Tournesol : évaluer sa rentabilité pour mieux saisir son intérêt économique
La rentabilité du tournesol s’évalue le plus couramment de façon annuelle, à l’échelle d’une culture ou de l’assolement. Elargir le calcul de rentabilité à la rotation, à l’échelle pluriannuelle (€/ha/an), donne un aperçu plus représentatif de l’état économique de son système. Explications avec Terres Inovia.

L’indicateur historiquement le plus utilisé, car le plus simple, pour évaluer la rentabilité économique d’une culture est le produit brut (€ / ha) issu du calcul [Rendement x Prix de vente]. Pourtant ces éléments cruciaux ne suffisent pas à connaître la réelle rentabilité de sa culture. Il est indispensable de prendre en compte a minima les charges opérationnelles (payées par la trésorerie de l’entreprise) en calculant la marge brute. Il est possible de compléter les calculs en allant jusqu’à la marge nette qui permet de rémunérer la main-d’œuvre familiale et les capitaux propres (cf. figure). La marge est le plus souvent exprimée par la moyenne. Enfin, la compétitivité sur les marchés peut être évaluée en calculant son prix d’intérêt (€/t), dépendant de son coût de production, comme aide à la décision pour vendre sa production, comparé au prix proposé sur les marchés.
Rentabilité et robustesse du tournesol
A l’échelle nationale, les marges brutes moyennes annuelles hors aide du tournesol (données du réseau CER France analysées par Terres Inovia) sont, relativement à d’autres espèces, peu variables, comprises entre 341 € / ha et 484 € / ha sur la période 2014- 2020 (données provisoires pour 2019 et 2020) pour une moyenne à 384 € / ha et un écart-type à 48 € / ha. Depuis 2010, on note des pics de marge qui s’expliquent, entre 2010 et 2012, par des prix élevés et en 2017, par la performance agronomique de la culture. En effet, le record historique de rendement en tournesol date de trois ans seulement (ce n’est pas très ancien), preuve que le potentiel de cette culture est toujours bien là, notamment quand le climat est favorable. (télécharger les données chiffrées)
Par ailleurs, les charges opérationnelles du tournesol sont relativement réduites et stables comparées à d’autres espèces (en moyenne entre 250 et 350 € / ha – chiffres CER France), notamment grâce à ses faibles besoins en engrais azotés par rapport au blé ou au colza par exemple. Sur le graphique, on peut voir qu’entre 2012 et 2014, les charges opérationnelles ont été peu impactées par la flambée des prix du gaz naturel qui a accru le coût des engrais azotés ; les prix des engrais azotés sont en effet très dépendants du prix de cette énergie. Avec son cycle court, le tournesol permet par ailleurs une mobilisation limitée de la trésorerie dans le temps, ce qui est un élément positif dans la gestion d’une exploitation agricole. Le délai de retour sur investissement représente la durée de mobilisation de la trésorerie, c’est un facteur particulièrement important dans un contexte économique tendu. Les deux études de cas ci-contre montrent l’intérêt de calculer la marge brute du tournesol.
Evaluer la rentabilité, oui mais pas que…
Il ne faut pas omettre les intérêts économiques induits par les cultures, comme les effets de « précédent » et à l’échelle de la rotation. Par ses faibles résidus et la structure du sol favorable qu’il laisse, le tournesol est un très bon précédent à la céréale suivante. De même, l’introduction d’une culture d’été comme le tournesol, dans des rotations d’hiver, facilite la gestion du désherbage, réduisant ce poste de dépense à l’échelle du système de culture.
D’autres bénéfices non négligeables sont à noter, comme la complémentarité des espèces d’hiver et d’été dans le calendrier de travail, ou le nombre limité d’interventions sur une culture comme le tournesol. Même si la conduite culturale reste technique, c’est une culture peu exigeante avec une demande en investissement spécifique limitée.
Enfin, en tant qu’oléagineux mondial majeur, le tournesol bénéficie d’investissements conséquents de recherche et d’innovation qui se traduisent notamment par un renouvellement variétal dynamique permettant à l’espèce de s’adapter à son contexte de culture. Matière première à multiples usages, les graines de tournesol sont aisées à commercialiser par l’agriculteur, que ce soit via les marchés physiques ou différents contrats de production.
Claire Martin-Monjaret & Vincent Lecomte – Terres Inovia
A noter / Prochain webinaire Terres Inovia :
• Systèmes de culture : collaborer pour innover : vendredi 11 décembre 10 h 30 - 12 h 30.
Contact
Votre contact régional : Alexis Verniau ([email protected])
Pour en savoir plus sur la rentabilité du tournesol : www.terresinovia.fr