Vin : en vallée du Rhône, un nouveau mouvement dissident réclame « des prix décents »
Six vignerons restés anonymes ont lancé le « Mouvement viticole Vallée du Rhône » (MVVR), menaçant d’actions musclées afin d’obtenir « des prix décents ». Le nouveau président du syndicat des Côtes-du-Rhône (ODG), Damien Gilles, dit « comprendre » ce « cri de détresse ».

Six vignerons restés anonymes ont lancé le «Mouvement viticole Vallée du Rhône» (MVVR), menaçant d’actions musclées afin d’obtenir «des prix décents», apprend-on dans le Dauphiné libéré le 11 mars (article payant). «C’est notre dernier cri d’alerte envers les courtiers, les négociants, envers tous les dirigeants de la filière viticole… On leur accorde un dernier délai de quelques jours pour affirmer des prix décents», ont-ils déclaré au quotidien régional. Et de menacer: «S’ils croient tous avoir vu la manière forte, ils se trompent.»
Les vignerons réclament notamment la démission du président d’Inter Rhône Philippe Pellaton, accusant l’interprofession de ne pas avoir «vu arriver la crise» et de «fermer les yeux depuis des années sur le prix, sur les importations de vins».
Interrogé en conférence de presse le 12 mars, le nouveau président du syndicat des côtes-du-Rhône (ODG), Damien Gilles, a dit «comprendre» ce «cri de détresse», mais considère qu’«attaquer les nôtres, ce n’est pas une façon de procéder». Sur le fond, ce viticulteur du Gard admet toutefois que «le prix décroche sans réelle raison, alors qu’on a quasiment retrouvé un équilibre» entre offre et demande. «Certains négociants jouent un drôle de jeu, qu’il va falloir éclaircir et éclairer.»
« Ne pas oublier le rouge »
Damien Gilles a appelé à «ne pas oublier» le rouge, première couleur produite dans l’appellation et celle qui subit la pire baisse de consommation. La feuille de route 2023-2026 qu’il a présentée à cette occasion prévoit de «travailler l’innovation». Un travail a démarré pour «identifier les profils» de rouges répondant aux attentes des consommateurs, notamment autour de «vins de copains, fruités, où on cherche un côté perlant», selon le secrétaire général Philippe Faure. Des produits plus adaptés à la demande, sachant qu’«on consomme de plus en plus debout plutôt qu’assis», résume l’élu.
Ce travail a déjà été mené pour les vins blancs (6% des volumes) et les vins rosés (7%), qui ont été ciblés «en priorité» dans le cadre de la stratégie d’Inter Rhône (interprofession), car «les marchés se développent». Ce virage pourra aussi passer par des vins «no/low» (sans ou avec peu d’alcool), que la filière teste dès cette année.
Désalcoolisation, changement de cépages, de pratiques viticoles ou œnologiques, «on ne doit rien s’interdire», estime Damien Gilles, récemment élu. Avec 9% des vins rouges vendus en grandes surfaces en France, les côtes-du-Rhône se disent «leaders» sur ce débouché.