DÉGÂTS
La grêle saccage toitures, véhicules et cultures en vallée de la Drôme

En vallée de la Drôme, entre Grâne et Saillans, l’année 2023 sera désormais inscrite sur la liste des pires années climatiques. L’orage de grêle qui a touché la vallée mercredi 12 juillet en soirée a fait de nombreux dégâts sur les cultures mais aussi sur les bâtiments agricoles, les habitations, les véhicules…

La grêle saccage toitures, véhicules et cultures en vallée de la Drôme
Les photos publiées sur les réseaux sociaux (ici compte Facebook Séb Long) montre la taille des grêlons qui ont touché Saillans.

À Autichamp, Mirabel-et-Blacons ou encore Saillans, la nuit du 12 au 13 juillet et la matinée qui a suivi n’ont laissé aucun répit aux agriculteurs. Il a fallu protéger au plus vite les récoltes stockées sous les hangars dont les toitures - le plus souvent de type fibro ciment - ont été transpercées par la grêle. « Les grêlons avaient au moins la taille de balles de golf. Toutes les toitures de nos hangars sont percées. Il a fallu absolument trouver des bâches pour protéger les 100 tonnes d’ail que nous ventilons sous ces bâtiments », raconte Eric Lombard, exploitant en Gaec à Mirabel-et-Blacons. À Saillans, même scénario chez Thomas Guillonneau, éleveur. En pleine nuit, il a dû trouver des solutions pour bâcher le bâtiment qui abritait la trentaine de tonnes de sa récolte de foin. « Les 300 m² de toiture du bâtiment que nous venions juste de construire sont endommagés », se désole-t-il. Celui-ci abrite la bergerie, le stockage et la future fromagerie. L’exploitation compte en effet un troupeau d’une centaine de brebis viande et trente brebis laitières. « Nous sommes en plein travaux. Nous comptons démarrer la production laitière l’année prochaine avec l’installation de ma compagne en Gaec », précise le jeune agriculteur. Après la grêle, il a dû mettre de côté toutes les tâches de l’exploitation pour aller poser des « rustines » sur ses toitures.

« La grêle a percé le bouchon du réservoir du tracteur ! »

Après une nuit passée sur les toits, il a fallu aussi agir rapidement jeudi matin auprès des assurances. Outre les toitures des bâtiments, la plupart des agriculteurs touchés ont dû aussi gérer les fuites sur les maisons d’habitation. « C’est simple, ça pleuvait à l’intérieur » , décrit Eric Lombard. « Au total, en comptant la toiture des bâtiments agricoles, de la maison, du gîte, nous avons 500 à 600 m² de toiture à refaire. Ça a touché les tuiles, les plaques sous les tuiles et jusqu’à l’isolant. Le plus dur, c’est les dégâts que nous avons découvert au fur et à mesure après une nuit sans sommeil », confie Thomas Guillonneau. Sans oublier les véhicules et le matériel agricole. « Sur la sulfateuse qui était restée dehors, ça a cassé les jets. Sur le tracteur, ce sont les phares, les rétros qui sont à remplacer. La grêle a même percé le bouchon du réservoir », liste Eric Lombard.

À Chabrillan, Philippe Almoric, agriculteur, se souvient qu’après l’épisode de grêle de 2016, dont sa commune a été l’épicentre, il a fallu près de deux ans pour réparer les dégâts sur les toitures et bâtiments. Le 12 juillet, il a heureusement échappé à un nouvel épisode aussi intense. En revanche la grêle n’a pas épargné ses cultures. Le blé d’abord, qu’il s’apprêtait à moissonner, mais aussi le maïs semence, le tournesol semence, le lavandin…

La Clairette de Die durement touchée

Le vignoble de l’appellation Clairette de Die a aussi été particulièrement impacté par l’orage de grêle, notamment sur les communes de Mirabel-et-Blacons et Saillans. Des impacts sont aussi visibles à des degrés plus au moins importants depuis Aouste-sur-Sye jusqu’à Barsac. Les vignes les plus touchées ont été totalement déplumées. « Il ne reste dans certains cas ni feuille, ni raisin et les bois sont abîmés avec toutes les conséquences aussi sur la récolte de l’année prochaine. Ailleurs, il est trop tôt pour évaluer l’impact réel », détaille Fabien Lombard, président du syndicat de la Clairette de Die et des vins du Diois. Mais selon lui, cet épisode dépasse en intensité celui qui avait touché le secteur en 2013. Du côté de la cave coopérative Die-Jaillance, l’heure est encore au recensement des dégâts… « Les communes les plus touchées représentent 15 à 20 % des surfaces du vignoble de la coopérative », précise son président Olivier Rey.

À Saillans, Frédéric Raspail, vigneron indépendant, confirme des taux de pertes s’échelonnant de 30 à 100 % selon la situation des parcelles. Si certains ont vu leur récolte totalement détruites, les experts sont encore prudents face à d’autres situations. Pour l’instant, des conditions favorables - vent chaud et sec – devraient limiter la pression des maladies. Mais, « dans certains cas les pédoncules sont touchés, certaines grappes encore vertes vont donc sécher », note Frédéric Raspail. À la surveillance du vignoble s’ajoute aussi la gestion des dégâts sur bâtiments. « J’ai 1 000 à 1 200 m² de toiture à refaire, de la couverture à l’isolant », confie le vigneron. L’heure est aux réparations temporaires pour assurer que la cave sera en service pour les vendages à venir, même si les volumes sont plus qu’incertains.

Sophie Sabot

Après la grêle, signaler ses dégâts aux cultures

Si vous n'avez pas souscrit d'assurance multirisque climatique (MRC), il est nécessaire de signaler vos dégâts aux culture sur la plateforme dédiée, y compris si vous avez souscrit un contrat d'assurance grêle spécifique. La platerforme est accessible ici.

Ce signalement permet, sous réserve de recevabilité après examen du dossier par l'administration, de bénéficier d'une indemnité de solidarité nationale (ISN, qui remplace le régime des calamités).

En cas de besoin, vous pouvez contacter la FDSEA (04 75 43 48 22 - [email protected]) ou encore la chambre d'agriculture ([email protected] - 04 27 24 07 43) ou la DDT ([email protected] - 04 26 60 80 27 ou 04 26 60 80 26 tous les jours de 8 h à 12 h et de 13 h 30 à 16 h, sauf le mercredi, uniquement l'après-midi).