Aviculture
L’EARL de la Vallée inaugure son quatrième bâtiment avicole

À Geyssans, l’EARL de la Vallée vient d’inaugurer son quatrième bâtiment avicole en présence, entre autres, du directeur général de Duc. Ce dernier a évoqué la stratégie du groupe, en particulier dans le Sud-Est. Le tout sur fond de hausse des coûts de production.

L’EARL de la Vallée inaugure son quatrième bâtiment avicole
Fait exceptionnel, l’inauguration de ce nouveau poulailler s’est déroulée le 7 octobre à Geyssans alors que le bâtiment a déjà accueilli six lots de volailles. L’évènement avait dû être reporté en raison de la crise sanitaire Covid-19. Élus locaux, partenaires de la filière responsables de Duc se sont donc retrouvés autour d’Emmanuel Dochier et de ses proches. ©AD26-CL

Construit sur un terrain avec peu de longueur et beaucoup de largeur, le nouveau bâtiment avicole de l’EARL de la Vallée, à Geyssans, est doté d’une configuration atypique. D’une surface de 1 400 m² pour une capacité de 28 000 poulets de chair standards, il a été mis en service en décembre 2021. « Avec ce bâtiment plus court que large, nous avons opté pour un système de ventilation en cheminée, qui s’ajoute à une extraction longitudinale », explique Emmanuel Dochier, gérant de l’EARL. Autre particularité, la présence de fenêtres (3 % de la surface utile) pour faire entrer la lumière naturelle, ouvertures équipées de volets à fermeture automatique. L’éclairage est entièrement en Led et des panneaux sandwich de 60 mm au plafond et 50 mm aux murs assurent une bonne isolation. Cinq chaînes d’aliment, six lignes de pipettes, un système de brumisation et des puits de récupération des eaux de lavage complètent l’équipement de ce quatrième poulailler de l’exploitation, dont l’investissement a représenté en tout 580 000 euros(1).

Trackers solaires refusés, facture de gaz alourdie

Il ne manque plus que deux trackers solaires pour fournir en électricité le nouveau bâtiment et les deux autres situés sur le même site, à Geyssans. « À deux reprises, ma demande en mairie a été refusée car non conforme au plan local d’urbanisme (PLU). C’est à n’y rien comprendre car ce type d’installation ne représente qu’une emprise au sol de 6,5 m², qui plus est sur un site industriel, explique Emmanuel Dochier. Refuser une installation photovoltaïque en ce moment, c’est complètement aberrant. » D’autant plus que les communes avoisinantes autorisent ce type d’installation. L’exploitant déposera donc une troisième demande en espérant, cette fois, qu’elle soit acceptée alors que nous sommes dans une crise énergétique majeure. D’ailleurs, l’impact de celle-ci est déjà conséquent pour l’EARL de la Vallée. « En gaz, on est passé de 650 à 850 euros la tonne en début d’année », constate l’éleveur. Soit une facture alourdie de 9 000 euros pour le chauffage des quatre bâtiments avicoles de l’EARL (5 760 m² - 930 000 poulets par an pour le groupe Duc).

L’aliment a lui aussi augmenté, passant « de 250 à 380 euros la tonne », indique Emmanuel Dochier. Bien que les contrats avec l’intégrateur aient été revalorisés sur cet aspect, l’attente est désormais sur la prise en compte de la flambée des coûts de l’énergie. Présent à l’inauguration du nouveau bâtiment le 7 octobre, le directeur général de Duc a esquissé une réponse (voir encadré). 

« L’équation pour produire est compliquée »

« Contraintes sociétales et administratives, risques sanitaires (lire pages 2 et 3), hausse des coûts de production et notamment de l’énergie, l’équation pour produire est compliquée, a fait remarquer Thierry Mommée, élu de la chambre d’agriculture de la Drôme. Mais ici, on ne subit pas l’avenir, on le fait avec un projet qui a du sens », a-t-il constaté. Dans son intervention, il s’est montré optimiste pour la filière avicole « qui a toujours su rebondir face aux difficultés. La Drôme restera leader dans cette production grâce à des opérateurs, comme Duc, qui continuent d’investir et à des éleveurs performants. »

Saluant un « exemple d’exploitation vertueuse », la députée Emmanuelle Anthoine a mis l’accent sur « la compétitivité de l’agriculture française pour assurer la souveraineté nationale », dénonçant les entraves à produire ou encore « l’utilisation du secteur agricole comme variable d’ajustement dans les négociations commerciales comme le Ceta(2) ou le Mercosur(3) ».

Présidente de l’Afivol(4), Hélène Bombart a évoqué les négociations en cours avec la Région pour un nouveau plan de filière avicole, appelant de tous ses vœux un nouveau soutien pour accompagner les investissements sur fond de changement climatique.

Christophe Ledoux

(1) L’EARL de la Vallée a bénéficié d’une aide de la Région de 64 000 € ainsi que d’un accompagnement de Duc sur quinze ans.

(2) Ceta : accord commercial de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada.

(3) Mercosur : marché commun de l'Amérique du Sud.

(4) Afivol : Association régionale filière volailles (interprofession).

Duc se développe dans le Sud-Est
« Dans un contexte de forte hausse des coûts, il faut redonner de la rentabilité aux projets de construction », a indiqué Damien Calandre, directeur général de Duc. ©AD26-CL
Stratégie

Duc se développe dans le Sud-Est

Présent à l’inauguration du nouveau bâtiment avicole de l’EARL de la Vallée, Damien Calandre, directeur général de Duc, a évoqué le « nouvel essor » du groupe, propriété depuis 2017 du néerlandais Plukon (2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires).

« Depuis dix ans, le marché de la volaille est en croissance et Duc est un opérateur qui fabrique principalement des produits à destination des enseignes de la grande distribution française, a expliqué Damien Calandre, directeur général de Duc. Son principal client est Carrefour. Considérant les attentes des consommateurs, « notre objectif est de proposer des volailles pour tous les budgets ». Ainsi, Duc (210 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2021) a rebâti sa stratégie sur deux concepts : le poulet standard commercialisé sous la marque « Duc Volaille française » et le poulet certifié sous marque « Duc Bien-être animal » ou « poulet BEA ».

Apporter de la rentabilité

Dans son modèle économique, l’entreprise ambitionne « d’apporter de la rentabilité à tous les maillons de la filière ». Ses actions se déclinent sur la performance des élevages (indice de performance, rotation des bandes, qualité), l’excellence opérationnelle (rendement matière, cadence, volume), le leadership en matière de coût et un positionnement sur les marchés en croissance identifiés. « Depuis cinq ans, Duc a investi 60 millions d’euros », a indiqué Damien Calandre. L’entreprise met en avant sa maîtrise complète de la filière grâce à ses infrastructures industrielles (neuf sites - 67 000 tonnes de produits finis) et à ses 200 éleveurs répartis en Bretagne, en Bourgogne et dans le Sud-Est. « Dans un contexte de forte hausse des coûts, il faut redonner de la rentabilité aux projets de construction », a-t-il ajouté en évoquant un « plan d’avenir élevage » pour accompagner les éleveurs.

« Dynamisme de la filière sud »

Reconquérir des parts de marchés, déconcentrer les élevages sur les territoires pour éviter le risque sanitaire et augmenter les surfaces de bâtiments pour faire face à la probable baisse des densités d’élevage, voilà trois autres points mis en avant par le directeur général de Duc. Avec 25 % de la population française, Damien Calandre considère que la zone Sud-Est a du potentiel : « C’est un bassin de consommation conséquent, doté d’un approvisionnement local en céréales et d’un savoir-faire avicole reconnu ». Sur ce secteur qui compte 47 éleveurs, 92 bâtiments et produit 235 000 poulets par semaine, Duc investit 15 millions d’euros sur trois ans pour « reconstruire de fond en comble »  l’usine d’aliment de Montmeyran. Le groupe prévoit aussi de développer les surfaces d’élevage. Frédéric Moze, responsable de la filière Duc Sud, a évoqué « le dynamisme de la filière sud » et des « relations saines avec les éleveurs et partenaires ».

C. Ledoux

Coût de l’énergie : "Dans l’expectative et dans l’inconnu"

Coût de l’énergie : "Dans l’expectative et dans l’inconnu"

Point de vue / Hélène Bombart, présidente de l’Afivol et présidente des éleveurs Duc Sud.

« Sur les coûts de l’énergie, nous sommes dans l’expectative et dans l’inconnu. Ça a déjà augmenté en 2022 par rapport à 2021 et ça va encore augmenter en 2023. Mais d’un éleveur à l’autre, chaque situation est différente car avec l’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité, les contrats sont divers. Au moment de leur renouvellement, les tarifs seront très différents. Ces dernières années, des investissements ont été faits pour économiser sur le gaz, que ce soit en termes d’isolation, d’étanchéité, de récupérateur de chaleur voire d’installation de chaudières à biomasse. Mais sur l’électricité, on n’a pas spécialement cherché à réduire les consommations si ce n’est sur l’éclairage avec les Led. Pour le bien-être animal, on ventile davantage, on brumise en été… donc on consomme plus d’électricité. L’intérêt de la pose de panneaux photovoltaïques pour l’autoconsommation se repose. Il y a une volonté de la Région d’accompagner les élevages pour gagner en autonomie énergétique et des éleveurs sont en train de chiffrer leur projet respectif.

Depuis un an, avec l’augmentation des charges, les éleveurs discutent aussi avec les intégrateurs pour négocier des hausses de rémunération. Le dialogue est possible, il y a eu chez Duc une revalorisation au printemps, une autre cet été mais elles ne compensent pas entièrement les surcoûts. Dans le cadre du contrat trois points (prix du poulet, prix du poussin, prix de l’aliment), on colle mieux au marché et ça incite plus à la performance et à sa rémunération. Mais il faut se donner quelques mois pour voir l’impact réel sur les rémunérations et pouvoir conclure si oui ou non, c’est suffisant. »