“ Il était impensable de ne pas être à Beaucroissant deux années de suite ”
Annulé en 2020 pour cause de Covid-19, le concours charolais de Beaucroissant est de retour les jeudi 16 et vendredi 17 septembre prochains pour le plus grand plaisir des éleveurs et du public. Entretien avec Raphaël Loveno, président du syndicat Charolais Sud-Est qui organise le concours.

En quelques mots, comment décririez-vous le concours charolais de Beaucroissant ?
Raphaël Loveno : « Le concours charolais de Beaucroissant existe depuis vingt-six ans. Il concerne six départements : l’Isère, l’Ain, le Rhône, la Loire, la Haute-Loire et les Hautes-Alpes. La Drôme et l’Ardèche sont également invités mais n’envoient plus d’éleveurs depuis quelques années. Le concours de Beaucroissant voit s’affronter trente éleveurs, ce qui représente environ 140 animaux en compétition. Dans chaque catégorie, les bêtes sont jugées selon les critères du Herd Book Charolais qui définit le standard de la race. L’objectif de chaque éleveur est de s’en rapprocher au plus près en termes de morphologie, de taille, d’épaisseur, de ligne de dos, de pattes ou de tête. Le concours est jugé par deux éleveurs charolais venus d’un autre département que les nôtres. L’un a 35 ans et est titulaire, l’autre est un jeune de moins de 35 ans membre de l’Association des jeunes éleveurs de charolais. Cette année, ils seront originaires du Puy-de-Dôme. »
Comment a été prise la décision de maintenir le concours charolais cette année ?
R.L. : « L’an dernier, la foire de Beaucroissant n’a pas eu lieu en raison de l’épidémie de Covid-19. Les animaux étaient préparés pour cet évènement alors l’annulation a représenté un gros coup d’arrêt pour les éleveurs. Beaucroissant, c’est un moment important en termes de communication mais aussi de lien social, il permet aux professionnels de se retrouver tous les ans à la même période. Cette année, nous avons été sollicités par la mairie qui nous a demandé si nous souhaitions participer au rendez-vous agricole qui remplace la foire. Dans ma tête, il était impensable de ne pas être à Beaucroissant deux années de suite car le risque était de perdre notre dynamique. J’ai donc répondu favorablement à cette proposition. En parallèle du concours, nous avons une partie restauration avec plus de mille repas servis chaque jour. La seule condition à notre venue était que nous soyons les seuls à proposer de la restauration, ce sera chose faite puisqu’aucun restaurant ne sera ouvert sur la commune pendant l’évènement. »
Quel est le programme du concours ?
R.L. : « Tout d’abord, l’ensemble des règles sanitaires seront respectées : les entrées seront contrôlées et l’ensemble des présents devront avoir leur pass sanitaire, y compris les éleveurs. Le concours se déroulera sur deux jours. Le jeudi matin sera organisé un concours de pointage des scolaires qui réunit cinquante à soixante-dix élèves. Cette partie est animée par des éleveurs qui leur présenteront deux animaux : pour le premier, ils leur montreront les points importants à relever sur l’animal et ce sera à eux de reproduire cela sur le deuxième. Après le repas démarrera le concours de bovins, d’abord les mâles, du plus jeune au plus âgé. Le soir sera organisé sous le chapiteau une soirée entre éleveurs avec un moment de convivialité et plusieurs interventions. Le vendredi matin commencera le concours des femelles, des plus jeunes aux plus âgées. La journée se conclura par les prix spéciaux, puis les prix d’élevage qui récompensent des éleveurs présentant un taureau et trois femelles d’un même élevage. »
Quelles sont les conditions pour y participer ?
R.L. : « Pour participer au concours de Beaucroissant, il faut cotiser au syndicat Charolais Sud-Est. Bien sûr, il est important que les animaux soient irréprochables au niveau sanitaire et que leurs éleveurs adhèrent au contrôle de performances. Il s’agit d’un concours relevé, donc les animaux à présenter doivent avoir un certain standing. Le fait de participer à ce concours est une occasion rêvée de monter en gamme. J’en suis la preuve : j’y ai présenté mes premiers animaux il y a plus de quinze ans avec des animaux assez moyens. Venir à Beaucroissant m’a permis d’apprendre énormément sur la génétique et de faire monter mon élevage en gamme. Aujourd’hui, je suis président du syndicat depuis quatre ans et je continue de porter cet objectif de faire progresser de jeunes éleveurs locaux en intégrant chaque année de nouveaux venus. »
Propos recueillis par Pierre Garcia
Bientôt un bâtiment à Beaucroissant
Lancée depuis de nombreuses années, la réflexion pour la création d’un bâtiment à Beaucroissant a été présentée à l’occasion de l’assemblée générale du syndicat Charolais Sud-Est en juillet dernier.
Comme un symbole, le syndicat Charolais Sud-Est a tenu son assemblée générale en juillet dernier à Beaucroissant. La salle des fêtes de la commune était le lieu idéal pour présenter la dernière version du projet de bâtiment que le syndicat mûrit depuis plusieurs années. D’une surface couverte totale de 1 555 m², dont 890 destinés à la restauration, le bâtiment a vocation à être composé pour trois quarts de halls couverts et pour un quart de locaux fermés destinés à accueillir des bureaux, des espaces de stockage ainsi que des locaux techniques.
Il est prévu que ce bâtiment soit utilisé principalement pour les foires de printemps et d’automne. Mais il pourrait aussi l’être pour d’autres occasions comme des expositions agricoles, des réunions d’organisations professionnelles agricoles, des marchés de producteurs... à condition de respecter l’usage agricole prévu pour ce projet qui réunit plusieurs partenaires : la commune de Beaucroissant, propriétaire du terrain, Charolais Sud-Est, maître d’ouvrage et structure porteuse de l’investissement, et Irisolaris, l’investisseur de la partie du bâtiment couverte en panneaux photovoltaïques. Une convention d’utilisation du bâtiment qui liera la mairie et le syndicat est en cours d’écriture.
Comme l’indique Jean-Marc Vallet, animateur externe à la chambre d’agriculture de l’Isère au service de l’association Charolais Sud-Est, « grâce aux possibilités de production d’énergie renouvelable et de récupération et recyclage des eaux de pluie, ce bâtiment s’inscrit dans une vocation de performance environnementale. Et l’architecture, l’esthétique et les finitions pour la meilleure intégration paysagère possible ont aussi été particulièrement soignées », précise le technicien, chargé de présenter le projet à l’assemblée. Le coût du bâtiment est estimé à 1,5 million d’euros, « dans sa version complète la plus aboutie », précise Jean-Marc Vallet.
« Le bâtiment devrait être livré pour la foire de Beaucroissant de septembre 2022. Si tout va bien », ajoute-t-il. Ses concepteurs sont en attente de l’agrément du permis de construire et ont pour objectif de débuter les travaux au cours de l’hiver prochain. « Ce projet prend forme grâce à l’expérience reconnue de l’association pour l’organisation du concours charolais depuis plus de vingt ans et de la volonté qu’a l’association de s’inscrire dans la durée sur le site de Beaucroissant. Il a pour objectif de mettre davantage en valeur le pôle professionnel existant composé du concours d’animaux d’élite de grande notoriété, d’un ensemble de vingt organismes agricoles, déjà rassemblés sous le chapiteau d’Agrivillage et de dix stands professionnels partenaires de Charolais Sud-Est. Il permettrait de diminuer les coûts de location des chapiteaux très élevés de même que la logistique déployée à l’occasion de chaque édition », ajoute l’animateur.