FILIÈRE OVINE
Ovinpiades : les étoiles des bergers

Les 16e Ovinpiades régionales des jeunes bergers se sont déroulées le 4 février à Brussieu et Saint-Laurent-de-Chamousset (Rhône). Une quinzaine d’élèves d’établissements scolaires agricoles se sont affrontés lors des épreuves pratiques et théoriques. L’événement a pour but de susciter des vocations dans la filière ovine.

Ovinpiades : les étoiles des bergers
Les élèves ont dû contrôler l’état des agneaux et leur qualité bouchère.

«Bienvenue et bon courage à tout le monde, que le meilleur gagne et qu’il arrose bien sa victoire ! » C’est avec convivialité que Mathieu Buffin a donné le coup d’envoi de la 16e édition des Ovinpiades régionales. Un événement qui avait lieu en partie sur l’exploitation de l’éleveur ovin et de sa conjointe, Julia Beaudoin, à Brussieu. Comme chaque année, des élèves d’établissements scolaires agricoles de Rhône-Alpes se sont affrontés lors d’épreuves pratiques et théoriques tout au long de la journée pour gagner le droit de représenter la région au niveau national. Une édition forcément particulière en raison de la crise sanitaire. « Nous avons réduit le nombre de participants à 14 au lieu d’environ 25 les années précédentes », explique Mélanie Beaumont, animatrice d’Inn’ovin, le programme de promotion de la filière ovine qui organise l’événement. Des concurrents sont venus de la MFR de Saint-Laurent-de-Chamousset (Rhône) et des lycées agricoles de Cibeins (Ain), Roanne-Chervé et Ressins (Loire). Ne manquaient à l’appel que les élèves de l’établissement de la Côte-Saint-André en Isère, conviés, mais qui n’ont pu participer.

Les jeunes bergers doivent asseoir l’animal à l’issue de la manipulation de la brebis lors du contrôle de son état.

Du tri à la génétique, l’élevage en pratique

Au programme, le matin, beaucoup de pratique. Dans l’un des bâtiments du Gaec Buffin Beaudoin, un premier groupe s’occupe de noter l’état et la conformité des agneaux. « Sont-ils gras ? Prêts à partir à la boucherie ? Ils doivent évaluer la qualité bouchère de l’animal », précise Mélanie Beaumont. Pour ce faire, la manipulation des animaux demeure indispensable. Au bout du même abri, tour à tour, et sous la supervision d’un technicien, les élèves doivent tailler les onglons des brebis dans un temps imparti. Une épreuve rendue délicate par les dimensions de la cage censée les maintenir pendant cette séance de manucure ovine. « Les brebis sont un peu petites et elles arrivent à se retourner dedans », concède Juliette, 20 ans, élève au lycée agricole de Cibeins. Une étape importante pour le bien-être de l’animal. « Un animal qui a mal aux pieds va peut-être moins bien se nourrir, et un animal maigre produit moins », ajoute sa camarade Sidonie. En face du bâtiment, là aussi, il faut mettre la main à la laine. Celle d’agnelles plutôt capricieuses et pas toujours enclines à emprunter dans le bon sens le couloir de tri, l’une des autres épreuves. « J’ai mal aux doigts », s’exclame en rigolant Solène, 18 ans, de Roanne Chervé, et qui découvre la pratique. Au-dessus, l’ambiance est infiniment plus calme. L’une des bergeries accueille en effet l’épreuve de génétique, très théorique, et qui permet d’évaluer la capacité de l’étudiant à choisir un bélier en fonction des besoins.

Déjà des vocations

La dernière grange abrite des épreuves de santé et de note d’état des brebis. La première consiste à faire le tour de l’animal et à diagnostiquer d’éventuelles pathologies. La seconde, comme pour les agneaux, fait état de l’engraissement de la brebis, le tout avec des manipulations de déplacement et d’assise de l’animal les plus ergonomiques possibles. Des ateliers qui se déroulent sous le regard de Julia Beaudoin, habituée depuis de nombreuses années à vivre au contact des 450 bêtes qui composent son troupeau. « On a fait attention à ne pas leur mettre de brebis pleines pour qu’ils aient des animaux plus faciles à manipuler », glisse-t-elle.
Ludiques, les Ovinpiades ont en tout cas fait naître quelques vocations. « Je ne viens pas d’un milieu agricole et comme c’est ouvert aux débutants c’est pratique, détaille Solène. Ça permet de se mesurer à des gens qui sont déjà formés. En préparant les Ovinpiades, je me suis rendu compte que travailler avec ces animaux me convient, c’est plus pratique. » Plus qu’une simple compétition, l’événement se veut promoteur de la filière ovine. Ici, pas question de dégoûter les participants, mais de les encourager. Au nombre de sept, les jurys accompagnent et aident. Et leur expérience en tant que conseillers ovins de chambre d’agriculture ou membres de la coopérative Sicarev est appréciée des participants. « On passe de bons moments et ça donne l’occasion d’échanger aussi bien avec ces techniciens que d’autres futurs éleveurs », note Antoine, 19 ans, qui représente le lycée agricole de Ressins. Les épreuves pratiques achevées, l’après-midi était réservé à de la théorie pure à la MFR de Saint-Laurent-de-Chamousset. Une épreuve d’une vingtaine de minutes avec un quiz sur les races ovines et un autre de culture générale sur la filière.
Simon Alves

 

FINALISTES : Ressins, haut la main

Au terme de cette journée, c’est finalement le lycée agricole de Ressins qui aura fait la plus forte impression avec deux élèves sélectionnés : Bruno Madet et Alexis Pasquier. Les deux jeunes bergers iront défendre les couleurs de la région Rhône-Alpes (ndlr : l’Auvergne a aussi deux représentants) le 29 avril prochain lors de la finale nationale. En l’absence du Salon de l’agriculture, c’est à la Bergerie nationale de Rambouillet qu’elle se déroulera. La région pourra en tout cas compter sur de solides candidats, selon Michel Pocachard, conseiller spécialisé de la filière ovine du Rhône et jury des Ovinpiades : « Ce sont vraiment de bons élèves. On voit qu’il y a de la relève ! » Tant mieux pour la filière. 
S. M.