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Fruits et légumes

Entre bio et conventionnel, la troisième voie cherche à séduire le consommateur

La crise sanitaire de la Covid-19 a mis en exergue l’attachement des consommateurs aux circuits courts et aux produits sains. Entre le bio et le conventionnel, et à l’heure de l’agroécologie, d’autres signes de qualité et/ou certifications émergent. Mais sont-ils bien perçus par le grand public ? Eléments de réponse avec le CTIFL.

 Entre bio et conventionnel, la troisième voie cherche à séduire le consommateur
Entre le bio et le conventionnel, une nouvelle offre émerge sur les étals avec des produits siglés HVE (haute valeur environnementale), ZRP (zéro résidu de pesticide)... Mais beaucoup de consommateurs sont versatiles dans leurs achats alimentaires.

Si l’agriculture biologique a été pionnière de la thématique environnementale et continue de convaincre chaque année toujours plus de consommateurs et de producteurs, d’autres démarches participent désormais à la transition agroécologique. Entre le bio et le conventionnel, une nouvelle offre émerge sur les étals avec des produits siglés HVE (haute valeur environnementale), ZRP (zéro résidu de pesticide)... Nommée « troisième voie », ces démarches nécessitent un important travail de pédagogie et de communication pour être comprises des consommateurs, tout en apportant preuve de réussite et assurance de traçabilité sur les engagements pris. Visibilité et compréhension de l’offre en points de vente sont donc essentiels. Lors d’une webconférence le 1er février, le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) a apporté quelques éléments sur les perspectives de développement de ces nouveaux labels.

L’agroécologie, méconnue des Français

« Au moment de l’achat, pour le consommateur, le mode de production est encore loin derrière le prix, l’aspect (fraîcheur) et l’origine (notamment française ou locale) du fruit ou légume », constate Catherine Baros, de la direction prospective et étude économique du CTIFL. L’analyse des démarches « sans pesticide » ou « sans résidu de pesticide » montre une perception globalement positive des consommateurs. Par ailleurs, la crise sanitaire de la Covid-19 a eu un effet bénéfique sur la consommation des fruits et légumes en 2020. « Néanmoins, on peut craindre que dans les prochains mois beaucoup de Français auront des problèmes de pouvoir d’achat et se détourneront des produits premium. » A noter encore, lors d’une enquête menée en octobre 2020 « la moitié des Français déclare ne pas savoir ce qu’est l’agroécologie tout en ayant un a priori positif. » Face à cette forte méconnaissance, Catherine Baros estime que « des efforts de visibilité et de pédagogie sont indispensables. Ce qui parle le mieux aux consommateurs est la baisse ou l’absence de pesticide. »

Des consommateurs versatiles

Christel Teyssedre, présidente de Saveurs et Commerce (fédération nationale des commerces alimentaires spécialisés de proximité qui regroupe 12 000 primeurs) confirme. « Le terme agroécologie n’est pas du tout entré dans le langage des consommateurs, constate-t-elle. Ils ne connaissent qu’un seul logo dans ceux qui identifient l’agroécologie, celui de l’agriculture biologique (AB). » De plus, beaucoup de consommateurs sont versatiles dans leurs achats alimentaires : « Un jour ils achètent du bio, un autre du conventionnel, puis du HVE sans forcément être attachés à un mode production en particulier. Il y a un public pour tous les modes de production mais la santé est un critère prédominant. »

Des démarches encouragées par la loi Egalim

Marie-Hèlène Hochedez (direction valorisation et transfert au CTIFL) rappelle que les certifications AB et HVE sont des démarches cumulables pouvant «  valoriser des pratiques agroécologiques différentes mais néanmoins complémentaires ». De plus, ces démarches sont encouragées par la loi Egalim. En effet, au 1er janvier 2022, la restauration collective publique devra proposer au moins 50 % de produits de qualité et durables. Ceux-ci devront être issus de l’agriculture biologique (à hauteur de 20 % minimum) ou bénéficier d’autres signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO), voire de mentions valorisantes. Il pourra s’agir de label rouge, appellation d’origine (AOC/AOP), indication géographique (IGP), spécialité traditionnelle garantie (STG), mention « issu d’une exploitation à haute valeur environnementale » (HVE), mention « fermier » ou « produit de la ferme » ou « produit à la ferme ».

Le local apparaît désormais comme une valeur sûre pour nombre de consommateurs, qui en perçoivent les bienfaits et consentent à payer le « sur-prix ». Les liens entre nutrition et santé sont également de plus en plus prégnants. Dans un contexte où les labels alternatifs au bio se multiplient, l’effort à faire pour expliquer la troisième voie est indéniable.

C. Ledoux

 

« Zéro résidu de pesticides » : une notoriété en forte croissance

Le point fort de la gamme « zéro résidu de pesticides », c’est sa bonne perception chez les consommateurs.

Plus de 6 000 producteurs répartis dans 60 entreprises, plus de 25 % de la production française totale de fruits et légumes, 150 références, 36 filières labellisées, 83 millions d’unités de vente consommateur (UVC) en magasins, 115 millions d’euros de chiffre d’affaires… Voilà ce que pèse le collectif Nouveaux champs depuis le lancement en 2017 de la première gamme de tomate et fraise « zéro résidu de pesticides » (ZRP). Pour les producteurs, les engagements se matérialisent notamment par l’utilisation d’auxiliaires biologiques pour lutter contre les ravageurs des cultures, la baisse des intrants chimiques, la préservation de la biodiversité, les économies d’eau et d’énergie… « C’est une combinaison de moyens pour aboutir à un résultat, explique Julie Sabourin, responsable qualité et technique à Nouveaux champs. 54 % des producteurs ZRP sont déjà certifiés HVE. L’objectif est de créer + 30 % de valeur par rapport au conventionnel. Et sur les prix en magasin, de se situer entre le bio et le conventionnel. »

Le point fort de la gamme « zéro résidu de pesticides », c’est sa bonne perception chez les consommateurs. « 30 % des Français connaissent le “label” ZRP en 2020, affirme Julie Sabourin. Présent dans toutes les enseignes de la grande distribution, ce “label” a connu la plus forte augmentation de notoriété l’an dernier. » Avec le plan de communication prévue en 2021, qui inclut des spots sur TF1 en juin et octobre, cette croissance devrait sans doute se poursuivre.

C. L.

Demain la Terre

La charte Demain la Terre® vise à apporter aux consommateurs les preuves crédibles de l’engagement des producteurs.

Créée en 2004, l’association Demain la Terre rassemble aujourd’hui 19 entreprises agricoles de fruits et légumes, réunies autour d’une même vision de l’agriculture et du développement durable, alliant environnement, biodiversité, économie et social. Demain la Terre a développé son propre cahier des charges, la charte Demain la Terre®. Celle-ci vise à apporter aux consommateurs les preuves crédibles de l’engagement des producteurs, axées sur trois priorités : la santé, la qualité et le respect des hommes et de l’environnement. Ainsi que l’a expliqué Marc de Nale, directeur général, son application est contrôlée annuellement par un organisme indépendant. Près de 200 000 tonnes de fruits et légumes frais ou transformés sont « certifiés » Demain la Terre.

Des consommateurs inquiets pour leur santé

79 % des Français jugent probable le risque que les aliments nuisent à leur santé.

93 % des Français considèrent que la présence de pesticides dans leurs aliments impacte leur santé.

89 % des Français souhaitent être informés de la présence ou non de pesticides dans les produits alimentaires (à travers un étiquetage).

Sources : site internet www.nouveaux-champs.fr - Première analyse des résultats de l’étude « Inquiétudes » 2016 (OCHA - Université de Toulouse - Credoc). Sondage Ifop/WWF - Source Sial