TRANSHUMANCE
L’activité pastorale redéployée sur le Roubion

Entretenir les abords du Roubion et lutter contre les espèces exotiques envahissantes : c’est tout l’enjeu de l’action d’écopastoralisme proposée par le syndicat mixte du bassin du Roubion et du Jabron, en partenariat avec Montélimar Agglomération et l’Association départementale d’économie montagnarde (Adem).

L’activité pastorale redéployée sur le Roubion
Un troupeau de 300 chèvres et brebis pâture les bords du Roubion depuis le 10 juillet et jusqu’au 15 octobre, sous la responsabilité de Julien Laves, berger-éleveur dans le Gard. © Julien Laves

Depuis trois ans, Montélimar Agglomération a relancé le pastoralisme sur son territoire pour répondre à plusieurs enjeux : dynamiser l’activité d’élevage et développer les circuits courts, combattre l’enfrichement et les risques d’incendie, et enfin lutter contre les plantes invasives et limiter la végétalisation du lit de la rivière du Roubion. Un projet multipartenarial a été mis en place dès l’été 2021 avec la mise en œuvre du pâturage d’un troupeau transhumant d’été dans le lit de la rivière. Aidés par un contrat Natura 2000 (2021-2025), Montélimar Agglomération et le Syndicat mixte du bassin du Roubion-Jabron (SMBRJ), en collaboration avec l’association d’économie montagnarde de la Drôme (Adem 26), ont uni leurs compétences pour proposer une action d’écopastoralisme sur le lit du Roubion, sur un tronçon allant de Bonlieu-sur-Roubion à Saint-Marcel-lès-Sauzet. Cette démarche collective est concrétisée par la venue de Julien Laves, berger-éleveur du Gard, à la tête d’un troupeau composé d’environ 200 brebis et 100 chèvres mères, pour autant de jeunes.

Eviter les travaux mécanisés

« L’objectif est d’entretenir le lit de la rivière et de lutter contre les espèces exotiques envahissantes que sont l’ambroisie, le buddleia, la renouée du Japon, le platane à feuilles d’érable et l’érable negundo », indique Sylvain Blanchon, technicien pastoral à l’Adem 26. Il y a également - et bien évidemment - un enjeu agricole avec la mise à disposition d’une pâture intéressante sur une période non négligeable. Pour la bonne réalisation de ce projet, des conventions entre le SMBRJ et les différents propriétaires des parcelles ont été signées, le cours d’eau n’étant pas propriété du syndicat.
En 2022, l’action a été renouvelée et étendue aux communes situées en amont du site Natura 2000 (Saint-Gervais-sur-Roubion, Charols, Manas…). « Cette zone entre pour l’instant dans le cadre de la reconquête pastorale, définie à travers le plan pastoral territorial (2017-2023), en cours de révision », précise Virginie Brunel, technicienne agriculture à Montélimar Agglomération.
« Cela permet non seulement aux communes d’éviter les travaux mécanisés mais aussi à des éleveurs de trouver des zones de pâturage intéressantes », ajoute-t-elle. Désormais, l’opération se déroule sur une dizaine de communes du territoire, de la limite de l’autoroute A7 à Saint-Marcel-lès-Sauzet jusqu’à Manas, soit environ 136 hectares. La transhumance qui a débuté le 10 juillet se termine mi-octobre, soit environ une centaine de jours de pâturage.
Après avoir contribué à la mise en œuvre de cette action, l’Adem Drôme propose un appui technique et une expertise pastorale avec des passages réguliers sur les zones pâturées. « Notre suivi sur site permet de mesurer l’impact du troupeau sur la végétation et la gestion de la ressource, mais également d’accompagner l’organisation logistique (calendrier de pâturage, parcs de nuit, emplacement de la caravane du berger, etc.), de gérer éventuellement les conflits d’usage... », prévient le technicien pastoral.

Des bienfaits intéressants pour le troupeau

Si l’action d’écopastoralisme semble porter ses fruits, avec l’agrandissement de la zone à pâturer d’une année sur l’autre, il est toutefois difficile de tirer des conclusions définitives. « Les deux années sont totalement différentes d’un point de vue météorologique, avec un été 2021 très humide et un été 2022 très sec, rappelle Sylvain Blanchon. Il est donc encore trop tôt pour observer les conséquences sur la végétation. » Pour l’éleveur, cette transhumance porte ses fruits : « L’année dernière était une année test. L’été, c’est la seule période de l’année où nous pouvons faire remonter l’état corporel des bêtes, c’est-à-dire leur faire reprendre du poids, car elles n’ont plus de petits et n’allaitent plus. Cela avait plutôt bien fonctionné l’an passé. Par ailleurs, la gestion du parasitisme interne ou externe est ici plus simple qu’en estive collective. Et pour finir, le projet est intéressant, mêlant la lutte contre l’ambroisie et l’entretien du lit de la rivière, dans ce cadre agréable et sauvage qu’est le Roubion », note Julien Laves. L’action est donc appelée à se pérenniser.  

Amandine Priolet