Drômoise de céréales : maintenir les équilibres de la coopérative
La coopérative Drômoise de céréales a tenu son assemblée générale le 7 décembre à Montélier.

Avec une collecte, toutes productions confondues, de 241 392 tonnes en 2023 (chiffre actualisé au 30 novembre), la Drômoise de céréales se situe dans la moyenne des cinq dernières années. Elle progresse ainsi de presque 17 000 tonnes par rapport à 2022, où les conditions climatiques avaient particulièrement pénalisé les rendements. L’année 2023 est aussi marquée par un nouveau recul de la collecte en maïs (73 800 t, hors bio, contre 74 900 en 2022). C’est le plus petit tonnage réalisé par la coopérative sur ces vingt dernières années. En parallèle, on note une progression des volumes en blé tendre (hors bio), par rapport à 2022, de presque 10 000 tonnes avec 67 720 tonnes collectées en 2023. Côté oléagineux, Jean-Charles Denis, directeur [qui a pris la succession de Christophe Pelletier au 1er avril dernier], souligne une progression des surfaces mais aussi des rendements en colza sur ces trois dernières années. 8 700 t (hors bio) de colza ont ainsi été collectées cette année et le total en oléagineux représente plus de 17 800 tonnes contre moins de 14 600 l’an dernier. Quant à la collecte « bio » de la coopérative, qui existe depuis 1999, elle approche cette année les 25 000 tonnes mais Jean-Charles Denis confirme une orientation à la baisse des conversions depuis deux ans.
Attention au bouleversement des assolements
Lionel Eydant, président de la coopérative, a alerté sur les conséquences des réductions de l’accès à l’eau qui poussent les agriculteurs à bouleverser leur assolement. « Cela met en danger vos systèmes d’exploitation et en même temps votre coopérative qui doit s’adapter à vos choix personnels. Le tonnage est un diviseur de charges. Le maïs, vous le savez, est une culture qui nécessite moins d’eau qu’un blé ou un soja pour faire une tonne de matière sèche et reste une culture intéressante pour l’agriculteur et pour la société par ses diverses utilisations. Ne bouleversons pas tout ce que nous faisons pour une minorité de personnes qui se dit “écolo”. Faites-vous entendre, faites-vous respecter, arrêtons de dire amen à tout », a-t-il alerté.
Dans ce contexte, la Drômoise de céréales poursuit sa recherche de leviers pour optimiser avec ses adhérents l’irrigation. Le déploiement d’outils connectés (pyranomètres notamment pour mesurer l’irradiance solaire) permet d’accéder à des bilans hydriques très précis pour piloter les apports d’eau. Les équipes techniques de la coopérative ont aussi examiné les possibilités d’adaptation des itinéraires techniques. Prune Farque, responsable du service agronomique, a présenté les essais menés en 2022 et 2023 par la coopérative. Ceux-ci ont démontré qu’il n’y avait pas de perte de marge à produire des maïs plus précoces. Elle a aussi alerté sur la nécessité de prendre soin des sols pour optimiser la disponibilité en eau et rappelé les conseils d’Arvalis : « Augmenter la matière organique, c’est bien, mais éviter les tassements, c’est mieux ».
Alors que les Assises de l’eau viennent d’être lancées en Drôme, le président de la chambre d’agriculture, Jean-Pierre Royannez, a invité les coopérateurs de la Drômoise de céréales à être vigilants, à leur échelle, sur les décisions qui pourraient être prises dans le cadre des projets de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE). Il a aussi insisté sur la nécessité « d’ancrer dans les têtes l’idée qu’il faut retenir l’eau dans les territoires » car les volumes d’eau qui tomberont sur une année ne devraient pas être modifiés, leur répartition dans l’année en revanche si.
Le pari de « rémunérer fort et vite »
De cette assemblée générale, on retiendra aussi que la santé financière de la coopérative est bonne. « Le résultat net de l’exercice 2022-2023 est de 435 000 euros. Il peut paraître faible mais il s’explique par le fait que la coopérative a payé à ses adhérents des acomptes très élevés, très tôt dans la saison. Ce pari de rémunérer fort et vite explique ce résultat qui, s’il peut paraître bas, est en fait une réussite », a résumé Jean-Charles Denis. La coopérative dispose par ailleurs d’une capacité d’autofinancement qui pourrait lui permettre, si besoin, de réaliser rapidement de gros investissements. Le directeur a d’ailleurs mis l’accent sur les 570 000 euros investis dans un toasteur* et ses équipements annexes sur le site de Chabeuil et destiné essentiellement au soja bio. Mis en service en avril dernier, « il trouve toute son utilité et a permis le mois dernier de toaster 140 tonnes de soja », a souligné Jean-Charles Denis.
Sophie Sabot
* Le toastage consiste à chauffer les graines de soja pour diminuer la teneur en facteurs anti-nutritionnels pour les monogastriques et augmenter le taux de protéines assimilables pour les ruminants.
« Qualité et fiabilité contractuelle »
Martial Guerre, responsable de la commercialisation à la Drômoise de céréales, a rappelé que 90 % du blé tendre de la coopérative sont destinés à des marchés locaux (45 % en Drôme et Ardèche, 44 % en Paca). Après une chute régulière depuis 2010, l’export vers l’Italie a repris en 2021 et a représenté en 2022 presque 10 % des volumes. Côté maïs, la moitié des volumes est destinée au marché français. L’Espagne représente par ailleurs un gros débouché (43 % des volumes en 2022) du fait de ses besoins en alimentation animale. Sur le blé dur, Martial Guerre a souligné que la collecte a connu une forte augmentation depuis 2017-2018. Presque la moitié des volumes est destinée à un contrat avec un industriel du sud de la France. Les exportations vers l’Italie et l’Espagne sont par ailleurs en hausse ces dernières années. Côté orge enfin, 30 % des volumes sont destinés au marché local et presque la moitié part vers le marché italien. La coopérative avait d’ailleurs invité pour cette assemblé générale le courtier italien Alberto Marocco. Il a rappelé que le marché italien était structurellement déficitaire en céréales. Si la concurrence avec les productions des pays de l’Est peut être forte sur certains débouchés, il a indiqué que la France dispose encore d’un avantage du fait de la qualité de ses produits et de sa « fiabilité contractuelle ». C’est notamment le cas sur l’orge. Celui proposé par la Drômoise de céréales est particulièrement recherché par les floconniers italiens.