Motion
Le Parc des Baronnies provençales en soutien à la filière lavandicole

La révision des réglementations européennes Reach1 et CLP2 pourrait représenter une menace pour la production lavandicole. Les élus du parc naturel régional des Baronnies provençales ont décidé d’adresser une motion à Bruxelles.

Le Parc des Baronnies provençales en soutien à la filière lavandicole
Le 5 janvier à Sahune, Nicole Peloux, présidente du Parc naturel régional des Baronnies provençales, entourée de Gérard Tenoux et Didier Claude Blanc, vice-présidents.

Peut-on assimiler les huiles essentielles à des produits chimiques ? Apaisante, anti-inflammatoire et cicatrisante, l’huile essentielle de lavande pourrait basculer dans la catégorie des produits chimiques et toxiques suite au prochain renforcement des règlementations européennes. Pourquoi ? Parce que Bruxelles considère le linalol et le limonène, deux molécules contenues dans la lavande, comme potentiellement allergènes. Ainsi, la nouvelle règlementation classerait les huiles essentielles de lavande et lavandin dans la catégorie des produits chimiques néfastes à la santé car cancérigènes ou perturbateurs endocriniens. « Assimiler les huiles essentielles à des produits chimiques aurait des conséquences dramatiques pour nos agriculteurs », précise Nicole Peloux, présidente du Parc naturel régional des Baronnies provençales, lors d’une conférence de presse le 5 janvier à Sahune.

Des produits naturels sur liste noire !

Selon Alain Aubanel, producteur distillateur de lavande et président de l’Union des producteurs de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam), « on ne peut évaluer les produits chimiques et les huiles essentielles de la même manière, molécule par molécule, alors qu’il y en a plus de 600 dans l’huile essentielle de lavande. A ne pas considérer les huiles essentielles comme une substance globale placerait un grand nombre de produits naturels sur “une liste noire”. »
L’apposition d’une mention obligatoire de mise en garde sur l’étiquetage empêcherait tout fabricant de cosmétiques, parfums ou produits alimentaires de les utiliser. Un coup dur pour les acteurs de la filière placerait alors celle-ci en grand danger. « Toute la production est menacée de disparition, entraînant avec elle la fin de la culture des plantes à parfum et par la suite la disparition de paysages emblématiques que sont les champs de lavande, estime Gérard Tenoux, vice-président du Parc naturel régional des Baronnies provençales. La filière des plantes à parfum, aromatiques et médicinales représente un potentiel précieux face aux enjeux de la raréfaction de la ressource en eau et des évolutions liées au changement climatique. »
Face à la menace, les élus du Parc naturel régional des Baronnies provençales se joignent à leurs partenaires déjà mobilisés (Départemental de la Drôme, Région Auvergne-Rhône-Alpes, Interparc Provence-Alpes-Côte d’Azur...) pour affirmer leur soutien à la filière lavandicole et à l’ensemble des plantes à parfum, aromatiques et médicinales. Dans une motion de soutien qu’elle enverra à Bruxelles, Nicole Peloux précisera ainsi la funeste menace que le renforcement de la règlementation européenne entraînerait.

J-M. P. 
1Reach : règlement européen sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions des substances chimiques.
2CLP : règlement européen sur la classification, l’étiquetage et l’emballage des substances chimiques et des mélanges.