HVE : la chambre d’agriculture accompagne vers la certification
Dès 2023, la certification Haute valeur environnementale (HVE) pourrait être une porte d’entrée pour accéder aux éco-régimes de la nouvelle Pac. La chambre d’agriculture de la Drôme propose un accompagnement spécifique pour les agriculteurs qui souhaitent entrer dans ce référentiel.

Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, à la fin du premier semestre 2021, près de 350 exploitations étaient certifiées Haute valeur environnementale (HVE) en Drôme. Au niveau national, le nombre d’exploitations engagées dans la démarche a explosé depuis trois ans, passant d’un peu plus de 1 500 en 2018 à plus de 19 000 en juillet dernier.
Depuis 2011, année de création du référentiel HVE, seule la filière viticole s’était véritablement emparée de cette certification, réunissant en 2021 les trois-quarts des exploitations certifiées. Mais la démarche tend à gagner les grandes cultures, suivies de près par l’arboriculture et plus timidement par l’élevage.
Ticket d’entrée pour les éco-régimes
« En Drôme, l’accélération que nous connaissons depuis 2020 pour accéder à la HVE devrait se poursuivre », indique Isabelle Méjean, conseillère à la chambre d’agriculture, en charge de ce dossier. En effet, la HVE pourrait constituer dès 2023 un ticket d’entrée pour accéder au montant le plus élevé des éco-régimes de la nouvelle Pac.
Alors comment obtenir la certification HVE ? Deux voies, A ou B, sont aujourd’hui proposées. Mais la voie B, basée sur deux indicateurs globaux de l’exploitation (la part des intrants dans le chiffre d’affaires et la part des infrastructures agroécologiques dans la SAU) est très peu utilisée. Elle pourrait d’ailleurs disparaître. L’accompagnement proposé par la chambre d’agriculture de la Drôme s’appuie prioritairement sur la voie A. « Celle-ci consiste à évaluer les efforts déjà réalisés autour de quatre thématiques : la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et l’irrigation (lire ci-dessous) », détaille Isabelle Méjean. En pratique, l’accompagnement démarre par une journée de formation au cours de laquelle les agriculteurs vont réaliser l’auto-diagnostic de leur exploitation pour accéder au niveau 1 de la certification environnementale1, étape indispensable pour pouvoir ensuite décrocher le niveau 3 qui correspond à la HVE.
Pré-audit avec la chambre d’agriculture
« Au cours de cette formation, nous leur présentons aussi les objectifs, la réglementation, les démarches administratives liés à la HVE, précise la conseillère. Ensuite, si l’agriculteur souhaite poursuivre la démarche, nous effectuons une visite sur son exploitation. Elle permet à la fois de valider le niveau 1 [ la chambre d’agriculture est habilitée pour cette validation] et de réaliser le pré-audit du niveau 3. »
Une fois ce pré-audit réalisé, l’exploitant est prêt pour l’audit de certification2. Celui-ci peut être réalisé individuellement. Dans ce cas, rendez-vous est pris avec l’organisme certificateur. Si les critères sont remplis, celui-ci délivrera la certification pour trois ans avec un audit de contrôle à prévoir au bout de 18 mois. La certification peut aussi être obtenue via une structure collective3 (exemple en viticulture avec le Syndicat général des vignerons des Côtes-du-Rhône). « Dans ce cas, c’est la chambre d’agriculture qui effectue l’audit de niveau 3, qui doit avoir lieu chaque année, pour le compte du syndicat. La structure collective est ensuite elle-même auditée par un organisme certificateur ainsi que 10 % des agriculteurs engagés », souligne Isabelle Méjean.
Tarifs préférentiels pour les abonnés MesParcelles
A savoir, la chambre d’agriculture propose différents packs pour l’accompagnement vers la certification HVE, d’une seule visite pour le pré-audit à trois visites sur trois ans pour préparer le renouvellement de la certification. « En fonction de l’option choisie, il faut compter entre 600 et 1 170 euros HT, avec des tarifs préférentiels pour les abonnés à l’outil MesParcelles. La formation préalable est prise en charge par Vivea, ajoute la conseillère. Mieux vaut ne pas trainer pour ceux qui souhaitent s’engager dans la démarche et être certifiés en 2023 ». Quelques formations sont encore prévues en ce début d’année : le 21 janvier à Etoile-sur-Rhône, le 28 janvier à Nyons, le 31 janvier à Bourg-lès-Valence, le 10 février dans le secteur de Montélimar.
Sophie Sabot
Information et inscription : Anne Chapovaloff au 04 27 24 01 53.
1 Le niveau 1 correspond au respect de la réglementation. Le niveau 2 repose sur un référentiel qui va au-delà de la réglementation mais sans obligation de résultat. Le niveau 1 est nécessaire pour accéder à la HVE (niveau 3).
2 Coût : entre 600 et 900 euros HT selon le nombre de productions.
3 Coût : 150 euros HT pour trois ans.
Point de vue / Thierry Mommée, membre du bureau de la chambre d’agriculture

« Entrer dans une démarche HVE est un engagement fort de l’agriculteur qui va chercher à se démarquer en mettant en avant les bonnes pratiques de l’exploitation. Les motivations pour aller vers cette certification peuvent être diverses : accéder à un marché, communiquer sur ses pratiques, choisir une alternative à l’agriculture biologique… Quelles que soient ces motivations, la chambre d’agriculture se doit de répondre à cette attente des agriculteurs. L’accompagnement HVE fait partie de notre offre de conseil stratégique pour plus de performance, de durabilité, de pratiques vertueuses des exploitations.
Et j’insiste, la HVE reste une démarche volontaire. Toutefois il peut être intéressant que chaque exploitant se questionne sur l’opportunité de franchir ou non le pas. Beaucoup d’exploitations drômoises font déjà de la HVE sans le savoir. C’est pourquoi j’incite chacun à suivre la journée de formation proposée par la chambre d’agriculture [prise en charge par Vivea, ndlr], pour identifier si cette certification est, ou non, une voie intéressante pour son exploitation. »
Sur quoi porte la certification HVE ?

L’accès à la certification HVE par la voie A repose sur quatre thématiques :
- La biodiversité. « La diversité interne de l’exploitation (différentes espèces présentes) est examinée ainsi que l’externe, c’est à dire la présence de murets, bois, haies…, explique Isabelle Méjean. En Drôme, les exploitations remplissent en général sans difficultés ces critères. »
- La stratégie phytosanitaire. « En vignes, grandes cultures et prairies temporaires, le référentiel HVE prévoit d’examiner les indicateurs de fréquence de traitements (IFT). Pour l’instant, ceux-ci ne sont pas exigés en arboriculture, maraîchage ou Ppam, où est prise en compte la diversité des variétés cultivées », commente Isabelle Méjean. Sont aussi étudiés : le pourcentage de la SAU non traité, l’utilisation de méthodes alternatives à la lutte chimique, les moyens mis en œuvre pour réduire les fuites vers le milieu, l’enherbement inter-rang pour les cultures pérennes...
- La gestion de la fertilisation. « Nous utilisons soit la méthode de la balance globale azotée, soit celle du bilan apparent. L’objectif est que les apports azotés se situent sur l’ensemble de la SAU entre 40 et 60 unités par hectare selon la méthode utilisée », précise la conseillère. Sont aussi pris en compte : la part des légumineuses dans la SAU, la couverture des sols, les équipements optimisant les apports…
- L’irrigation. L’enregistrement des pratiques est le premier critère. Les exploitants doivent savoir précisément ce qu’ils font en matière d’irrigation. Ensuite sont prises en compte : l’utilisation de matériels et outils d’aide à la décision permettant de réduire les apports, l’adhésion à une démarche de gestion collective, les pratiques agronomiques mises en œuvre pour économiser l’eau…