Front commun des élus et des agriculteurs de montagne
L’Association nationale des élus de la montagne (Anem) et l’Intermassif agricole français (AIF) ont organisé, le 3 février, une conférence de presse pour défendre les spécificités de la montagne française et les faire reconnaître dans la future Pac.

«Nous parlons d’une seule voix pour défendre notre agriculture de montagne et pour faire valoir cette agriculture dans la future politique agricole commune (Pac) », a affirmé le député Jean-Pierre Vigier (UMP, Haute-Loire), vice-président de l’Anem. Rappelant que cette agriculture représente 8,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires ; 50 000 exploitations familiales « en cohérence avec la qualité environnementale » et plus de 250 000 emplois directs. Il a insisté sur tous les services connexes rendus par l’activité agricole au bénéfice des massifs : maintien des paysages ouverts, protection de la biodiversité, lutte contre les incendies, les avalanches, les glissements de terrain etc. « L’agriculture de montagne renforce l’attractivité touristique ainsi que l’identité de ces territoires », a-t-il ajouté.
L’Anem et des représentants de l’Intermassif agricole français (IAF) ont organisé, mercredi 3 février, une conférence de presse à Paris.
Compteurs à zéro
Ce sont toutes ces caractéristiques que les agriculteurs craignent de voir remises en cause par la future Pac. S’ils reconnaissent que 2015 a marqué un « rééquilibrage au profit des surfaces pastorales, les déséquilibres subsistent toujours », a certifié Philippe Lacube, représentant des Pyrénées pour l’Intermassif. Leurs éléments d’inquiétude ? Tout d’abord le système de “proratisation” qui devrait être mis en place par le système satellitaire Lidar (Light detection and ranging ou laser aéroporté). Cette technique de télédétection, qui sera opérationnelle dès le 1er janvier 2023, permet l’acquisition de données tridimensionnelles à haute résolution afin de réaliser des cartographies précises et des relevés terrain. « Mais cette technique qui ne vaut pas l’analyse terrain, par l’observation humaine, risque d’exclure une partie du territoire. C’est perturbant de mettre en cause les systèmes qui marchent et de remettre les compteurs à zéro », a affirmé Philippe Lacube.
« Tournant historique »
Les agriculteurs de montagne qui, pour beaucoup, sont éleveurs craignent aussi la réduction des indemnités compensatoires de handicap naturel (ICHN).
« Il n’est pas question d’y toucher. Il faut les sanctuariser et les renforcer », ont plaidé les représentants agricoles. Ces ICHN concernent plus de 16 000 communes et pas moins de 110 000 agriculteurs en ont bénéficié en 2019. Surtout, c’est sur le dossier du découplage des aides que les crispations se font le plus sentir. À l’unisson, les représentants des agriculteurs de montagne ont insisté sur la nécessité de maintenir des aides couplées « qui sont une nécessité vitale pour les productions qui les perçoivent », a souligné Dominique Fayet, représentant le Massif central pour l’Intermassif.
Il estime que leur activité herbagère permet le stockage carbone, la protection de la biodiversité et le maintien de la structure des sols et que le niveau actuel des aides couplées permet la survie des exploitations familiales et fait vivre une grande partie du monde rural.
« La Pac de demain ne doit pas se tromper d’objectif. Le système pastoral est un levier de l’économie montagnarde.
Il l’est aussi pour les futurs écorégimes », a-t-il insisté. C’est notamment à travers le plan stratégique national (PSN) que le ministre de l’Agriculture devra dessiner et définir les contours de la Pac montagne. « C’est un tournant historique pour la montagne. Ce que nous défendons est juste parce qu’il correspond au cadre européen et aux attentes sociétales », a conclu Philippe Lacube.