Dans les Baronnies, quatre longues nuits de combat contre le gel
Pour la sixième année consécutive, le gel a frappé cruellement la production arboricole dans les Baronnies provençales. Les pertes sur abricotiers sont considérables avec une récolte anéantie sur un grand nombre d’exploitations. Après la sénatrice Marie-Pierre Monier, la députée de la circonscription, Célia de Lavergne, s’est rendue sur place le 6 avril.

Le 6 avril après-midi, François Gross, maire de Bellecombe-Tarendol, accompagné de Franck Bec, président du Syndicat de l’abricot des Baronnies, recevaient sur les hauteurs du village la députée Célia de Lavergne. La rencontre s’est déroulée au Gaec de La Franche dont les associés sont Bettina, Florent et Serge Perrin. Une exploitation familiale dont le secteur d’activité est la culture de fruits à pépins et à noyau. Sandrine Roussin, vice-présidente de la chambre d’agriculture de la Drôme, et Benoît Chauvin-Buthaud, ingénieur conseil, étaient aussi aux côtés de nombreux arboriculteurs de la vallée de Sainte-Jalle à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze. Tous ont évoqué les quatre nuits de combat contre le gel entre le samedi 2 et le mardi 5 avril, avec une pointe dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 avril.
Les deux tiers de la récolte perdus
Le gel violent mais surtout plus long que d’habitude, passant indifféremment d’altitudes situées entre 400 à 600 mètres à d’autres plus basses, a eu des effets variés. Les gelées noires dues à un faible taux d’humidité ont détruit les tissus des jeunes fruits. Le gel d’advection dans les zones basses, arrivant avec de soudaines masses d’air froid se déplaçant rapidement sur de grandes étendues, ont empêché de protéger efficacement les arbres. Et enfin, les gelées blanches, elles, se sont montrées les moins dommageables lorsqu’elles ont été de courte durée.
La mise en place de chaufferettes a permis à Serge Perrin de sauver du gel un hectare sur les dix de son verger d’abricotiers, pour une dépense de près de 5 000 euros. Franck Bec estime que la moitié des exploitations est totalement sinistrée. « Dans les Baronnies, les deux tiers de la récolte sont perdus, estime Franck Bec. On s’attend à récolter 5 000 tonnes au lieu des 10 000 à 15 000 prévues après une si belle floraison. » Pour le maire du village, se pose la question de la pérennisation de la culture de l’abricotier. « On arrive aussi au bout des capacités d’adaptation. »
L’arboriculture, un héritage familial à préserver
Pourtant, malgré tous ces constats et les difficultés, la volonté de poursuivre est toujours là. « Se tourner vers les plantes à parfum, aromatiques et médicinales ou le lavandin serait une alternative pour s’en sortir mais les épisodes de sécheresse, les attaques de ravageurs et une offre supérieure à la demande pèsent sur les cours des produits, affirment plusieurs producteurs. On ne veut pas lâcher, c’est une tradition ici l’arboriculture, c’est familial, c’est notre vie. »
Franck Bec croit en l’IGP pour redonner un souffle nouveau à l’abricot des Baronnies. Les aides versées par l’état avec l’appui et le soutien des élus ont été salutaires pour la plupart des exploitants privés de revenus l’an passé. « Sans elles, nous n’aurions pas pu continuer, elles sont arrivées rapidement », ont-ils reconnu. Tous demandent qu’elles soient reconduites cette fois-ci encore, année de transition avant la mise en place du nouveau régime universel d’indemnisation des pertes de récoltes suite aux aléas climatiques. La députée Célia de Lavergne a constaté l’étendue des dégâts et indiqué qu’elle ferait remonter aux services de l’état les besoins de la profession.
J-M. P.
