Sud-Drôme
Une saison des truffes délicate

Alors que l’ouverture du traditionnel marché aux truffes de Saint-Paul-Trois-Châteaux date du 11 décembre dernier, les trufficulteurs sont confrontés cette saison à une phase de maturité quelque peu retardée.

Une saison des truffes délicate
© ArchivesAD

«L’identité du marché aux truffes de Saint-Paul-Trois-Châteaux se définit dans une volonté de protéger la truffe de notre territoire et d’en promouvoir sa qualité exceptionnelle », annonce Emilie Bégagnon, co-présidente du marché depuis deux ans et trufficultrice sur la commune de Solérieux. Passionnée par ce diamant noir appelé la tuber melanosporum, bien connu de la Drôme grâce aux trois bassins de production que sont le Tricastin, le Val de Drôme et la Drôme des Collines, Emilie Bégagnon porte néanmoins un regard critique sur la saison actuelle. « Cette année a été assez particulière, avec une grosse sécheresse dès le printemps et l’été. Malgré l’arrosage, nous avons beaucoup souffert de ces conditions climatiques en Drôme du sud, ce qui a eu un impact direct sur le rendement », déclare la co-présidente du marché.

Emilie Bégagnon est trufficultrice à Solérieux, sur 30 ha en production. © AP


Son homologue, Henri Davin, trufficulteur sur Valréas (84), ajoute : « Le stress hydrique connu durant les périodes de mai et juin a empêché la germination des petites truffes. Nous aurons cette année entre 20 et 30 % de la récolte, mais pas davantage. C’est catastrophique. Les producteurs s’interrogent sur les conséquences futures du changement climatique », alerte-t-il. Si les orages du mois d’août ont permis aux truffes de poursuivre leur développement, « les grosses précipitations subies depuis septembre (plus de 600 mm) ont fini par retarder la maturité. Il a également manqué un peu de fraicheur pour aider la maturité. Nous avons donc un décalage de deux à trois semaines en rapport à une année classique », s’exprime-t-il.

Henri Davin cultive 4 ha de truffiers entre Richerenches et Visan. © AP

Un début de saison balbutiant

Avec une maturité retardée, le comité de sélection du marché aux truffes de Saint-Paul-Trois-Châteaux a dû déclasser plusieurs lots au cours du mois de décembre. « Actuellement, les truffes sont de très bonne qualité. Nous entrons dans le cœur de la saison », se réjouit Emilie Bégagnon.
Face à une offre plus limitée, les prix ont flambé cette année. « C’est la loi du marché », estime Henri Davin, qui fait écho de prix allant de 900 à 1 200 € le kg. « Les cours étaient relativement élevés durant les périodes de fêtes. En décembre, à Carpentras, il était possible de trouver des truffes premier choix entre 1 200 et 1 400 € le kg. À Saint-Paul-Trois-Châteaux, nous essayons de maintenir des prix moins excessifs, inférieurs à 1 200 € », indique Emilie Bégagnon.
Quant à la suite de la saison, il est bien difficile aujourd’hui de la prédire. « Le marché dure généralement jusqu’au mois de mars. Mais selon les volumes disponibles, il est possible qu’on le ferme à la fin février… Nous ne sommes jamais à l’abri d’un nouvel aléa climatique : une grosse gelée ou de fortes pluies pourraient arrêter le processus de développement des truffes… », prévient la trufficultrice. 

Amandine Priolet