Irrigation des céréales 2023 : quel bilan fin mars ?
L’hiver 2023, a été chaud et surtout très sec en janvier et février. Les stades des blés se situent donc dans la moyenne des vingt dernières années. Arvalis-Institut du végétal donne quelques conseils pour bien démarrer et gérer l’irrigation des céréales.

La majorité des cultures ont passé le stade épi 1 cm, les semis les plus précoces vont arriver à 1-2 nœuds, c’est-à-dire qu’ils entrent dans la phase de sensibilité au stress hydrique. L’irrigation va participer directement à sécuriser le rendement, mais aussi à valoriser les autres intrants (azote et protection de la culture). L’irrigation n’est pas nécessaire avant 1-2 nœuds pour les blés durs et 2 nœuds pour les blés tendres. Les pluies récentes du mois de mars ont permis de bien valoriser les apports d’azote sur la plupart des territoires et permettent de tenir les sondes tensiométriques à des niveaux assez bas ce qui octroie un délai avant le démarrage éventuel de l’irrigation.
Le blé valorise l’irrigation
Sur nos deux sites irrigables de Lyon Saint-Exupéry (Rhône) et Étoile-sur-Rhône (Drôme), la pratique de l’irrigation amène régulièrement des quintaux supplémentaires en fonction de la pluviométrie printanière. Nous constatons que le rendement diminue mécaniquement de 1 % quand la satisfaction des besoins en eau de la culture baisse de 1 %, en relatif à une culture bien alimentée.
Cette valeur n’est pas fondamentalement différente de celle du maïs, seule la période est différente et des ETP plus faibles mènent à une plus faible valori sation de l’eau. Finalement, les gains de rendements liés à l’irrigation vont de 0 à 25 quintaux pour les limons profonds d’Étoile-sur-Rhône, et de 5 à 30 quintaux pour les sols de graviers. En règle générale, on peut compter de 6 à 9 q/ha de gain pour 30 mm d’irrigation.
Sécurisation du rendement face au déficit hydrique
Les besoins en eau des céréales (voir tableau 1) se répartissent ainsi : 220 mm pour la montaison et 230 mm pour la période formation et remplissage du grain. Les besoins en eau du blé augmentent rapidement du début montaison à la sortie de la dernière feuille, et diminuent progressivement à partir du stade pâteux. En fonction du climat et de la réserve utile du sol, pluie et irrigation devront couvrir, huit années sur dix, de 1,5 à 2 mm/jour pour la plaine du Forez ou les graviers profonds de Bièvre et de la plaine de Lyon, et de 2 à 3 mm/jour pour les situations de la Drôme et les graviers de la plaine de l’Ain. Ces valeurs permettent, à l’avance, de caler un tour d’eau et une fréquence de retour. Le blé peut valoriser de 1 à 2,5 irrigations, en moyenne. Des calculs ont permis de préciser les besoins en eau des céréales pour la période allant d’épi 1 cm à grain pâteux. (Voir tableau 2)
Yves Pousset, Arvalis-Institut du végétal
REPERES / L'irrigation en France
- Il faut décider, dès le semis, les parcelles qui seront arrosées pour adapter le choix variétal (éviter les variétés sensibles à la moucheture ou à la verse par exemple).
- L’irrigation débute à partir de 2 nœuds pour le blé tendre, et à 1-2 nœuds pour le blé dur sauf si les apports d’azote n’ont pas été valorisés courant mars, auquel cas il faut une irrigation pour mettre l’engrais à disposition des cultures.
- Le blé est une culture qui s’implante tôt avec un enracinement profond, on peut apporter de 25 à 50 mm en une irrigation, en fonction de la nature du sol.
- L’irrigation peut sécuriser les rendements à un niveau élevé, en tenir compte pour ajuster la dose totale d’azote et la dose au dernier apport (dilution possible qui peut faire baisser le taux de protéine).
- En cas de conflit d’usage, donner la priorité au blé dur sur le blé tendre.
- Disposer d’un outil de pilotage (sondes tensiométriques, bilan hydrique…) pour déclencher au bon moment.
- Soigner sur les dernières irrigations. Le réglage du matériel permet d’éviter la verse (pression correcte au canon, changement de buse), attention au vent.
- Ne pas hésiter à différer légèrement le début de l’irrigation du maïs pour finir l’irrigation du blé les années difficiles.
Cas particulier des blés durs : attention à ne pas arroser sur la fleur, ne reprendre l’irrigation que si le déficit est avéré (pilotage obligatoire) et par temps sec, sinon il y a une augmentation du risque de fusariose et surtout de moucheture.