il y a des échanges de bonnes pratiques entre toutes ces structures. Avec les écoles par exemple, des jeunes peuvent trouver des stages ou des alternances dans les startups de La ferme Digitale et certains salariés des entreprises peuvent intervenir dans les classes », explique Karine Breton-Cailleaux. 

La startup Futura Gaïa a mis au point un système d’agriculture verticale sur sol vivant, en environnement contrôlé. Cette solution d’agriculture 2.0 permet de cultiver tout au long de l’année.  © Futura Gaïa

Une agrotech en évolution constante 

Le vivier de profils présents à La Ferme Digitale est représentatif de la croissance des applications de l’agrotechnologie. « Les startups sont réparties sur toute la France, on a tout type de production, de profil et d’âge », constate Karine Breton Cailleaux. Des capteurs hygrométriques aux robots dotés d’intelligence artificielle, le digital se retrouve dans tous les aspects de l’agriculture. « La robotique étant la suite logique du machinisme, elle a été un des premiers domaines à se développer. Par la suite on a vu apparaitre les plateformes de logistique et de manière concomitante les capteurs et autres outils connectés. Après cela il y a eu les blockchains pour la traçabilité, et après tout ça a continué, c’est une évolution constante qui ne s’arrête jamais », énumère Karine Breton-Cailleaux.
Les technologies développées sont conçues en réponse aux problématiques actuelles de l’agriculture. En 2021, le gel printanier qui a massivement impacté l’agriculture française a été source d’innovations. Weenat, entreprise spécialisée dans la météorologie, a ainsi développé un nouveau capteur qui prévient par SMS l’agriculteur lorsque la température d’un bourgeon descend rapidement. UV Boosting, qui conçoit des équipements de stimulation de défense naturelle des plantes par flashs UV, a testé l’utilisation de son système contre la gelée. L’expérience s’est déroulée sur une parcelle de pinot noir à Avirey Lingey (Aube). Il en ressort qu’une stimulation avec des flashs UV 48 heures avant le gel a entrainé une réduction de presque 40 % des dégâts.

Utilisation de l’IA dans les machines

La robotique agricole est elle aussi en plein bouillonnement, avec une utilisation de plus en plus fréquente de l’intelligence artificielle dans les machines. «  Elle est presque commune aujourd’hui, je dis presque car elle ne présente pas d’intérêt pour tous les types d’outils, mais de plus en plus d’experts la maitrisent, c’est une technologie plus facile d’accès maintenant et qui va continuer à se démocratiser », explique la responsable communication de La Ferme Digitale. En mai dernier, Naïo Technologies révélait un prototype de robot de désherbage mécanique des betteraves sucrières, capable grâce à l’intelligence artificielle d’identifier mauvaises herbes et betteraves de manière autonome. 
Le futur de l’agrotech, c’est aussi le développement de nouvelles fermes technologiques, utilisant par exemple des systèmes d’aquaponie ou d’agriculture verticale. Grâce à des paramètres de culture maitrisés en permanence – comme dans un silo à atmosphère contrôlée – il devient possible de produire tout au long de l’année. À Tarascon, dans les Bouches-du-Rhône, la startup Futura Gaïa a installé une ferme pilote verticale qui permettra à terme de produire à grande échelle. « Les fermes de ce type ont vocation à se développer, il y en a partout en France, notamment dans le Nord. Elles permettent de diversifier le type de production. Pour les consommateurs, cela offre plus de possibilités d’approvisionnement local », conclut Karine Breton Cailleaux.

Zoé Besle

AGROTECH : le gouvernement veut hisser l’« écosystème » français sur le podium mondial

Dans une tribune publiée le 30 août par le journal économique La Tribune, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et le secrétaire d’état chargé de la Transition numérique Cédric O affichent leur ambition de faire passer la France sur le «  podium » mondial des « écosystèmes  » de développement de start-up agtech (nouvelles technologies appliquées à l’agriculture) et foodtech (à l’agroalimentaire). Selon le classement établi pour 2020 par les analystes américains d’AgFunder, la France se situe actuellement au cinquième rang mondial des pays où le montant global des financements de start-up agtech et foodtech est le plus élevé. Avec 660 millions de dollars investis en 2020 (M$), la France dépasse l’Allemagne (307 M$), mais elle reste loin derrière les états-Unis (13,4 milliards de dollars, Mrd$) et la Chine (4,8 Mrd$). Pour monter sur le podium, elle devra dépasser l’Inde (1,8 Mrd$) et le Royaume-Uni (1,1 Mrd$). Pour ce faire, « le gouvernement va fortement se mobiliser en faveur de ces innovations », ont annoncé les deux membres du gouvernement.